Barco

Nouveaux pôles de croissance

58,12 EUR – 3B Conserver

L’action Barco est jusqu’à présent l’une des moins performantes sur la Bourse de Bruxelles en 2013, avec un gain de quelques pour cent seulement par rapport au début de l’année. Cela s’explique d’une part par des chiffres semestriels qui n’ont pas répondu totalement aux attentes dans plusieurs domaines (p.ex. en termes de nouvelles commandes), et d’autre part par l’incertitude entourant les taux de croissance dans le cinéma numérique. Après un début difficile et une percée plus tardive que prévu, Barco est devenu le leader mondial du cinéma numérique sous l’impulsion de son directeur Eric Van Zele. On recense environ 150.000 grandes salles de cinéma dans le monde, dont près de trois quarts ont déjà été numérisés. Barco évalue le potentiel restant à près d’un milliard USD. La division Projection qui, outre le cinéma numérique, comprend toutes les activités de projection, a pris à son compte près de la moitié du chiffre d’affaires (CA) du groupe au 1er semestre. Malgré une hausse du CA de 1,6%, la marge sur les cash-flows opérationnels (EBITDA) est restée inférieure à son niveau record de 2012. Le marché du remplacement des projecteurs numériques se formera au plus tôt en 2016. Bien que l’aventure du cinéma numérique ne soit pas encore terminée, Barco a donc besoin d’un autre moteur pour sa croissance, et si possible de plusieurs. L’entreprise mise dès lors sur plusieurs chevaux. Lors de la journée des investisseurs du début du mois, la direction a abattu quelques-unes de ses cartes. Barco a l’ambition de devenir leader dans toutes les divisions dans lesquelles elle est active. Outre la Projection, il y a les soins de santé (Healthcare), les salles de contrôle avancées (Advanced Visualization) ainsi que la défense et l’industrie aéronautique. Une nouvelle gamme de projecteurs destinés à être associés à des serveurs capables de communiquer également avec d’autres appareils (ordinateurs, tablettes, smartphones) a été développée dans le segment Professional AudioVisual (AV). Barco entend ainsi s’introduire dans le segment médian des projecteurs pour salles de réunion, salles de réception et salles de contrôle. L’an dernier, le CA de la division Corporate AV représentait moins du dixième de celui du cinéma numérique. L’objectif est de les rapprocher au cours des années à venir. Pour le futur, Barco mise également sur les revenus de la technologie laser qui a été mise sur le marché en 2014, le son numérique (3D, Auro) et les services associés aux projecteurs. Le coeur d’activité de Barco se déplacera ainsi du hardware vers le software et les services. Ces objectifs ont également été chiffrés. Barco se donne quatre ans pour atteindre un CA de 1,5 milliard EUR. C’est 30% de plus qu’en 2012. Le groupe vise également des cash-flows libres de 75 millions EUR par an. Ces cash-flows libres étaient encore négatifs au 1er semestre en raison de dépenses fiscales et de la distribution de dividendes (1,4 EUR par action). Cette semaine, on a encore appris qu’Urbain Vandeurzen, le président du conseil d’administration de l’actionnaire GIMV, s’était constitué une participation personnelle de 2,85% dans Barco.

Le marché de la visualisation est en pleine évolution et il ne sera pas aisé pour Barco de maintenir ou de renforcer son leadership technologique dans les segments où l’entreprise est performante. De nouveaux produits et de nouveaux débouchés doivent compenser le ralentissement de la croissance du cinéma numérique jusqu’à la formation d’un marché de remplacement. Nous nous attendons à un meilleur 2{+e} semestre, mais 2014 (et les années suivantes) reste entourée d’incertitude. L’optimisme du management doit également être soutenu par l’évolution macroéconomique car les activités du groupe restent cycliques de nature. L’excellente gestion financière et le dividende sont en tout cas des atouts non négligeables. A 9 fois le bénéfice ajusté de l’exercice en cours, la valorisation de Barco nous semble correcte. Les investisseurs à long terme attendront. L’action est à conserver pour l’instant (3B).

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