EVS: de nouvelles commandes ou l’absorption

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Le carnet de commandes de l’entreprise belge ne convainc pas les investisseurs. EVS a pourtant un grand nombre d’atouts. Que les prédateurs n’ignorent pas.

Il semble que le redressement de l’action du spécialiste des technologies de production vidéo en direct se soit interrompu. Le cours avait recommencé à grimper, après avoir atteint un plancher juste au-dessus de 15 euros fin octobre 2018, lorsque le marché a appris que son concurrent Evertz avait acquis une participation de plus de 3% dans son capital. EVS allait-elle recevoir une offre d’acquisition? Pour ING, la direction d’EVS a tout intérêt à vendre l’entreprise au plus offrant. C’est ce que, dans un rapport qu’elle a publié début novembre, la banque lui suggérait de faire en vue de maximaliser la valeur actionnariale.

Depuis la publication du rapport annuel, la probabilité qu’EVS soit rachetée a baissé de 70 à 60% et les analystes ne s’attendent plus à un prix d’achat de 30 mais de 27 euros par action. Et dans l’hypothèse où EVS demeurerait autonome – scénario le plus probable à court terme -, sur la base des perspectives peu attrayantes que la direction a émises pour l’exercice courant, le consensus a abaissé l’objectif de cours à 22 euros. La direction d’EVS ne semble pas apprécier l’idée qu’Evertz acquière l’entreprise. En témoigne l’entrée dans son capital, en décembre dernier, d’Ackermans & van Haaren et de Belfius Assurances.

En 2018, en dépit de la tenue de deux événements sportifs majeurs (les Jeux olympiques d’hiver, en Corée du Sud, et la Coupe du Monde de football, en Russie), le chiffre d’affaires (CA) et le bénéfice d’EVS ont été très faibles. Jusque-là, les années paires, EVS percevait un surcroît de revenus: l’entreprise loue plus de matériel lorsqu’il y a plus d’événements sportifs à couvrir.

Or l’an dernier, le CA s’est élevé à 116,1 millions d’euros, un montant qui se situe dans le bas de la fourchette prévisionnelle de l’entreprise (115 à 130 millions) et est de 2,7 millions ou 2,3% inférieur à celui de l’année (impaire) 2017. Les recettes du premier semestre avaient déçu (-16,5% par rapport à la même période un an plus tôt). C’est grâce à leur hausse, bienvenue, au quatrième trimestre (+6,6%, à 42,3 millions d’euros) que le bénéfice opérationnel (Ebit) a augmenté (+10,1%, à 18,2 millions d’euros), alors qu’il s’était contracté durant le premier semestre. A l’issue de l’exercice annuel, il s’est néanmoins établi à 28,1 millions d’euros, contre 34,9 millions un an plus tôt; la marge d’Ebit s’est érodée de 29,4 à 24,2% en un an. Le résultat net a, lui, bien progressé: de 23,9 à 35,2 millions d’euros, ou de 1,77 à 2,60 euros par action. Mais cette hausse tient en grande partie à la déduction pour revenus d’innovation, de 6,6 millions d’euros, dont l’entreprise a bénéficié au premier semestre.

Pierre De Muelenaere a été confirmé au poste de CEO par intérim. Pour l’exercice 2019, il anticipe un CA compris entre 100 et 120 millions d’euros – au 15 février, le carnet de commandes ne valait que 26,7 millions d’euros. Notons que la politique de dividende pour la période 2018-2021 a été adaptée. Un dividende (total) d’un euro brut par action sera versé (rendement brut de 5%).

Conclusion

EVS dispose, en plus d’une excellente technologie, d’une trésorerie abondante (68,5 millions d’euros fin 2018). Et bien qu’en outre l’entreprise soit susceptible d’être absorbée un jour, le marché boude son action, dont la valorisation est pourtant attrayante (à 8,5 fois le rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (Ebitda)). Le carnet de commandes est, il est vrai, insuffisamment garni, ce qui augure un premier semestre difficile. Nous abaissons notre conseil.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 19,52 euros

Ticker: EVS BB

Code ISIN: BE0003820371

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 280 millions EUR

C/B 2018: 7,5

C/B attendu 2019: 14

Perf. cours sur 12 mois: -28%

Perf. cours depuis le 01/01: -16%

Rendement du dividende: 5,1%

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