Cameco: inversion du sentiment négatif

Tim Gitzel, CEO de Cameco. © Reuters

Malgré la baisse de production, il suffit actuellement à Cameco de puiser dans ses stocks et de s’approvisionner sur le marché pour honorer ses engagements.

L’action du producteur canadien a progressé de 25% environ en deux mois, alors même que la livre d’uranium se négociait au premier trimestre en baisse de 8% par rapport à l’an dernier (cours moyen de 22 dollars). Le sentiment négatif est lentement en train de s’inverser. Les récentes évolutions géopolitiques pourraient avoir d’importantes conséquences sur l’offre, un élément que le cours n’intègre pas encore.

Ainsi la Russie menace-t-elle de suspendre ses exportations d’uranium vers les Etats-Unis (dépendance: 40%). Comme le reste du secteur, Cameco peut actuellement acheter sur le marché l’uranium dont il a besoin à un prix inférieur de 20 dollars la livre à son coût total de production: il est donc plus intéressant de ne pas extraire les réserves. Le marché sera cette année en équilibre et compte tenu des contrats en cours, les acheteurs de combustibles nucléaires, principalement des producteurs d’électricité qui exploitent des réacteurs, sont suffisamment approvisionnés. Reste à savoir si à partir de la prochaine décennie, l’offre suivra la reprise de la demande.

Depuis plusieurs années, les entreprises du secteur n’investissent plus dans l’accroissement de leur capacité de production. Pour sa part, Cameco a décidé l’an dernier de suspendre jusque fin 2018 l’exploitation de McArthur River, sa plus grande mine, et les activités de l’usine de traitement de Key Lake. En 2016, il avait interrompu celles de la mine de Rabbit Lake. Cigar Lake est donc la seule mine actuellement exploitée. Malgré la baisse de sa production, il suffit actuellement à Cameco de puiser dans ses stocks et de s’approvisionner sur le marché pour honorer ses engagements.

Au premier trimestre de 2018, la production du groupe a chuté de 64% en base annuelle, à 2,4 millions de livres. Le groupe table sur 9,1 millions de livres pour l’ensemble de l’exercice (23,8 millions de livres encore en 2017). Il n’en a pas moins vendu 6,6 millions de livres (+16%). Grâce à l’augmentation (+19%) du prix de vente moyen, le chiffre d’affaires (CA) de la branche Production a progressé de 38% en base annuelle, à 359 millions de dollars canadiens (CAD). La division Fuel Services (achat et vente de combustibles nucléaires) se porte bien. Les volumes de ventes ont bondi de 50%, à 24 millions de livres. Le prix de vente moyen a certes cédé 20%, mais le CA a progressé de 19%. Quant au CA du groupe, il s’est accru de 11,7%, à 439 millions de dollars canadiens, soit plus de 186 millions de dollars de plus que le consensus. Le bénéfice net s’est établi à 54,8 millions de dollars canadiens (0,06 dollar par action), alors que le marché tablait sur une perte de 0,01 dollar (le groupe avait achevé l’exercice précédent sur une perte de 18,1 millions de dollars).

Les prévisions pour 2018 restent inchangées. Pour compléter sa production et ses stocks, Cameco se tournera vers le marché spot. Les stocks s’établissaient à 21 millions de livres au terme du premier trimestre; le seuil critique se situe aux environs de 13-14 millions de livres.

Conclusion

Tant que le cours de l’uranium reste bas, Cameco se concentre sur les facteurs de coûts qu’il maîtrise. Production et dividende ont été revus à la baisse. Le groupe dispose des liquidités et des stocks qui lui permettent de satisfaire à ses engagements et donc, de continuer à générer du chiffre d’affaires. A un peu plus d’une fois la valeur comptable, l’action reste bon marché. Tout repli constituerait une nouvelle opportunité d’achat.

Conseil : acheter

Risque : élevé

Rating : 1C

Cours : 11,47 dollars

Ticker : CCJ US

Code ISIN : CA13321L1085

Marché : New York Stock Exchange

Capit. boursière : 4,5 milliards USD

C/B 2017 : –

C/B attendu 2018 : 48,8

Perf. cours sur 12 mois : +18,5 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +18 %

Rendement du dividende : 0,7 %

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