Barrick Gold

Année de transition

Alors que 2013 fut l’une des pires années de la décennie écoulée pour l’industrie des mines d’or, le secteur semble reprendre vie ces dernières semaines. L’an dernier, le groupe minier canadien Barrick Gold a pris des mesures draconiennes pour mieux s’armer contre un environnement très hostile à l’or. Le métal jaune a connu sa pire année depuis 1981, avec une perte de 28%. De ce fait, les cash-flows se sont effondrés et le plus grand producteur d’or au monde a dû acter de lourdes dépréciations sur la valeur comptable de ses actifs. Au 4e trimestre, ces dépréciations ont atteint 2,82 milliards USD, ce qui a creusé la perte nette à 2,83 milliards USD. Le report du projet Pascua-Lama (voir IB-45B/2013) en a affecté la valeur comptable, alors que la diminution de la durée de vie attendue de la mine de Porgera en Papouasie-Nouvelle-Guinée a également donné lieu à une réduction de valeur. L’inflation élevée en Argentine a contraint Barrick à acter une dépréciation de 300 millions USD sur la mine de Veladero. Sur l’ensemble de l’année 2013, ces dépréciations et réductions de valeur ont culminé à 11,5 milliards USD, dont la moitié peut être attribuée au projet de Pascua-Lama. La perte nette pour 2013 a ainsi atteint 10,4 milliards USD. Barrick a réagi en réduisant le dividende de 75%. Par ailleurs, plusieurs activités non essentielles ont été mises à l’étalage, dont une partie a déjà été vendue. C’est notamment le cas de la branche Energie du groupe, de cinq mines australiennes et de la participation minoritaire dans une mine américaine. L’objectif est de ne conserver que les actifs les plus rentables. A la moitié de l’année, le nombre de mines opérationnelles du groupe sera retombé de 27 à 19. Les activités de Barrick sont articulées autour de cinq actifs clés : Cortez et Goldstrike au Nevada, Pueblo Viejo en République Dominicaine, Lagunas Norte au Pérou et Veladero en Argentine. Ces mines représentent ensemble 55% de la production du groupe, qui s’est établie l’an dernier à 7,17 millions d’onces. Ces actifs sont également ceux qui présentent les coûts de production les plus bas, avec un coût all-in de moins de 700 USD l’once. Au niveau du groupe, le coût all-in atteignait 915 USD l’an dernier, en baisse de 11% par rapport à l’année précédente. La production devrait à nouveau reculer entre 6 et 6,5 millions d’onces en 2014, pour un coût de production total moyen compris entre 920 et 980 USD. Dépenses d’investissement et budgets d’exploration seront réduits de moitié en 2014. Depuis l’émission d’actions à l’automne dernier, qui lui a rapporté 3 milliards USD, Barrick est parfaitement à même de résister à une mauvaise passe financière. L’opération, qui a bien entendu engendré une dilution des positions existantes, lui a permis de réduire son endettement d’un peu plus de 20%. Le groupe a également négocié le prolongement jusqu’en 2019 d’une facilité de crédit de 4 milliards USD et l’étalement du remboursement d’une dette de 3 milliards USD. La majeure partie de la dette à long terme arrive à échéance en 2023 et 2043. Les remboursements pour cette année et l’an prochain ne dépasseront pas 300 millions USD. Cela laisse du temps à Barrick pour retrouver des cash-flows libres positifs.

Conclusion

L’action a diminué de moitié l’an dernier et a même atteint son plus bas niveau en plus d’une décennie en juillet. Avec le modeste redressement du cours de l’or, elle a depuis le vent en poupe. 2014 s’annonce comme une année de transition. Les cash-flows libres devraient redevenir positifs à partir de l’an prochain. Barrick est digne d’achat, mais limitez (provisoirement) les positions.

Conseil: digne d’achat

Risque: moyen

Rating: 1C

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