Cameco, la bonne surprise de 2018

Tim Gitzel, CEO de Cameco. © Reuters

Le producteur d’uranium Cameco a terminé l’année 2018 en beauté, avec des résultats supérieurs aux attentes pour le trimestre clos en décembre.

Le chiffre d’affaires (CA) de 831 millions de dollars canadiens (CAD) est en hausse de 2,7 % par rapport à l’année précédente et supérieur au consensus (768 millions). Le bénéfice ajusté par action (BPA) de 0,51 CAD a lui aussi largement dépassé les attentes (0,28 CAD). Vu les conditions difficiles sur le marché de l’uranium, Cameco peut se réjouir de l’exercice. Son CA a reculé de 3 %, à 2,09 milliards CAD, mais son bénéfice a atteint 211 millions de CAD (BPA : 0,53 CAD), contre 59 millions (BPA : 0,15 CAD) en 2017. Le cours spot de l’uranium (moins d’un an entre l’achat et la livraison) a augmenté de près de 20 % l’an dernier, tandis que celui des contrats à plus long terme est resté à peu près inchangé. Le cash-flow opérationnel a progressé de 12 % en un an, à 668 millions de CAD.

Cameco a produit 2,4 millions de livres d’uranium au 4e trimestre, soit 65 % de moins qu’à la même période en 2017. Sur l’exercice 2018, la production s’établit à 9,2 millions de livres, contre 23,8 millions en 2017. Seule la mine de Cigar Lake est encore opérationnelle à ce jour. La fermeture de celles de McArthur River et de Key Lake a été prolongée pour une durée indéterminée l’été dernier en raison des prix trop faibles. Sur l’année, le groupe a ainsi retiré 18 millions de livres du marché. Pourtant, les ventes (35,1 millions de livres) ont progressé de 4 % depuis 2017. Cameco puise donc dans ses réserves et agit sur le marché spot. Cette année, les livraisons baisseront légèrement (28-30 millions de livres). Cameco prévoit de produire environ 9 millions de livres et devra donc acheter entre 18 et 21 millions de livres.

Le groupe a distribué un dividende de 0,08 CAD, soit 71 millions de CAD. Au terme de l’exercice, il affichait une position de trésorerie de 1,1 milliard de CAD. Sa dette atteignait 1,5 milliard de CAD, dont 500 millions arrivent à échéance cette année. La direction n’a toujours pas tranché entre remboursement et refinancement.

Des projections prudentes

Dans le litige qui l’oppose à l’Agence du revenu du Canada (ARC), la Cour canadienne de l’impôt a donné gain de cause à Cameco l’an dernier. Le groupe se verra rembourser 57 millions de CAD en frais de justice et pourra annuler les provisions constituées pour la créance d’impôt. L’ARC a cependant décidé de faire appel du jugement et la procédure peut durer. Autre dossier en cours, le différend avec le producteur d’électricité japonais Tepco, qui veut résilier son contrat d’achat de 9,3 millions de livres d’uranium jusqu’à 2028 et invoque la force majeure pour se dégager des pénalités. Le manque à gagner pour Cameco serait d’environ 1,3 milliard de dollars. Un arbitrage a eu lieu le mois dernier, d’autres pourraient suivre. Cameco demande 700 millions de dollars d’indemnités.

La direction a émis des prévisions très prudentes pour 2019 ; tenant compte des contrats à long terme actuels et de la baisse des prix et des volumes, elle table sur un CA de 1,65 à 1,8 milliard de dollars. Mais on sera surtout attentif à l’évolution du marché de l’uranium – équilibre entre offre et demande, prix et volumes – cette année. Malgré la récente hausse du cours, l’action Cameco reste intéressante, à 1,3 fois la valeur comptable. Nous maintenons qu’elle est digne d’achat (rating 1C).

Cours : 12,34 dollars

Ticker : CCJ US

Code ISIN : CA13321L1085

Marché : New York Stock Exchange

Capit. boursière : 4,9 milliards USD

C/B 2018 : 42.3

C/B attendu 2019 : 85,8

Perf. cours sur 12 mois : +45,4 %

Perf. cours depuis le 01/01/19 : +8,7 %

Rendement du dividende : 0,5 %

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