Barrick Gold: production en baisse, cash-flows en hausse

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La tendance qu’ont de plus en plus d’Etats à revendiquer une part plus large du gâteau sans base légale est certes inquiétante pour le secteur mais dans le cas de Barrick Gold, géographiquement très diversifié, il n’y a pas lieu d’en surestimer les répercussions.

Deuxième exploitant d’or au monde, Barrick est actif sur tous les continents. Bien qu’ayant achevé le 1er trimestre sur d’excellents résultats, il a dû abaisser ses prévisions de production pour l’exercice – pour une fois, cela n’a rien à voir avec le confinement, qui n’a concerné que la mine argentine de Veladero, à présent rouverte.

Le groupe prévoyait de produire 4,8-5,2 millions d’onces troy d’or en 2020, un chiffre désormais ramené à 4,6-5 millions d’onces. Grâce à la chute du cours du pétrole et à l’évolution des cours de change, le coût de production (920-970 dollars) devrait, lui, demeurer inchangé. La cause du ralentissement de la production se trouve en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où Barrick exploite, dans le cadre d’une joint-venture avec le chinois Zijin Mining, la mine de Porgera, dont le gouvernement a refusé en avril de renouveler le permis d’exploiter. La tentative de médiation imposée par le juge ayant échoué, l’affaire ira plus loin. Dans l’intervalle, le site est en mode maintenance. La Papouasie réclame en outre 191 millions de dollars de supplément d’impôt à la suite de contrôles exercés entre 2006 et 2015 et accuse le groupe d’avoir exporté illégalement vers l’Australie pour 13 millions de dollars d’or et d’argent; pour sa défense, la direction affirme que l’extraction relève de l’ancienne licence. La situation est en tout état de cause très déséquilibrée, et aucune solution n’est en vue. La production annuelle de Porgera était estimée à 240.000-270.000 onces troy, soit 5% de celle du groupe. La situation rappelle le conflit en Tanzanie, auquel Barrick a mis fin en versant 300 millions de dollars pour régler un litige fiscal et lever l’interdiction d’exporter. La tendance qu’ont de plus en plus d’Etats à revendiquer une part plus large du gâteau sans base légale est certes inquiétante pour le secteur mais dans le cas de Barrick, géographiquement très diversifié, il n’y a pas lieu d’en surestimer les répercussions.

Malgré une production d’or limitée à 1,25 million d’onces, le chiffre d’affaires du 1er trimestre a atteint, grâce à la hausse du cours du métal précieux, 2,7 milliards de dollars, contre 2,1 milliards un an plus tôt. Le cash-flow opérationnel (Ebitda) ajusté est passé de 1 milliard de dollars l’an dernier à 1,47 milliard (consensus: 1,3 milliard). Financièrement, Barrick se porte bien. Il a vendu, fin 2019, Massawa (Sénégal) à Teranga Gold, pour 256 millions de dollars en espèces et 20,7 millions d’actions Teranga (11% de participation), dont le cours a plus que triplé depuis. Il a dégagé au 1er trimestre pour 438 millions de cash-flows disponibles, et allégé de 17%, à 1,85 milliard de dollars (0,3 fois l’Ebitda des quatre derniers trimestres), son endettement net. Qui, à ce rythme, passera sous la barre du milliard en 2020 encore. Les investissements se situeront cette année dans le bas de la fourchette prévisionnelle (1,6-1,9 milliard de dollars). Barrick accorde la priorité à l’expansion de Cortez Deep, Goldrush et Pueblo Viejo.

Conclusion

Barrick Gold sort relativement indemne de la crise, mais le gros de la production se concentrera sur le 2e semestre. L’endettement est presque totalement résorbé et l’augmentation du cours de l’or propulse les cash-flows vers le haut, ce qui pourrait permettre de relever le dividende ou de procéder à des acquisitions. Inhérents au secteur, les problèmes géopolitiques ne doivent pas détourner l’attention du pipeline, bien garni, de nouveaux projets. Barrick reste une valeur de base dans un portefeuille investi dans l’or.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 26,73 dollars

Ticker: GOLD US

Code ISIN: CA0679011084

Marché: NYSE

Capit. boursière: 47,7 milliards USD

C/B 2019: 11

C/B attendu 2020: 32

Perf. cours sur 12 mois: +74%

Perf. cours depuis le 01/01: +44%

Rendement du dividende: 1%

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