Euronav: le plancher du cycle est passé

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Le marché se redresse depuis septembre, grâce notamment au démarrage anormalement précoce de la saison d’hiver dans l’hémisphère Nord, la meilleure période pour les tarifs de location. La demande mondiale de brut fluctue pour l’heure autour de 96,3 millions de barils par jour et pourrait atteindre 99,6 millions d’unités, son niveau d’avant-crise, en 2022.

Euronav a achevé le 3e trimestre sur des résultats médiocres. Le tarif de location des VLCC (Very Large Crude Carriers, d’une capacité maximale de 320.000 tonnes) n’a pas dépassé 9.000 dollars par jour en moyenne, contre 11.250 dollars au 2e trimestre, et 42.000 dollars encore au 3e trimestre de 2020. Au printemps 2020, le loyer dépassait les 160.000 dollars, un record. Les Suezmax (de 150.000 à 165.000 tonnes) se sont, eux, loués 10.250 dollars par jour ces trois derniers mois, contre 23.500 dollars en 2020. Le tarif journalier atteignait au 1er semestre 13.000 dollars pour les VLCC (76.000 dollars en 2020) et 11.750 dollars pour les Suezmax (60.000 dollars); or l’équilibre se situe aux alentours de 27.000 dollars pour les premiers et 24.000 dollars pour les seconds.

Le chiffre d’affaires a cédé 58,9%, à 99,1 millions de dollars, au 3e trimestre. Il est passé en neuf mois de 1,09 milliard à 316,8 millions de dollars (-71%), faisant évidemment plonger le résultat net dans le rouge: la perte s’établit à 105,9 millions de dollars au 3e trimestre (bénéfice net de 46,2 millions de dollars un an plus tôt) et à 266,6 millions sur neuf mois (531,4 millions). L’armateur versera néanmoins, comme le veut sa politique, le dividende trimestriel minimum de 0,03 dollar brut par action. La dette nette atteignait au 30 septembre 1,65 milliard de dollars (taux d’endettement de 48,7%), contre 1,11 milliard fin 2020 (37,3%). Le groupe dispose de 162 millions de dollars en liquide et de 629 millions en lignes de crédit. Il recense actuellement huit navires en construction, pour lesquels il devra s’acquitter de 467 millions de dollars d’ici à 2024. Les deux premiers, des Suezmax, seront livrés fin janvier.

Le marché se redresse depuis septembre, grâce notamment au démarrage anormalement précoce de la saison d’hiver dans l’hémisphère Nord, la meilleure période pour les tarifs de location. A cela s’ajoute l’augmentation tant attendue du nombre de mises au rebut de navires anciens, sous l’influence conjuguée de la hausse des cours de l’acier et de la faiblesse des tarifs de fret. La récente envolée du prix du gaz a en outre accru, de 0,5 à 1 million de barils par jour selon les estimations, la demande de brut. La demande mondiale fluctue pour l’heure autour de 96,3 millions de barils par jour et pourrait atteindre 99,6 millions d’unités, son niveau d’avant-crise, en 2022. Vu la rareté des commandes de bâtiments neufs, les tarifs devraient immanquablement augmenter en 2022 et au-delà.

Conclusion

Avec 46% des VLCC et 44% des Suezmax loués, à 13.440 dollars et 9.750 dollars par jour respectivement, le 4e trimestre sera lui aussi fragile. John Fredriksen, figure emblématique du secteur et actionnaire principal du concurrent Frontline, a pris en octobre une participation de 9% dans Euronav. Prémisse d’une tentative de fusion? Il est trop tôt pour le dire. Pour Hugo De Stoop, le CEO d’Euronav, ce sont les acquisitions d’acteurs mineurs surtout qui amélioreront la discipline d’investissement dans le secteur. Financièrement très solide, Euronav est parfaitement positionné pour de telles opérations. Nous avons récemment réalisé une prise de bénéfice à plus de 9,2 euros, et réduit la note à conserver. Nous la relèverons en cas de repli vers 8 euros. Nous restons optimistes pour la suite.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 8,75 euros

Ticker: EURN BB

Code ISIN: BE0003816338

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 1,93 milliard EUR

C/B 2020: 5

C/B attendu 2021: –

Perf. cours sur 12 mois: +30%

Perf. cours depuis le 01/01: +27%

Rendement du dividende: 1,2%

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