Eli Lilly

A pris trop de hauteur

En toute fin d’année dernière, nous vous avons présenté Eli Lilly&Company. Malgré ses 137 ans d’existence, Eli Lilly reste finalement une entreprise pharmaceutique américaine de taille moyenne, dans l’ombre de géants comme Pfizer et Merck. La principale cause réside dans les perspectives de l’entreprise pour 2014. Sa direction a d’ailleurs annoncé en janvier déjà qu’elle prévoyait pour cette année un chiffre d’affaires (CA) compris entre 19,2 et 19,8 milliards USD (23,1 milliards USD l’année dernière) et un bénéfice opérationnel situé entre 2,77 et 2,85 USD par action (4,15 USD par action en 2013. Eli Lilly est toujours aux prises avec le “patent cliff” (perte de la protection procurée par les brevets pour d’importants médicaments). Le brevet du Zyprexa (contre les affections psychiques) a expiré au 3e trimestre 2012 aux Etats-Unis et dans d’autres pays depuis, et ses ventes ont déjà baissé de 30% l’an dernier (1,2 milliard USD) par rapport à 2012. Plus grave encore est l’expiration du brevet du Cymbalta (antidépresseur) au dernier trimestre de l’an dernier aux Etats-Unis. Au cours des neuf premiers mois de l’année, ce médicament a représenté encore un CA de 4,2 milliards USD, soit 24% des ventes totales ! Au 4etrimestre 2013, les ventes avaient déjà baissé de 38%, à 883 millions USD (contre 1,42 milliard USD au 4e trimestre 2012). Le brevet de l’Evista (ménopause) expirera lui aussi cette année (tout juste un blockbuster, avec 1,05 milliard USD de ventes en 2013). L’entreprise américaine n’est pas pour autant en bout de course, avec 13 médicaments potentiels en étude clinique de phase III et 26 en phase II, soit cinq fois plus qu’en 2004. Notre intérêt pour l’action ne provient pas uniquement de son statut de “retardataire”, mais aussi et surtout de l’orientation du pipeline, qui abrite de très nombreux médicaments potentiels en oncologie. A la mi-février, son cours a rebondi à l’annonce du premier point final atteint par un médicament potentiel contre le cancer du poumon en phase III. Le pipeline fait cependant aussi la part belle au diabète, un segment qui nous intéresse énormément. Avec le Humalog et le Humulin, Eli Lilly possède déjà deux médicaments liés au diabète qui ont un statut de blockbuster (ventes de respectivement 2,6 milliards et 1,3 milliard USD l’an dernier), auxquels on peut également ajouter Trajenta (collaboration avec Boehringer Ingelheim). Eli Lilly est ainsi le numéro quatre mondial sur le marché du diabète (après Novo Nordisk, Sanofi et Merck). On trouve encore dans le pipeline – avec une possibilité d’autorisation de mise sur le marché entre 2014 et 2016 – l’empagliflozin (collaboration avec Boehringer), le dulaglutide et une nouvelle insuline baptisée Glargine (collaboration avec Boehringer), soit trois blockbusters potentiels qui pourraient faire d’Eli Lilly l’un des leaders mondiaux dans ce segment. Ainsi le dulaglutide pourrait-il concurrencer le Victoza de Novo Nordisk (possibilité de se contenter d’une injection par semaine au lieu d’une injection par jour) et le Glargine est même considéré comme l’insuline à action prolongée de la prochaine génération.

Conclusion

Cette année, le cours d’Eli Lilly se distingue par une hausse de 15% déjà. La fin de l’an dernier était donc un excellent moment pour acheter. Eli Lilly renouera avec la croissance du CA et des bénéfices à partir de 2015, mais à 18 fois le bénéfice attendu pour 2015 (pas 2014) et un ratio valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) de 12 pour l’an prochain, l’action a pris trop de hauteur. C’est pourquoi nous abaissons (momentanément ?) notre conseil et retirons la valeur de la Sélection.

Conseil: conserver

Risque: faible

Rating: 2A

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