Euronav met au rebut les navires anciens

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Euronav connaîtra plus que probablement d’autres trimestres déficitaires cette année. Le secteur est toujours confronté à une surcapacité. Mais l’on peut s’attendre à une amélioration en 2019, vu le nombre croissant de navires à démanteler dans le monde.

Dans son rapport pour le premier trimestre, Euronav a donné le ton d’emblée en qualifiant le marché du transport pétrolier de “difficile”. Pour le groupe, le premier trimestre est traditionnellement le meilleur de l’année – avec le quatrième – en raison de l’augmentation de la demande pendant l’hiver dans l’hémisphère nord. Hélas, l’hiver dernier a fait exception à la règle. Tant pour les VLCC (Very Large Crude Carriers, des navires d’une capacité maximale de 320.000 tonnes) que pour les Suezmax (de plus petits navires), les tarifs du marché au comptant sont retombés à leur niveau le plus bas de ces dix dernières années. Pour les VLCC, le prix de location journalière moyen s’est élevé à 18.725 dollars au premier trimestre, contre encore 40.525 dollars à la même période de l’année précédente, et 25.889 dollars au quatrième trimestre de 2017. Pour les Suezmax aussi, le prix de location moyen a plongé, de 24.000 au premier trimestre de 2017 à 14.000 dollars (il s’élevait à 15.891 dollars au quatrième trimestre). Euronav a cependant conclu l’an dernier plusieurs contrats de location à long terme qui génèrent des revenus prévisibles. Et si les tarifs de ces contrats ont baissé de 41.150 à 34.000 dollars au premier trimestre pour les VLCC, ils sont restés stables aux alentours de 23.850 dollars pour les Suezmax.

Perte nette importante

Le chiffre d’affaires (CA) du groupe a plongé de 40,2%, à 98,1 millions de dollars. A frais opérationnels à peu près constants, Euronav a ainsi essuyé une perte nette de 39,1 millions de dollars, alors qu’il était encore dans le vert, à 34,3 millions, l’an dernier. Les perspectives pour le deuxième trimestre sont médiocres, puisque 42% de la capacité des VLCC disponible sur le marché au comptant a été réservée à 13.187 dollars par jour. Pour les Suezmax, c’est 46% de la capacité qui a été réservée, à 12.300 dollars. Ces tarifs extrêmement bas ne sont pas la conséquence d’une demande de pétrole insuffisante, car celle-ci enregistre une croissance constante de 1,6 million de barils par jour, en moyenne. Une évolution comparable est attendue cette année. L’effet négatif des limitations de la production de pétrole décrétées par les pays producteurs – baisse de l’offre en provenance du Moyen-Orient – a été compensé par l’augmentation des exportations depuis les Etats-Unis et l’allongement des routes maritimes.

Le problème reste la surcapacité à laquelle est confronté le secteur. Cette année, on estime que 49 nouveaux VLCC rejoindront la flotte mondiale, et 20 nouvelles commandes ont déjà été passées depuis fin 2017. Cela dit, plusieurs éléments positifs sont à noter. L’âge moyen de la flotte a atteint son plus haut niveau depuis le début des années 2000, et le nombre de mises au rebut des navires est enfin en train d’augmenter. Jusqu’au 31 mars, 21 VLCC ont déjà été déclassés, et le record de la première moitié de 2003 (25 mises au rebut) sera sans doute battu au premier semestre. La flotte augmentera de 10 bâtiments cette année. 2019 devrait apporter une amélioration, puisque des normes environnementales plus sévères augmenteront le coût du maintien en service des navires plus anciens. Compte tenu également de la pyramide des âges de la flotte mondiale, la tendance devrait ainsi pouvoir s’inverser à partir de l’an prochain. Le Cap Québec, le premier des quatre Suezmax qui rejoindront la flotte cette année – tous font déjà l’objet d’un contrat de location de sept ans -, a été livré en mars.

Anticiper une amélioration

La fusion d’Euronav avec le groupe américain Gener8 Maritime devrait en principe être finalisée au cours de ce trimestre. Euronav acquerra ainsi 21 VLCC supplémentaires (dont 19 ne sont pas âgés de plus de deux ans), ce qui portera à 44 le total de VLCC du groupe. La flotte de Suezmax grossira de six navires. Moyennant approbation par l’assemblée générale, le dividende de clôture, de 0,06 euro par action, sera versé le 23 mai; le dividende annuel s’élèvera au minimum prévu de 0,12 euro.

Le marché n’a pas apprécié les résultats trimestriels. De nouvelles pertes paraissent inévitables pour Euronav au cours de l’exercice. Nous nous attendons à ce que, d’ici la fin de l’année, le marché commence à anticiper l’amélioration prévue en 2019. Le groupe dispose du bilan le plus robuste du secteur. Son action demeure digne d’achat pour le long terme, et s’adresse donc à l’investisseur patient (1B).

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 6,80 euros

Ticker : EURN BB

Code ISIN : BE0003816338

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 1,08 milliard EUR

C/B 2017 : 876

C/B 2018 : –

Perf. cours sur 12 mois : -5 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -11 %

Rendement du dividende : 1,4 %

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