Deere & Company a revu ses perspectives annuelles

Depuis deux trimestres, le géant agricole ne satisfait plus aux attentes. L’ajustement des perspectives de chiffre d’affaires et bénéfice pour l’exercice courant n’est donc que logique.

Le premier producteur mondial de machines agricoles a publié mi-mai les résultats du deuxième trimestre de son exercice 2018-2019 (qui sera clos le 30/10). Si depuis quelques trimestres, il voit ses ventes de tracteurs augmenter, il se pourrait bien que cette année, la hausse s’interrompe. Le conflit commercial entre Washington et Pékin et ses répercussions sur les exportations de produits agricoles inquiètent en effet de plus en plus les agriculteurs américains. Ceux-ci pourraient dès lors cesser de renouveler leur parc.

Au deuxième trimestre, ses activités agricoles se sont adjugé quelque 64 % du chiffre d’affaires (CA) consolidé, les matériaux destinés à la sylviculture et la construction, le solde. Le groupe compte en outre une branche financière, axée surtout sur la location et le leasing de machines agricoles. Deere a réduit sa dépendance au secteur agricole, très cyclique – les recettes de ses activités agricoles s’amenuisent, d’ailleurs – depuis qu’il a acquis le groupe allemand Wirtgen, la plus coûteuse acquisition de son histoire. Wirtgen est spécialisé dans les équipements pour travaux routiers et la préparation du bitume. Au deuxième trimestre, le CA consolidé s’est accru de 6% (dont la moitié est attribuable à Wirtgen), à 11,34 milliards de dollars (contre 10,72 milliards au cours de la même période un an plus tôt), soit 2% de plus qu’escompté en moyenne par les analystes. Quant au résultat opérationnel (Ebit), s’il a, comme au trimestre précédent, progressé bien plus sensiblement que le CA, en l’occurrence de 3%, à 1,54 milliard de dollars (1,49 million un an auparavant), ce n’est pas grâce aux activités agricoles, qui ont souffert (CA: -4%) de la hausse des cours des matières premières et des coûts de transport. Wirtgen se révèle un bon investissement, puisque sa rentabilité est supérieure à la moyenne du groupe.

Par action, le bénéfice ajusté s’est élevé à 3,52 dollars, alors que le consensus visait 3,61 dollars et qu’ au 2e trimestre de l’exercice précédent (2017-2018), il avait atteint 3,67 dollars. Au 1er trimestre aussi, le bénéfice par action avait manqué le consensus, ce qui n’était plus arrivé depuis deux ans.

Le cours de l’action a reculé à l’annonce des chiffres trimestriels, mais aussi parce que l’incertitude demeure concernant les relations entre la Chine et les Etats-Unis. Rappelons que Transparency Market Research a estimé que le marché des tracteurs pèserait plus de 100 milliards de dollars d’ici à 2026, soit une croissance annuelle moyenne de 4%. Une information positive que les tensions entre les Etats précités ont hélas reléguée au second plan. La révision à la baisse par la direction de ses perspectives pour l’exercice courant a de surcroît affecté le cours de Deere: le bénéfice n’est plus estimé à 3,6 mais à 3,3 milliards de dollars et la croissance du CA, plus à 7%, mais à 5%. En conséquence, les analystes ont revu leurs prévisions annuelles, à 35,1 (contre 36) milliards de dollars pour le CA et à 10,53 (contre 11,25) dollars pour le bénéfice par action (BPA). Ce serait un nouveau chiffre record, après le BPA de 9,39 dollars enregistré en 2017-2018.

Conclusion

Le cours se trouve actuellement 25% sous le sommet de février 2018, et nous ne nous attendons pas à une remontée sous peu. A un cours/bénéfice attendu de 14,5 et un rapport valeur d’entreprise/cash-flow opérationnel de 11, l’action présente une valorisation correcte, selon les normes américaines. Nous la conserverions.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 138,37 dollars

Ticker: DE US

Code ISIN: US2441991054

Marché: NYSE

Capit. boursière: 44,2 milliards USD

C/B 2018: 14

C/B attendu 2019: 13

Perf. cours sur 12 mois: -11%

Perf. cours depuis le 01/01: -7%

Rendement du dividende: 2,2%

Partner Content