Barrick Gold

Nouvelle dépréciation en vue

14,51 USD – 1D

Il y a quelques semaines, nous écrivions qu’une entrée en service du projet Pascua-Lama – dans la cordillère des Andes – au 2e semestre 2014, comme prévu, était peu vraisemblable. L’information a été confirmée par Barrick Gold elle-même quelques jours avant la fin du 2e trimestre. Pascua-Lama est l’un des plus grands projets de mine d’or en développement et une fois la mine opérationnelle, les coûts d’exploitation seront très réduits. Mais le projet est une succession de retards, de problèmes juridiques et de dépassements de budget. Au départ, le prix de revient total avait été budgétisé à 3 milliards USD. Ce chiffre a entre-temps été relevé 8,5 milliards USD et il n’y a aucune garantie qu’il ne le soit pas encore. Le nouvel objectif est la mi-2016 mais comme l’inflation fera son oeuvre entre-temps, il n’est pas exclu que le cap des 10 milliards USD soit franchi. Barrick a investi près de 5 milliards USD dans Pascua-Lama à ce jour. Il est donc trop tard pour reculer. Barrick va cependant modifier son approche du projet. Au début de cette année, la construction a dû être arrêtée du côté chilien de la frontière après un conflit avec la population locale sur le traitement des eaux usées de la mine. Un tribunal chilien ayant imposé une astreinte à Barrick, une série de questions environnementales devront être résolues avant de pouvoir reprendre les travaux. Cette année et l’an prochain, Barrick réduira ses dépenses dans Pascua-Lama de 1,5 à 1,8 milliard USD. Report n’est certes pas synonyme d’abandon. Mais ces difficultés ont encore d’autres conséquences fâcheuses. Une dépréciation de 4,5 à 5,5 milliards USD devrait être enregistrée sur la valeur comptable de la mine. Et il est peu probable que l’on en reste là, car la valeur de marché des autres actifs sera également analysée. On en saura plus lors de la publication des résultats trimestriels dans quelques semaines. Le report de Pascua-Lama a également des conséquences pour les sociétés de royalties Silver Wheaton et Royal Gold. Silver Wheaton devait recevoir 9 millions d’onces troy d’argent extrait à titre de produits secondaires chaque année. Mais la modification du timing remet tout en question. Le pipeline jadis si promoteur du groupe apparaît aujourd’hui bien maigre, après la mise au frigo de Cerro Casale. La mine de Goldrush, au Nevada, sera mise en service au plus tôt en 2015. Le point positif est en revanche que Pueblo Viejo atteint peu à peu sa vitesse de croisière. Barrick produira cette année entre 7 et 7,4 millions d’onces d’or, contre 7,42 millions d’onces l’an dernier. Son statut de plus grand producteur d’or au monde n’est cependant pas menacé car les autres grands groupes miniers sont confrontés aux mêmes problèmes. Dans de nombreux cas, le coût de production total a même dépassé le prix de l’or. Cette situation n’est plus tenable sans fermetures de mines à terme.

Barrick Gold a rejoint la liste de plus en plus longue des producteurs d’or qui s’échangent nettement sous leur valeur comptable. Le cours a atteint son plus bas niveau depuis début 2003 et il faut remonter à 1992 pour trouver des chiffres plus bas sur les tables de cotation. Une valeur comptable qui sera réduite après les nouvelles dépréciations prévues sur Pascua Lama et sans doute sur d’autres actifs. Malgré le maigre pipeline de nouveaux projets à court terme, il ne semble pas qu’un autre producteur d’or ravisse à Barrick la position de 1{+e}{+r} producteur d’or au monde. Le sentiment vis-à-vis des actions de mines d’or n’avait plus été aussi négatif depuis plus d’une décennie. Puisque la plupart des producteurs sont encore à peine rentables, des réductions de production devraient intervenir rapidement. Dans l’attente d’une hausse du cours de l’or, seul le rendement de dividende élevé (5,2%) apporte une (maigre) consolation. L’action est digne d’achat, mais nous relevons la note de risque (1D).

DIGNE D’ACHAT

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