Barrick Gold: sans doute le début d’une longue saga

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Si le rapprochement entre Barrick et Newmont Mining se concrétisait, le groupe issu de la fusion serait le plus grand producteur d’or au monde.

Les fusions et acquisitions, dans le secteur des mines d’or, ont été rares ces dernières années. Lourdement endettés, les grands producteurs ont préféré jouer la carte des économies. Mais la donne a changé cet automne: en rachetant le britannique Randgold Resources pour 5,4 milliards de dollars, Barrick Gold est redevenu le premier producteur d’or au monde.

Son compatriote Newmont Mining a riposté début janvier en s’offrant Goldcorp; d’un montant de 10 milliards de dollars, l’opération lui a permis de retrouver le sommet du classement. La semaine dernière, c’était au tour de Barrick d’annoncer une offre sur… Newmont. Une telle fusion accoucherait du plus grand producteur d’or au monde, un conglomérat qui éclipserait totalement la concurrence en termes de production et de réserves. Barrick propose d’échanger une action Newmont contre 2,5694 actions Barrick, un rapport basé sur le cours de clôture moyen des 20 séances qui ont précédé l’offre. Il n’est donc pas question de prime d’acquisition – le titre Barrick cède au contraire du terrain depuis l’annonce, si bien que les actionnaires de Newmont ne percevraient même pas la valeur actuelle des titres en Bourse. Au terme de la transaction, les actionnaires de Barrick détiendraient 56% du nouveau groupe, ceux de Newmont, 44%. L’offre n’est pas de nature à séduire le conseil d’administration de Newmont. Barrick veut par ailleurs revenir sur le rachat de Goldcorp par Newmont – ce qui serait du reste, selon certains, l’unique objectif de toute l’opération (Goldcorp aurait dans ce cas droit à une indemnité de rupture de 650 millions de dollars). La direction de Barrick met, elle, en avant les nombreuses synergies que permettrait le rapprochement. Notamment dans l’Etat du Nevada, où les deux entreprises exploitent des mines voisines.

Le groupe issu de la fusion contrôlerait huit des mines d’or Tier1 (production annuelle d’au moins 500.000 onces troy, durée de vie commerciale d’au moins dix ans et coûts de production réduits) du monde. Outre les cash-flows disponibles les plus élevés de l’industrie, Mark Bristow, le CEO de Barrick, promet sept milliards de dollars d’économies, aujourd’hui et demain. Mais la situation est compliquée. Aux problèmes qu’avait déjà Barrick en Tanzanie avec sa filiale Acacia Mining, l’intégration de Randgold est venue ajouter troubles sociaux en Côte d’Ivoire, incertitudes politiques en République démocratique du Congo et litige fiscal au Mali. Le profil de risque de Barrick s’est ainsi considérablement accru. Le nouveau groupe serait sans doute contraint de céder des actifs. L’on dit que Newcrest Mining se serait engagé à racheter les activités australiennes, ce qu’aucune des parties ne confirme. Pour l’heure, Gary J. Goldberg, le CEO de Newmont, ne veut pas aller plus loin qu’une joint-venture au Nevada.

Barrick et Newmont avaient déjà tenté, en vain, un rapprochement en 2014. Depuis, Newmont a vu son cours s’envoler de 50%, alors que l’action Barrick reculait de 30%. De même, Newmont a surpassé les attentes au quatrième trimestre, quand Barrick publiait des dépenses prévisionnelles décevantes pour cette année. La réaction des titres en Bourse montre également que le projet ne convainc pas les marchés.

Conclusion

L’opération n’en est actuellement nulle part et il est peu probable que Newmont accepte les conditions de l’offre. L’acquisition de Goldcorp par Newmont se poursuit donc normalement. Nous assistons sans doute au début d’une longue saga. Nous abaissons la note de Barrick à conserver/attendre.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 12,59 dollars

Ticker: GOLD US

Code ISIN: CA0679011084

Marché: New York Stock Exchange

Capit. boursière: 22 milliards USD

C/B 2018: 185

C/B attendu 2019: 34,5

Perf. cours sur 12 mois: +4%

Perf. cours depuis le 01/01: -9%

Rendement du dividende: 2,2%

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