Bond des recettes publicitaires d’Alphabet

Alphabet a largement de quoi accroître la rémunération des actionnaires. Comme il ne paie pas de dividende, cette rémunération revêtira la forme de rachats d’actions. Des acquisitions seraient un autre moyen de mobiliser la trésorerie, mais le cadre législatif se fait de plus en plus strict.

Alphabet, le holding qui chapeaute Google, avait enregistré au 2e trimestre la première baisse, de près de 2%, de chiffre d’affaires (CA) de son histoire. Les attentes, pour le 3e trimestre, n’étaient pas très ambitieuses, car l’aviation, le tourisme ou encore les transports, qui dépensent beaucoup en publicité, sont toujours quasi à l’arrêt. Mais le groupe a clos le trimestre sur un CA de 46,17 milliards de dollars, 14% de plus qu’à la même période un an plus tôt et 3,3 milliards de dollars de plus que le consensus.

Les recettes publicitaires ont bondi de près de 10%, à 37,1 milliards de dollars (80% du CA consolidé); elles sont générées par Google, YouTube et les plateformes comme AdSense et Google Ads. Fort d’une croissance de 32%, YouTube a franchi la barre des 5 milliards de dollars de CA. Google Cloud Platform et G Suite (vidéoconférences, entre autres) ont, elles, signé une envolée de 45% en glissement annuel, à 3,44 milliards de dollars (7,5% du CA consolidé). Alphabet occupe 7% du marché du cloud, contre 32% pour Amazon et 19% pour Microsoft. Le CA de Google Other (Play Store, notamment) a augmenté d’un tiers, à 5,48 milliards de dollars. Les Other Bets (voitures automotrices, intelligence artificielle) actent une perte opérationnelle de 1,1 milliard de dollars, sur un CA de 178 millions. Le bénéfice opérationnel consolidé a progressé de 22% en un an, à 11,2 milliards. La marge opérationnelle s’est par conséquent hissée à 24%, contre 17% au 2e trimestre.

Alphabet a achevé le 3e trimestre sur un cash-flow disponible de 11,6 milliards de dollars (34 milliards pour l’exercice actuellement) et une trésorerie de 132,6 milliards. L’émission d’une série d’obligations vertes a fait passer à 13,9 milliards de dollars sa dette à plus d’un an. Le groupe a largement de quoi accroître la rémunération des actionnaires; comme il ne paie pas de dividende, cette rémunération revêtira la forme de rachats d’actions, dont le budget a été augmenté de 28 milliards en début d’année. Des acquisitions seraient un autre moyen de mobiliser la trésorerie, mais le cadre législatif se fait de plus en plus strict. Le rachat de Fitbit, par exemple, n’est pas encore finalisé; Alphabet a payé 2,1 milliards de dollars pour ce producteur de moniteurs d’activité physique, mais a il dû s’engager à ne pas exploiter les données médicales des utilisateurs pour leur adresser de la publicité ciblée. Le plus grand danger vient du procès récemment engagé aux Etats-Unis pour violation des règles antitrust, qui vise sa position dominante (entre 70 et 95%, selon ses dires) sur le marché des recherches en ligne. Le contrat en vertu duquel Alphabet verse 8 à 12 milliards de dollars par an à Apple pour que Google soit le moteur de recherche standard de l’iPhone, est lui aussi pointé du doigt. L’éventualité d’une amende est toutefois le cadet de ses soucis: il risque surtout de devoir se défaire de son navigateur Chrome; à moins qu’il ne choisisse de se délester spontanément de certaines divisions? A suivre.

Conclusion

Le marché de la publicité s’est redressé plus rapidement que prévu, mais un nouveau creux, lorsque la deuxième vague de la pandémie s’abattra sur les marchés financiers, n’est pas à exclure. L’issue des procédures est incertaine mais compte tenu de l’aspect hautement symbolique qu’a pris le dossier, il est impossible qu’Alphabet en sorte indemne. L’investisseur paie 20 fois le CA pour acquérir le titre; même si le cours est soutenu par les rachats d’actions, c’est trop. Attendons.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 1.651,34 dollars

Marché: Nasdaq

Ticker: GOOG US

Code ISIN: US02079K1079

Capit. boursière: 1.095 milliards USD

C/B 2019: 33,5

C/B attendu 2020: 33

Perf. cours sur 12 mois: +28%

Perf. cours depuis le 01/01: +21%

Rendement du dividende: –

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