Blackberry

Offre conditionnelle

7,95 USD 3D ↓ A conserver spéc.

La situation du fabricant canadien de smartphones BlackBerry ne cesse de se détériorer. Une offre d’un groupe d’investisseurs pourrait certes délivrer l’entreprise et ses actionnaires de leurs tourments, mais rien n’est encore acquis. L’état de BlackBerry est en effet encore bien plus préoccupant que ce que l’on craignait. Au cours du 2e trimestre de l’exercice fiscal 2014 (de juin à août), BlackBerry a vendu à peine 3,7 millions de smartphones, alors que l’entreprise tablait sur 7,2 millions d’unités. Il s’agit principalement d’anciens modèles de la série 7, puisque les nouveaux modèles de la série 10 qui sont en stocks chez les distributeurs ne seront comptabilisés dans le chiffre d’affaires (CA) qu’au moment de leur vente effective aux clients finaux. Et c’est précisément à ce niveau le bât blesse : le consommateur n’est visiblement pas tombé sous le charme de la nouvelle figure de proue du groupe, le Z10. Le bureau d’études de marché IDC a calculé que la part de BlackBerry sur le marché mondial du smartphone était restée à 2,9% à peine au 2e trimestre, ce qui signifie que l’entreprise est distancée non seulement par Android et iOS, mais aussi par le Windows Phone. Quelques trimestres à peine après son lancement, BlackBerry sera déjà contrainte d’enregistrer une dépréciation de 930 à 960 millions USD sur les stocks de Z10. Une opération comptable qui plongera le groupe dans le rouge. Les chiffres provisoires révèlent encore que le CA ne dépassera pas 1,6 milliard USD, à peine la moitié des prévisions des analystes. BlackBerry a encore fait savoir que son assortiment de produits serait réduit de six à quatre modèles, dont deux modèles d’entrée de gamme et deux appareils destinés à un segment supérieur. Sans doute le groupe abandonnera-t-il le marché particulier pour se concentrer exclusivement sur les clients d’affaires. En outre, une profonde restructuration est à nouveau annoncée, avec la disparition de 4500 postes de travail, soit 40% des effectifs. Au terme de cette opération, le groupe n’emploiera plus que 7000 salariés. L’annonce anticipée de chiffres trimestriels aussi catastrophiques aurait logiquement dû entraîner un effondrement de l’action. Si ce n’a pas été le cas, c’est tout simplement en raison de l’offre d’achat conditionnelle d’un groupe d’investisseurs mené par Fairfax Financial Holdings, qui détient une participation de 9,9% dans BlackBerry. Le groupe constitué autour de Fairfax a l’intention de proposer 9 USD par action pour BlackBerry, ce qui valorise l’entreprise à 4,7 milliards USD. Les repreneurs potentiels ont à présent six semaines pour procéder à un examen approfondi des livres de comptes. Si BlackBerry trouve un autre repreneur au cours de cette période, elle devra payer 0,3 USD par action, soit environ 157 millions USD, au groupe d’investisseurs. En revanche, les repreneurs ne devront payer aucune amende s’ils se retiraient de la course ou abaissaient leur offre. Fairfax proprement dite n’apportera que sa participation propre, et n’injectera donc pas de liquidités supplémentaires. Autrement dit : plus de 3 milliards USD restent à trouver par le biais de diverses sources de financement. Le succès n’est absolument pas garanti, même si Mike Lazaridis, le cofondateur de BlackBerry qui dispose encore de 5,7% des actions, pourrait rejoindre le groupe d’investisseurs.

L’offre est conditionnelle (non contraignante) et le groupe d’investisseurs peut s’en distancier sans la moindre compensation si l’examen approfondi des livres n’est pas satisfaisant. Le scénario est d’ailleurs loin d’être improbable, tant les résultats des derniers trimestres démontrent que BlackBerry se trouve dans une situation dramatique. La branche hardware de l’entreprise n’a presque plus aucune valeur. Seuls les investisseurs les plus spéculatifs peuvent oser un petit pari. En tout cas, nous attribuons à l’action le rating de risque le plus élevé (3D).

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