Communication lacunaire chez EVS

Le numéro 1 du reportage sportif en direct publie certes un update après le premier trimestre, mais celui-ci n’est que partiel. Difficile d’être moins disert, sauf à ne plus publier de rapports trimestriels du tout.

L’on comprend en tout cas du récent communiqué de presse que la conjoncture demeure difficile; les groupes médias réduisent leurs investissements, si bien que l’année a commencé plutôt mollement. En octobre, une succession de résultats décevants avait fait tomber le cours à un plancher situé juste au-dessus de 15 euros. L’on a alors appris qu’Evertz avait acquis une participation de plus de 3% dans son concurrent, ce qui avait alimenté les spéculations à propos d’une reprise; ING avait même rédigé, début novembre, un rapport, lequel faisait état d’un prix de 31 euros par action. Après la publication des résultats de 2018, la probabilité de voir Evertz émettre une offre est passée de 70 à 60% et l’objectif de cours, de 30 à 27 euros. Dans le scénario où EVS resterait autonome, l’objectif de cours a été abaissé à 22 euros en raison des perspectives peu enthousiasmantes pour cette année, et probablement les suivantes. EVS ne semble pas tenté de collaborer à sa propre acquisition et Evertz ne laisse filtrer aucune information. L’augmentation de capital opérée en décembre, à laquelle Ackermans & van Haaren et Belfius Insurance ont souscrit, suggère néanmoins qu’aucun rachat n’est prévu à brève échéance.

Le trading update a le mérite d’annoncer l’amélioration, au 30 avril, du carnet de commandes, à 42,8 millions d’euros (hors 1,2 million d’euros de commandes afférentes à de grands événements sportifs), soit une augmentation de 1,5% en glissement annuel, et de 11% depuis janvier. Lors de la présentation des résultats de 2018, la direction avait misé sur 26,7 millions d’euros de commandes au 15 février. L’année 2018 a cependant montré que malgré deux grands événements sportifs (JO d’hiver en Corée du Sud et Coupe du monde de football en Russie), chiffre d’affaires (CA) et bénéfice peuvent être particulièrement décevants. Les années paires, celles des méga-compétitions, la location de matériel génère des revenus supplémentaires; le CA n’a pourtant pas dépassé 116,1 millions d’euros en 2018. En plus de se situer dans le bas de la fourchette des prévisions (115-130 millions), ce résultat est de 2,7 millions (2,3%) inférieur à celui de 2017. L’on note, pour l’exercice, un recul de 34,9 à 28,1 millions d’euros du résultat opérationnel et le passage de 29,4 à 24,2% de la marge d’Ebit (bénéfice opérationnel/CA). Le résultat net a grimpé de 23,9 à 35,2 millions d’euros (de 1,77 à 2,60 euros par action), mais c’est en partie grâce à un bénéfice fiscal exceptionnel de 6,6 millions d’euros au 1er semestre.

Pierre De Muelenaere restera CEO ad interim en 2019; EVS continue donc à se chercher un nouveau patron. L’update confirme le CA prévisionnel, arrêté à 100-120 millions d’euros. La direction a modifié sa politique de dividende pour la période 2018-2021: elle propose désormais un euro brut par action (acompte + dividende), afin de souligner la dimension “valeur à dividende stable” du groupe (rendement brut de 5% environ).

Conclusion

EVS dispose d’une excellente technologie et d’une assise financière solide (trésorerie nette de 68,5 millions d’euros fin 2018). Sa valorisation raisonnable (9 fois le rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flows opérationnels (Ebitda) escompté) et son rendement de dividende ne suffisent toutefois pas à nous convaincre.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 22,40 euros

Ticker: EVS BB

Code ISIN: BE0003820371

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 321 millions EUR

C/B 2018: 8,5

C/B attendu 2019: 14

Perf. cours sur 12 mois: +8%

Perf. cours depuis le 01/01: -3%

Rendement du dividende: 4,5%

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