Evolution décevante du chiffre d’affaires pour EVS

Le tableau n’est toutefois pas complètement sombre. Les économies de coûts sont réelles et le carnet de commandes semble vouloir s’étoffer. Le dividende pronostiqué est confirmé.

La mission de Serge Van Herck (CEO à part entière depuis cette année), qui consiste à permettre au leader du reportage sportif en direct de renouer avec la croissance, s’annonce difficile. Le CEO ad interim Pierre De Muelenaere et, avant lui, Muriel De Lathouwer, s’y étaient d’ailleurs cassé les dents. Or au vu du communiqué de presse consacré aux résultats de l’exercice, même l’objectif de stabilité du chiffre d’affaires (CA) était trop ambitieux. On le pressentait, certes, après l’avertissement (le énième, en quelques années) qui avait suivi la publication des résultats du 3e trimestre, à l’occasion de quoi le CA prévisionnel avait été ramené de 100-120 millions à 100-110 millions d’euros. Le CA s’élève finalement à 103,4 millions d’euros, dont 62,4 millions au 2e semestre, soit 3,6 millions de moins que le consensus, déjà revu à la baisse. Les groupes médias continuent apparemment à n’investir qu’avec parcimonie – la société liégeoise perdrait en effet des parts de marché considérables. La transition vers le 4K/UHD, combinée à la relance du marché de remplacement, est plus lente que prévu. L’année a donc été marquée par une relative stagnation du CA (-2,3% hors revenus supplémentaires issus de la location de matériel pour les événements sportifs exceptionnels, mais -10,9%, si l’on tient compte de ces revenus). Sur les six derniers mois, le CA est passé de 72 à 62,4 millions d’euros, soit -13,3% (-8,8%, hors revenus supplémentaires précités). Le paramètre “événements exceptionnels” a particulièrement joué au 1er semestre puisqu’un an plus tôt exactement s’étaient déroulés les JO d’hiver en Corée du Sud et la Coupe du monde de football en Russie.

Pour autant, le tableau n’est pas complètement sombre. L’exercice est sauvé par les économies de coûts. Malgré la perte de CA en effet, la marge brute est restée stable, à 71,6%, contre 71,1% en 2018. Le résultat opérationnel (Ebit) est passé de 28,1 à 23 millions d’euros, soit une érosion de 24,2% à 22,3% de la marge d’Ebit; l’Ebit n’en est pas moins de quelque 2 millions d’euros supérieur au consensus. La parfaite maîtrise des coûts a permis d’alléger les dépenses opérationnelles de 5,3%. Le résultat net a plongé de 44,2%, de 35,2 millions à 19,6 millions d’euros, soit de 2,6 à 1,4 euro par action (1,14 euro au 2e semestre).

Paramètre surveillé de près, le carnet de commandes semble s’étoffer, à 37,8 millions d’euros, dont 33,4 millions sur 2020. Ce rebond de 87,3% par rapport à 2018 tient bien sûr compte du Championnat d’Europe de football et des JO de Tokyo mais même sans cela, la hausse serait de 18,3%. EVS devrait achever l’exercice en cours sur un CA compris entre 100 et 120 millions d’euros. La direction pronostiquait, pour la période 2018-2021, un dividende annuel d’un euro brut par action, un chiffre désormais confirmé pour l’exercice 2019. Cela confère au titre le statut d’action à dividende stable et solide, mais signifie aussi que le pay-out ratio (partie du bénéfice net distribuée aux actionnaires) atteint 70%.

Conclusion

EVS exploite une technologie de pointe. Avec une trésorerie nette de 59 millions d’euros fin 2019, la société est financièrement très solide. Elle semble vouloir rester indépendante mais si son CA ne se rétablit pas dans les années qui viennent, cela pourrait s’avérer compliqué. Ceci dit, à moins de 7 fois le ratio valeur de l’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel escompté et avec un dividende dont le rendement est bien supérieur à 5%, sa valorisation est raisonnable.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 17,56 euros

Ticker: EVS BB

Code ISIN: BE0003820371

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 252 millions EUR

C/B 2019: 13

C/B attendu 2020: 11

Perf. cours sur 12 mois: -8%

Perf. cours depuis le 01/01: -19%

Rendement du dividende: 5,5%

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