Bolloré, une action phare désormais à la traîne

Cyrille, Vincent et Yannick Bolloré

Cela fait quelques années que l’évolution du cours est devenue moins spectaculaire – nous ne sommes d’ailleurs pas fâchés d’avoir revendu nos titres avant que la valorisation de Bolloré devienne ultrabasse. A présent, l’action pourrait bénéficier d’un mouvement de rattrapage.

Si les résultats de l’exercice 2018 sont restés dans les mémoires, c’est surtout parce qu’ils avaient été accompagnés de l’annonce de la décision de Vincent Bolloré, âgé de 66 ans, de passer le flambeau de CEO et de président du conseil d’administration du holding à son fils Cyrille. Depuis, Vincent dirige (il n’en était jusqu’ici que le président du conseil d’administration) le holding Financière de l’Odet, coté en Bourse et détenteur de 64% des actions Bolloré. Il se retirera définitivement en 2022, à l’occasion du 200e anniversaire du groupe.

La performance de l’action Bolloré sur les 12 derniers mois est inférieure de 9% à celle du CAC 40. Nul n’est à l’abri d’un accident mais en cinq ans, l’action a cédé 61% à l’indice de référence français (-6%, contre +55%). Elle n’a en outre enregistré aucun nouveau sommet en plus de quatre ans alors que sur 10 ans, sa progression s’établit à 236%, contre 105% pour le CAC 40.

Le groupe a surtout consacré les dernières années à asseoir sa participation dans l’entreprise média française Vivendi (26,3% de participation; 29,6% des droits de vote), dans l’intervalle intégralement consolidée. Le joyau de Vivendi est Universal Music Group (UMG) qui, grâce au succès du streaming musical, affiche depuis plusieurs années d’excellents résultats, allant jusqu’à susciter l’intérêt du chinois Tencent, entre autres. Notons que cela fait cinq ans et, plus encore, 12 à 18 mois, que le titre Vivendi surclasse le CAC 40 (+74%, contre +55%) – Bolloré est donc en retrait par rapport à sa filiale. La société de portefeuille n’en a pas moins achevé le 1er semestre sur des résultats plus que satisfaisants. Son chiffre d’affaires (CA) a atteint 11,78 milliards d’euros, en hausse de 8% en données publiées et de 4% à cours de change et périmètre constants. Le bénéfice opérationnel (Ebit) consolidé a bondi de 35%, de 544 à 732 millions d’euros.

Bolloré Transport&Logistics, composé de Bolloré Logistics et, surtout, de Bolloré Africa Logistics, plus grand réseau logistique d’Afrique, assiste ces dernières années au recul très rapide de sa domination dans les chiffres et n’a pas enregistré plus de 1% de croissance de son CA (à 2,97 milliards d’euros) au 1er semestre. Bolloré Energy, deuxième distributeur de fioul domestique en France, se contente lui aussi d’une hausse de 1% (à 1,28 milliard d’euros). La branche Communication assure donc la majeure partie de la progression du CA (+14%, à 7,35 milliards d’euros; bond de 19% du CA d’UMG). Avec un recul de 12% de son CA (à 160 millions d’euros) et de nouvelles pertes, la branche Energies renouvelables peine à convaincre. Le CA des autres participations, dont les actifs agricoles, recule également (-17%, à 17 millions d’euros). Cela n’a pas empêché le résultat net, part du groupe, de s’envoler de 54%, à 149 millions d’euros (0,05 euro par action). Le CA du 3e trimestre traduit une accélération de 3%, à 6,17 milliards d’euros, de la croissance organique.

Conclusion

Les bonnes performances de Vivendi et, surtout, de sa (sous-)filiale UMG, ne se reflètent pas dans l’évolution du titre Bolloré. Vivendi est du reste le seul pôle à être orienté à la hausse ces derniers temps. La valorisation est donc tombée à 1,2 fois la valeur comptable, ce qui, d’un point de vue historique, est extrêmement peu. Le titre pourrait bénéficier d’un mouvement de rattrapage.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 3,75 euros

Ticker: BOL FP

Code ISIN: FR0000039299

Marché: Euronext Paris

Capit. boursière: 11,04 milliards EUR

C/B 2018: 36

C/B attendu 2019: 29

Perf. cours sur 12 mois: +2%

Perf. cours depuis le 01/01: +7%

Rendement du dividende: 1,6%

Partner Content