Bekaert: une réorganisation bienvenue

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Malgré les difficultés, l’aciériste est parvenu à maintenir les volumes de ventes, voire à les augmenter, sur de nombreux marchés.

L’exercice 2018 laissera des traces. La marge bénéficiaire de 10% visée à terme est oubliée, au profit d’un nouveau plan de réduction des dépenses. Bert De Graeve ne présidera pas le conseil d’administration au-delà du 8 mai. Mais surtout, l’organisation géographique va faire place à une structure articulée autour de quatre groupes de produits: renforcement caoutchouc, applications fil d’acier, produits spéciaux et Bridon-Bekaert Ropes Group (BBRG).

Cette nouvelle approche doit porter la marge bénéficiaire sous-jacente à 7% en quelques années (4,9% en 2018, contre 7,3% encore pour l’exercice précédent). Plusieurs dépenses de restructuration ponctuelles ont pesé sur le bénéfice net alloué aux actionnaires, qui s’établit désormais à 40 millions d’euros, soit un dividende de 0,70 euro par action seulement. La conjoncture internationale ne soutient pas la rentabilité, tant s’en faut; le protectionnisme américain engendre tant d’incertitudes que la direction prévoit un chiffre d’affaires stable pour cette année et ne se risque même pas à estimer le résultat bénéficiaire. Un accord entre les Etats-Unis et la Chine pourrait débloquer énormément de choses.

Mais Bekaert doit aussi s’en prendre à soi-même. S’il a échoué à répercuter suffisamment la hausse des prix des matières premières sur sa clientèle, c’est à cause de la complexité de sa structure, qui empêche d’identifier la partie responsable du compte de résultat des différentes divisions. La nouvelle organisation va heureusement changer la donne. Notons, ceci dit, qu’en Chine, les cours de l’acier commencent à baisser, ce qui signifie souvent que d’autres marchés vont suivre, même si la forte progression du prix du minerai de fer risque de venir gâcher le tableau.

Observer l’évolution du bénéfice opérationnel sous-jacent (chute de 301 à 210 millions d’euros) permet de mieux comprendre ce qui s’est passé. Les baisses de prix ont écrémé le résultat de 36 millions d’euros, les prestations décevantes de BBRG ont coûté 22 millions d’euros et l’amortissement intégral des actifs basés sur une technologie ancienne a fait perdre à l’activité fil d’acier chinoise 30 millions d’euros. Mais cette opération permettra au groupe d’abandonner totalement ce segment cette année si le chinois Metron, qui détient la moitié du marché, poursuit sa politique de prix particulièrement agressive destinée à mettre la concurrence à genoux. L’activité fil d’acier ne devrait, estime la direction, apporter aucune contribution au bénéfice en 2019.

Reste que sur de nombreux marchés, l’aciériste est parvenu à maintenir les volumes de ventes, voire à les augmenter. Citons en particulier celui des pneumatiques chinois, où sa part de marché et son pouvoir de fixation des prix ont progressé. Bridon-Bekaert Ropes Group, qui montre des signes d’amélioration, devrait également se porter mieux cette année.

Conclusion

Bekaert tente de remettre de l’ordre dans ses activités en simplifiant son organisation et en se concentrant davantage sur les résultats. Aussi longtemps que le conflit qui oppose les Etats-Unis à la Chine fera obstacle au redressement de l’économie mondiale, le contexte demeurera difficile. Avec un rapport cours/bénéfice de 10 et une valeur d’entreprise (EV) de 6 fois les cash-flows opérationnels, la valorisation est très intéressante, mais il est trop tôt pour se précipiter. Nous conseillons toujours de conserver.

Conseil: conserver

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 23,5 euros

Ticker: BEK BB

Code ISIN: BE0974258874

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 1,35 milliard EUR

C/B 2018: 14

C/B attendu 2019: 10

Perf. cours sur 12 mois: -38%

Perf. cours depuis le 01/01: +15%

Rendement du dividende: 3%

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