BHP affiche une prime non justifiée

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Dans le sillage des prix du charbon et du minerai de fer, le cours de BHP Billiton a rebondi. Après la hausse des prix de ces matières premières essentielles au groupe, une correction est probable. Nous conseillons d’alléger les positions.

Le charbon et le minerai de fer représentaient à l’exercice écoulé, clos le 30 juin, 63% du cash-flow opérationnel (EBITDA) de BHP Billiton. Les hausses de prix sont une conséquence de l’accroissement de la consommation chinoise, qui semble cependant s’être calmée ces derniers mois. Entre janvier et août, la Chine a imposé 14,2% de charbon en plus qu’au cours de la même période un an plus tôt. Entre janvier et juin, le taux de croissance atteignait encore 23,5% sur une base annuelle. Même constat pour le minerai de fer, dont le rythme de croissance atteint encore 6,7% après 8 mois, contre 9,3% au premier semestre. La croissance est donc toujours réelle, mais le rythme diminue. Le cuivre et le pétrole s’adjugent ensemble 37% de l’EBITDA. En début de mois, le cuivre a aussi atteint son niveau le plus élevé en plus de 3 ans.

Au cours des 12 mois jusque fin juin, le chiffre d’affaires (CA) du groupe s’est accru de 23% sur une base annuelle, à un peu moins de 38 milliards de dollars. L’augmentation est essentiellement attribuable à des hausses de prix. L’EBITDA, à 20,3 milliards de dollars, est en ligne avec les attentes. Ce n’est pas le cas du bénéfice net, qui, à 6,7 milliards de dollars, est inférieur au consensus (7,3 milliards) en raison de charges d’intérêts accrues. Grâce à un cash-flow libre de 12,6 milliards de dollars, la dette nette a pu être encore allégée ; à 16,3 milliards de dollars, elle a presque atteint le haut de la fourchette que BHP avait définie comme objectif (10 à 15 milliards de dollars). Un an plus tôt, la dette nette totalisait encore 26,1 milliards de dollars. La grève du personnel de la mine de cuivre Escondida au Chili s’est traduite par une baisse des dépenses d’investissement et d’exploration de 32% en rythme annuel, à 5,2 milliards de dollars, ce qui est inférieur au chiffre prévu par BHP. Dans l’intervalle, la production est revenue à sa vitesse de croisière. À l’exercice courant, une partie du retard sera rattrapée. Les investissements sont budgétisés à 6,9 milliards de dollars, et pourraient se hisser à 8 milliards en 2019.

Le conseil d’administration est confronté à l’action d’Elliott Management Corp, le fonds activiste du milliardaire Paul Singer qui détient désormais 5% des titres. Elliott plaide notamment pour une vente de la branche Énergie, des revendications auxquelles BHP n’est pas sourd. Les actifs liés au schiste aux États-Unis sont effectivement en vitrine. Leur vente devrait rapporter au moins 6 milliards de dollars. Le groupe conserve les actifs pétroliers et gaziers dans le Golfe du Mexique et en Australie, et est prêt à céder Nickel West, en Australie, à condition d’en obtenir un prix juste. Le projet de potasse Jansen, en province canadienne de Saskatchewan, est mis entre parenthèses.

BHP applique une politique de dividende prévoyant le versement d’au moins la moitié du bénéfice net aux actionnaires. L’an dernier, il a versé bien plus (66%) : 4,4 milliards de dollars.

Conclusion

Les résultats annuels sont globalement conformes aux attentes, mais les matières premières qui contribuent le plus largement au bénéfice opérationnel pourraient faire l’objet d’une correction, vu la récente hausse. BHP affiche par rapport à Rio Tinto une prime importante que ses fondamentaux ne justifient pas. Nous allégerions dès lors les positions pour éventuellement racheter à meilleur compte ultérieurement.

Conseil : vendre

Risque : moyen

Rating : 3B

Devise : livre britannique

Marché : London Stock Exchange

Capit. boursière : 82,9 milliards GBP

C/B 2016 : 17

C/B attendu 2017 : 16

Perf. cours sur 12 mois : + 37 %

Perf. cours depuis le 01/01 : + 2 %

Rendement du dividende : 4,6 %

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