Coup de tonnerre dans le ciel serein de Jensen

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Pour le marché, l’évolution décevante du carnet de commandes au premier trimestre passé annonce la couleur du premier semestre: le chiffre d’affaires sera lui aussi moins bon, en glissement annuel.

Cela faisait un certain temps que cet acteur mondial du secteur des blanchisseries industrielles n’avait plus annoncé de mauvaise nouvelle à ses actionnaires. Si l’on se réfère au rapport intermédiaire relatif au 1er trimestre que le groupe a publié, il semble que l’exercice 2018 ne sera pas caractérisé par une aussi belle croissance que les précédents. Or tout le monde s’attendait à ce que Jensen connaisse à nouveau un bon exercice. La réaction (violente) du cours de l’action traduit la surprise des investisseurs.

Ces dernières années, l’évolution du cours de l’action dessinait en effet une belle courbe ascendante. Mais la croissance du chiffre d’affaires (CA) du 1er trimestre, de 4,2%, à 86,0 millions d’euros, n’a pas été aussi élevée que celle de l’an dernier (+6,3% de janvier à mars 2017; +5,5% au 1er semestre de 2017). C’est toutefois l’évolution du carnet de commandes qui a véritablement déçu le marché, lequel la considère comme un avertissement que le CA du 1er semestre sera, lui aussi, moins bon. Fin mars, le carnet affichait en effet une moins bonne santé que douze mois plus tôt, avec une baisse de 6%. Pire, si l’on tient compte des machines produites et de celles en cours de production, la réserve de travail au sein des usines est inférieure de 32,7% à son niveau de fin mars 2017, alors que fin décembre 2017, elle avait progressé de 2%, en glissement annuel. Il est manifeste que le groupe Jensen connaît une période de ralentissement de ses grands projets. Et c’est là la conséquence de sa mise en oeuvre, ces derniers mois, d’une stratégie de consolidation chez un certain nombre de ses clients importants. Les dirigeants se sont bien gardés de formuler des prévisions pour l’année 2018. Cela dit, ils n’ont jamais eu pour habitude de le faire.

L’année dernière, le cash-flow d’exploitation (Ebitda) du groupe avait progressé de 20,2% (de 28,5 à 34,2 millions d’euros, soit de 3,64 à 4,38 euros par action), une croissance bien plus importante que celle du CA (+6,3%). La marge d’Ebitda était dès lors passée de 8,9 à 10,1%. Quant au bénéfice d’exploitation (Ebit), il avait bondi de 19,2%, à 29,9 millions d’euros, et porté la marge d’Ebit de 8 à 8,8%. Durant l’exercice 2017, le résultat net, qui s’était hissé à 21,1 millions d’euros (ou 2,70 euros par action), s’était accru de 23,3% en glissement annuel (17,1 millions d’euros en 2016, ou 2,19 euros par action). Ces chiffres encourageants avaient incité le groupe à annoncer le relèvement du dividende pour l’exercice correspondant, à un euro brut par action. C’est une majoration considérable, puisque les années précédentes, le groupe avait généralement versé un dividende de 0,25 euro brut par action. Le groupe pouvait aisément augmenter le dividende. Fin 2017, il disposait d’une trésorerie nette de 23,0 millions d’euros (+19,8 millions d’euros en un an).

Cet acteur d’envergure internationale n’a qu’un seul grand concurrent au monde, le groupe allemand Kannegieser, qui n’est même pas coté en Bourse.

Conclusion

La croissance du groupe connaît à tout le moins un coup d’arrêt. Toujours est-il que l’accélération du tourisme international (hôtellerie) et le vieillissement de la population (centres de soins) constituent des facteurs favorables à long terme. La valorisation de l’action, en progression constante, est proche de 16 fois le bénéfice attendu pour 2018 et de 9,5 fois le rapport valeur de l’entreprise (EV)/cash-flow d’exploitation (Ebitda) pour cette année.

Conseil : conserver/attendre

Risque : faible

Rating : 2A

Cours : 41,00 euros

Ticker : JEN BB

Code ISIN : BE0003858751

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 321 millions EUR

C/B 2017 : 16,5

C/B attendu 2018 : 16

Perf. cours sur 12 mois : +3 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +3 %

Rendement du dividende : 2,4 %

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