Engie

La nouvelle orientation stratégique d’Engie (anciennement GDF Suez) réduit l’effet de levier que produirait une hausse des prix de l’énergie sur ses bénéfices, mais stabilise ses cash-flows. Le pire semble passé. Digne d’achat.

Effondrement des cours du pétrole et du gaz, correction du marché du GNL, faiblesse des prix de l’électricité en Europe et problèmes constants avec les centrales nucléaires belges: 2015 fut une année perdue pour le groupe français de services d’utilité publique Engie (nouveau nom de GDF Suez). Son chiffre d’affaires (CA) a baissé de 6%, ses cash-flows opérationnels (EBITDA) de 7% et son bénéfice net récurrent de 5%. Engie est pris en étau entre une suroffre sur le marché pétrolier qui pèse sur les prix du pétrole et du gaz et la percée des énergies renouvelables. Le développement de la capacité de production d’électricité verte, rendu possible par des subventions toujours aussi généreuses, a fait voler en éclats le niveau plancher des prix de l’électricité en Europe. Les conditions de marché difficiles ont également contraint Engie à acter pour 6,8milliards EUR de dépréciations comptables, principalement sur des actifs utilisés dans la production de pétrole et l’activité GNL. Engie a dès lors clos l’exercice 2015 sur une perte nette de 4,6milliards EUR. Le bénéfice moyen par action sur ces dix dernières années est retombé à 1,08EUR. Engie en a tiré les conclusions qui s’imposaient et a revu en profondeur sa stratégie et son portefeuille de production. L’entreprise veut surtout réduire sa dépendance aux prix des matières premières, très volatils, et investir davantage dans l’énergie verte et dans des activités qui sont soit régulées (comme l’exploitation du réseau de gaz naturel), soit couvertes par des contrats à long terme (comme la production subventionnée d’électricité verte ou les services énergétiques aux entreprises). L’objectif est de porter la part de ces activités dans l’EBITDA à plus de 85% d’ici à 2018. Cette stratégie n’est cependant pas sans risque. Quid par exemple en cas de redressement brutal des prix de l’énergie dans quelques années? Ses importants investissements ne profiteraient pas à Engie le cas échéant. L’entreprise risque de courir sans cesse derrière les faits. Le plan de transformation exige en tout cas de nombreux investissements: 22milliards EUR jusqu’en 2018, dont 7milliards dans la maintenance. Le groupe veut également vendre pour 15milliards EUR de centrales devenues indésirables (comme celles au charbon) pour investir dans les réseaux d’énergie. Cette orientation stratégique n’est cependant pas compatible avec le maintien d’un dividende de 1EUR par action alors que la dette nette s’élève à 2,5fois l’EBITDA et qu’Engie ne veut pas à accroître son taux d’endettement pour ne pas mettre en péril sa note de solvabilité. Le groupe abaissera donc son dividende à 0,7EUR par action en 2017 et 2018. À court terme, il ne faut pas espérer de miracle de ce changement de cap. Pour cette année, Engie prévoit un EBITDA compris entre 10,8 et 11,4milliards EUR. En d’autres termes: une nouvelle baisse des cash-flows opérationnels est hautement probable. Le bénéfice net récurrent redescendrait dans une fourchette de 2,4 à 2,7milliards EUR, et il faudrait beaucoup de facteurs favorables pour retrouver les 2,6milliards EUR de cette année.

Conclusion

Le redressement de la rentabilité sera lent. Avec sa nouvelle stratégie, Engie réduit l’effet de levier que produirait une hausse des prix de l’énergie sur ses bénéfices, mais stabilise ses cash-flows. Le pire semble passé, et les investisseurs ne paient que 11fois le bénéfice, ce qui n’est pas cher.

Conseil : digne d’achat

Risque : moyen

Rating : 1B

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