Deceuninck: hausse des marges mais ralentissement des ventes

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Bruno Humblet, le nouveau CEO, estime que si les ventes vont augmenter cette année, la hausse des coûts et les pénuries de main-d’oeuvre mettront à mal la rentabilité. L’action est toutefois sous-valorisée.

Les semestriels de Deceuninck ne seront publiés que le 17 août, mais le consensus table toujours sur une croissance de 26% du bénéfice par action (BPA) pour 2022 et de 16% pour 2023. Le producteur belge de systèmes en PVC pour fenêtres et portes affiche dès lors l’une des plus faibles valorisations sur Euronext Bruxelles, à 8 fois à peine les bénéfices et 4,4 fois le ratio valeur d’entreprise (EV)/cash-flow d’exploitation (Ebitda) attendus. Après l’avertissement lancé par l’irlandais Kingspan, qui table sur une nette détérioration de ses ventes, on peut supposer que chez Deceuninck aussi, après un premier trimestre qui aura probablement été bon, la prudence sera de mise au second semestre. Pour 2021, le chiffre d’affaires (CA) avait été excellent, mais la marge, faible. Elle pourrait augmenter en 2022, mais avec une croissance du CA ralentie, surtout sur la deuxième partie de l’année. Sceptiques, les opérateurs ont fait décrocher l’action de son record, légèrement supérieur à 4 euros, l’entraînant sous la barre des 2,50 euros.

D’un point de vue structurel toutefois, les conditions du marché restent favorables pour les années à venir, grâce notamment au pacte vert pour l’Europe, en vertu duquel énormément de fonds seront libérés pour la rénovation de constructions publiques et privées, en contrepartie d’obligations de modernisation lors de la construction ou de l’achat d’un bâtiment. Tant le CA que les bénéfices de Deceuninck devraient s’en trouver dopés, ce que l’on constate déjà sur l’exercice 2021: à 838,1 millions d’euros (+30,5% sur un an), les ventes atteignent un nouveau record et dépassent de 3% le consensus. L’activité a été portée par la belle santé du marché de la construction résidentielle, à la faveur de l’augmentation de l’épargne des ménages, qui ont moins consommé pendant la crise sanitaire, et des incitations fiscales pour les rénovations. Toutefois, l’envolée de l’inflation a pénalisé le groupe, qui n’a pu répercuter qu’avec trois mois de retard la hausse des coûts sur ses prix. Certes, l’Ebitda ajusté a atteint un nouveau record en 2021, à 97,7 millions d’euros (précédent sommet: 93 millions d’euros), mais c’est surtout grâce à une augmentation spectaculaire au premier semestre; le second a été marqué par une baisse de 19,8% (de 58,2 à 46,7 millions d’euros), malgré une augmentation de 23% du CA; le consensus attendait 5% de plus. En un an, la marge d’Ebitda s’est contractée de 170 points de base, passant de 13,4 à 11,7%; la baisse est flagrante au 2e semestre: 10,8% en 2021, contre 16,5% entre juillet et décembre 2020. Le bénéfice net s’élève à 37,2 millions d’euros, soit 0,25 euro par action, contre 25,6 millions d’euros (0,18 euro par action) pour 2020.

Conclusion

Bruno Humblet, le nouveau CEO, estime que si les ventes vont augmenter cette année, la hausse des coûts et les pénuries de main-d’oeuvre mettront à mal la rentabilité. A 8 fois les bénéfices attendus, 1,2 fois la valeur comptable et avec un ratio EV/Ebitda supérieur à 4 pour 2022, l’action est sous-valorisée.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 2,20 euros

Ticker: DECB BB

Code ISIN: BE0003789063

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 300,6 millions EUR

C/B 2021: 9,5

C/B attendu 2022: 8

Perf. cours sur 12 mois: -28%

Perf. cours depuis le 01/01: -38%

Rendement du dividende: 2,7%

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