BP, une action injustement délaissée

Le bénéfice et les cash-flows du groupe augmentent à nouveau. Grâce à un abaissement des coûts de l’ordre de 30% depuis 2013, BP atteint désormais le seuil de rentabilité lorsque le baril de brut coûte 49 dollars ; si son prix remonte à plus de 60 dollars, les cash-flows du groupe croîtront de manière exponentielle.

Le groupe énergétique intégré sort d’une période difficile. BP continue de souffrir des conséquences de l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon survenue en 2010 dans le golfe du Mexique. Les Britanniques ont dû céder plus de 55 milliards de dollars d’actifs afin de payer les frais et portent aujourd’hui encore le fardeau de cette catastrophe. Cette année, BP mettra deux milliards de dollars de côté en vue de financer diverses réparations. A partir de l’an prochain, le groupe devrait y consacrer un montant moindre. BP a par ailleurs pâti de la dégringolade des prix pétroliers, de 100 dollars à moins de 30 dollars entre 2014 et 2016. Ceux-ci sont toutefois repartis à la hausse l’an dernier et se situent aujourd’hui à leur niveau le plus élevé depuis presque trois ans. BP s’en réjouit car une augmentation des prix pétroliers est pour le groupe synonyme d’un accroissement des cash-flows.

Les résultats de l’exercice complet seront publiés le 6 février. Ceux du troisième trimestre reflétaient déjà l’amélioration de la situation sur les marchés pétroliers. Le bénéfice net sous-jacent a doublé en base annuelle pour atteindre 1,87 milliard de dollars. Les activités upstream (exploration et production) ont enregistré un bénéfice d’exploitation (Ebit) de 1,6 milliard de dollars, contre une perte de 224 millions de dollars un an plus tôt. Quant aux activités downstream (raffinage, trading, chimie), avec un Ebit de 2,34 milliards de dollars, elles ont livré leur meilleur résultat depuis cinq ans. Lors des neuf premiers mois de 2017, le cash-flow d’exploitation (Ebitda) a excédé les dépenses de capital et le montant représenté par les dividendes qui ont été versés, ce qui signifie que le cash-flow disponible est de nouveau positif. Durant cette période, les prix pétroliers ont atteint un niveau moyen de 52 dollars le baril. Grâce à un abaissement des coûts de l’ordre de 30% depuis 2013, BP atteint désormais le break-even lorsque le baril vaut 49 dollars; si son prix remonte à plus de 60 dollars, les cash-flows du groupe croîtront de manière exponentielle.

D’ici à 2021, la production augmentera en moyenne de 5% par an. Avant la catastrophe de 2010, BP produisait en moyenne 4 millions de barils de pétrole par jour. Au cours du troisième trimestre de 2017, il en a produit chaque jour 3,6 millions; c’est 14% de plus qu’un an plus tôt. L’an dernier, le groupe a lancé sept projets pétroliers et gaziers. En raison de ses investissements dans de nouveaux projets et de la faiblesse des flux de trésorerie consécutive à la baisse des prix pétroliers, l’entreprise n’avait guère eu de marge, ces dernières années, pour réduire son endettement. Elle y est néanmoins parvenue durant le troisième trimestre, et a ainsi vu son endettement net s’alléger à 39,8 milliards de dollars. Le taux d’endettement est dès lors passé de 28,8 à 28,4%. Une évolution qui s’accentuera encore lorsque BP percevra le produit de la vente d’actifs (entre autres quelques champs pétrolifères en mer du Nord). Des cash-flows plus abondants permettront également au groupe de dégager une marge pour renouer avec sa politique de rachat d’actions propres. Dans un premier temps, BP prévoit un montant de 400 millions de dollars par trimestre. Le groupe paiera une partie du dividende sous la forme d’actions. Le nouveau programme de rachat d’actions vise en premier lieu à neutraliser ces actions supplémentaires en circulation. A long terme, la baisse d’impôts annoncée aux Etats-Unis est une bonne chose pour BP mais à brève échéance, la mesure aura des répercussions négatives sur les pertes fiscalement déductibles de périodes antérieures. C’est pourquoi BP doit prendre une charge unique de 1,5 milliard de dollars.

Conclusion

L’action BP a été injustement délaissée. Les dettes de l’entreprise sont sous contrôle et ses flux de trésorerie augmentent à nouveau sous l’effet conjugué de la réduction de ses coûts et de la hausse des prix pétroliers. Cela offre à l’entreprise des perspectives pour relancer sa politique de rachat d’actions alors que le dividende restera à tout le moins stable. A 1,4 fois la valeur comptable et avec un rendement élevé, BP demeure un investissement intéressant.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Cotation : 1B

Cours : 515,8 pence

Ticker : BP LN

Code ISIN : GB00007980591

Marché : London Stock Exchange

Capit. boursière : 102,7 milliards de livres

C/B 2017 : 36

C/B attendu 2018 : 17

Perf. cours sur 12 mois : +13 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -1 %

Rendement du dividende : 5,8 %

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