Engie: une embellie ignorée

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La saga du parc nucléaire belge a éclipsé le bon rapport semestriel qu’a publié Engie. L’action est sous-valorisée alors que la stratégie du groupe se révèle payante; elle est digne d’achat.

Engie a publié de bons résultats au terme du premier semestre. Les problèmes liés à nos centrales lui coûtent certes très cher (600 millions d’euros), mais le prestataire français de services d’utilité publique n’a pas ajusté ses projections de bénéfice pour 2018. Le bénéfice net récurrent devrait se situer dans le bas de la fourchette prévisionnelle de 2,45 à 2,65 milliards d’euros. Le cash-flow opérationnel récurrent risque toutefois d’être légèrement moindre qu’annoncé.

La robustesse de ses résultats démontre que sa nouvelle stratégie rend le bénéfice plus stable, et contribue à rendre la croissance du bénéfice plus constante. Ces dernières années, Engie a vendu les activités dépendantes des cours du gaz et du pétrole et a investi dans des activités produisant un cash-flow plus prévisible, comme l’énergie renouvelable, les réseaux et la prestation de services. Une transformation fructueuse, puisque durant le premier semestre, le cash-flow et le bénéfice opérationnels récurrents ont progressé respectivement de 6 et 7%. L’hiver relativement froid en Europe y a certes contribué. Engie confirme donc la progression sous-jacente des résultats qui était palpable en 2017. Cette hausse compense, outre le recul de la contribution au bénéfice des activités désormais vendues, les pertes consécutives à l’état du parc nucléaire belge. En glissement annuel, le cash-flow opérationnel (Ebitda) rapporté s’est accru de 1,3% au premier semestre, et le bénéfice net récurrent, de 11%, une progression attribuable à la baisse du taux d’imposition effectif. Si le bénéfice net ne s’est élevé qu’à 0,9 milliard d’euros, c’est en raison de dépréciations comptables et de la perte accusée par les activités de liquéfaction du gaz naturel, cédées cette année.

Les perspectives méritent que l’on s’y attarde. Dès que les centrales nucléaires belges se porteront mieux, Engie pourra renouer avec une croissance progressive de son bénéfice. Car le groupe s’attend à une amélioration à cet égard en 2019. L’on peut affirmer à ce stade que sur l’ensemble de l’année 2018, les centrales n’auront été opérationnelles que la moitié du temps. Mais Engie prévoit que cette fréquence passera à 74%. Le courant produit pourra du reste être vendu à des prix plus élevés, les prix de l’électricité augmentant dans toute l’Europe. Cette appréciation des prix ne découle pas d’un pic du prix sur le marché au comptant consécutif à des déficits potentiels sur le marché belge cet hiver, mais bien à des prix plus élevés pour les contrats de livraison conclus par Engie pour une période de trois ans. Alors que l’électricité produite par les centrales belges est vendue à 33 euros par MWh cette année, 36% de celle qui sera livrée en 2020 est déjà vendue à 38 euros le MWh.

En relevant le dividende brut de 7%, à 0,75 euro brut par action, Engie a déjà exprimé sa foi dans ses perspectives. Le rendement du dividende s’établit ainsi à près de 6%. Soutenue par des cash-flows stables, la politique de dividende est durable. Le groupe continue d’alléger sa dette, qu’il a ramenée fin juin à 20,5 milliards, ou 2,2 fois l’Ebitda.

Conclusion

Sous le feu des projecteurs, le parc nucléaire belge fait ombre au groupe. Sa stratégie paie pourtant, et a rendu ses résultats plus prévisibles. La valorisation d’Engie est tout sauf élevée, à une valeur d’entreprise correspondant à 5,5 fois l’Ebitda, alors que le profil de risque est faible. Par ailleurs, le rendement du dividende de 6% est intéressant. Notre recommandation est inchangée: “acheter”.

Conseil : acheter

Risque : faible

Rating : 1A

Cours : 12,7 euros

Ticker : ENGI

Code ISIN : FR0010208488

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. Boursière : 30,7 milliards EUR

C/B 2017 : 27

C/B attendu 2018 : 12

Perf. cours sur 12 mois : -12 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -10 %

Rendement du dividende : 5,9 %

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