Champagne sans bulles pour Vranken-Pommery Monopole

© GettyImages

Le contexte économico-politique n’a cessé de jouer des tours au producteur de champagne, qui, malgré tous ses efforts, échoue à faire évoluer chiffre d’affaires et action. Les conséquences de la pandémie sur le secteur des loisirs assombrissent de surcroît les perspectives pour 2020.

L’évolution de l’action du belgo-français Vranken-Pommery Monopole ces 10 dernières années est extrêmement décevante. A l’entame de la décennie, le titre a surfé sur la reprise amorcée en mars 2009, au lendemain de la crise financière, par les marchés boursiers du monde entier; il n’a toutefois jamais dépassé les 36,42 euros atteints au début de 2011. La chute qui s’est produite cette année-là s’est inscrite sur fond de crise de l’euro et de perte de confiance des consommateurs européens. En 2015-2016, alors que l’action tournait à nouveau autour des 30 euros, les attentats terroristes perpétrés dans l’Hexagone, le principal marché du groupe, ont eu de terribles répercussions sur les secteurs du tourisme et de la restauration. Le résultat du référendum sur le Brexit, en juin 2016, a fait chuter de 20% la livre sterling et naître des incertitudes de nature économique dans le deuxième marché du groupe. Entre le début de 2016 et la mi-2019 enfin, le titre a fluctué entre 22 et 25 euros.

Vranken (Vranken, Pommery, Charles Lafitte, Bissinger et Heidsieck & Co Monopole) est, derrière LVMH, le numéro 2 sur le marché du champagne, dont la vente représente plus de 75% de son chiffre d’affaires (CA). Il produit en outre des vins rosés de Provence et de Camargue et des vins rouges et blancs de la région du Douro, au nord du Portugal. Il s’est lancé en 2017 dans la production de vins mousseux, d’abord aux Etats-Unis, ensuite en France et au Royaume-Uni. Malgré les efforts qu’il déploie pour doper ses ventes à l’étranger, son CA stagne autour de 300 millions d’euros depuis des années (300,4 millions en 2018). Les chiffres relatifs au premier semestre de 2019 étaient tout sauf encourageants. Les manifestations des gilets jaunes et l’adoption de la “loi Alimentation”, qui encadre beaucoup plus sévèrement les promotions dans les grands magasins, avaient fait chuter le CA de 7,6%, à 87 millions d’euros. La direction estimait que la nouvelle loi ferait basculer davantage encore le centre de gravité du groupe vers le second semestre mais au bout du compte, le CA annuel a cédé 8,6%, à 274,6 millions d’euros. Les ventes de champagne ont chuté de 10%, à 209,4 millions d’euros; le CA des vins rosés a bondi de 10,7%, à 12,4 millions d’euros, tandis que le porto et les vins mousseux généraient un CA de 21,7 millions (-8%). Le CA des vins génériques et semi-finis a reculé de 5,8%, à 31,1 millions d’euros. Le bénéfice opérationnel récurrent a augmenté de 1,5%, à 20,9 millions d’euros (marge +70 points de base, à 7,6%) mais compte tenu des coûts de financement chroniquement élevés (19,3 millions d’euros), le bénéfice net est tombé à 0,1 million d’euros (3,4 millions en 2018). La dette nette s’est alourdie l’an dernier de 64,6 millions d’euros pour atteindre 712,1 millions, dont 28,3 millions en contrats de location (norme IFRS 16). Les conséquences de la pandémie sur le secteur des loisirs assombrissent les perspectives pour 2020. Vranken a demandé à pouvoir reporter le remboursement de ses dettes bancaires et supprimé le dividende (0,8 euro brut par action ces dernières années).

Conclusion

Le titre a atteint un plancher historique début avril et le redressement qui a suivi est plus que timide. L’endettement, élevé, est en principe plus ou moins couvert par les stocks mais quand la conjoncture est difficile, le sujet peut devenir problématique. On opposera à cela la valeur du patrimoine et une valorisation historiquement faible, à 0,34 fois la valeur comptable. Notre conseil reste neutre.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 14,15 euros

Ticker: VRAP FP

Code ISIN: FR0000062796

Marché: Euronext Paris

Capit. boursière: 126,5 millions EUR

C/B 2019: 1.400

C/B attendu 2020: –

Perf. cours sur 12 mois: -37%

Perf. cours depuis le 01/01: -31%

Rendement du dividende: –

Partner Content