Cameco s’abstient d’émettre des prévisions de production

Dans l’industrie de l’uranium, il n’est toujours pas question de produire à grande échelle, ni d’investir dans de nouvelles capacités: les prix sont trop bas. Tous les grands acteurs limitent leur production, et la donne ne changera pas à court terme. Cameco clôt un exercice 2020 plus que correct.

Cameco n’a produit que 5 millions de livres d’uranium en 2020 (9 millions, un an plus tôt). Le consensus espérait 5,3 millions de livres, mais la mine de Cigar Lake, qui n’avait déjà redémarré qu’en septembre, a dû être fermée en décembre en raison de nouveaux cas de coronavirus parmi le personnel. Néanmoins, avec 2,8 millions de livres, le 4e trimestre a fourni plus de la moitié de la production annuelle. Pour l’heure, on ignore quand Cigar Lake pourra rentrer en production. Pour maintenir la mine en bon état dans l’intervalle, Cameco débourse entre 8 et 10 millions de dollars canadiens (CAD) chaque mois. McArthur River et Rabbit Lake resteront elles aussi fermées jusqu’à nouvel ordre.

Le groupe n’a donc formulé aucune prévision de production pour 2021. Dans le cadre de ses contrats à long terme, il doit livrer entre 23 et 25 millions de livres d’uranium cette année. Ne produisant quasi rien, il doit puiser dans ses stocks et acheter l’uranium sur le marché au comptant. Il a vendu 8,6 millions de livres d’uranium au 4e trimestre de 2020, 39% de moins qu’un an plus tôt, à 38,43 CAD la livre en moyenne, ou 7% de plus que l’année précédente. Il a réalisé un chiffre d’affaires (CA) de 550 millions CAD, 37% de moins qu’au même trimestre de 2019, mais il est parvenu à dégager un bénéfice net ajusté de 48 millions CAD, ce qui est supérieur aux attentes. La baisse des volumes de vente a donc été partiellement compensée par la hausse des prix, et il en fut ainsi sur l’intégralité de l’exercice: Cameco a vendu 30,6 millions de livres d’uranium, 3% de moins qu’en 2019, à un prix moyen supérieur de 2% à celui de 2019. A 1,8 milliard CAD, le CA annuel a reculé de 3%. L’augmentation des coûts qu’ont entraînée les fermetures des mines a conduit à une perte nette ajustée de 66 millions CAD; c’est 55 millions CAD de plus qu’attendu mais Cameco a pu récupérer 37 millions CAD dans le cadre du programme de subvention salariale du gouvernement canadien.

Il y a à ce jour 443 réacteurs opérationnels dans le monde et 52 en construction. La quantité d’uranium nécessaire à leur alimentation, mais qui n’a pas encore été fixée contractuellement par les exploitants de centrales nucléaires, continue d’augmenter. Selon UX Consulting, au cours des cinq dernières années, 390 millions de livres ont fait l’objet de contrats à long terme et 815 millions de livres ont été consommées. Jusqu’à présent, la différence a été comblée grâce aux stocks ou au marché au comptant. Sans production et nouveaux investissements, le déficit passera à plus de 700 millions de livres d’ici à la fin de cette décennie, et à 1,4 milliard de livres à l’horizon 2035.

La position financière de Cameco est saine. Sa joint-venture avec Inkaï a rapporté un dividende de 40,6 millions de dollars (USD). L’exercice 2020 s’est clos sur une trésorerie de 943 millions CAD. Et le montant pourrait augmenter encore, si le jugement rendu dans le cadre du litige fiscal qui oppose Cameco à l’Agence du revenu du Canada est confirmé en appel. La dette de Cameco se monte à un milliard CAD. Le groupe a versé un dividende de 0,08 CAD par action en décembre.

Conclusion

Si les résultats opérationnels de Cameco se sont peu améliorés ces derniers mois, le sentiment à l’égard du secteur, davantage. L’incertitude est encore grande, mais sur le plan technique, la plupart des valeurs liées à l’uranium ont déjà opéré une percée. Malgré sa forte hausse de 60 % sur les trois derniers mois, nous pensons que le titre Cameco recèle encore un potentiel considérable à long terme. Pour autant, une consolidation est possible.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 15,66 dollars

Ticker: CCJ US

Code ISIN: CA13321L1085

Marché: New York Stock Exchange

Capit. boursière: 6,2 milliards USD

C/B 2020: –

C/B attendu 2021: 36

Perf. cours sur 12 mois: +17%

Perf. cours depuis le 01/01: +69%

Rendement du dividende: 0,5%

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