Balta: l’avertissement de trop

Les mauvaises nouvelles se succédant, le cours de Balta a cédé 60% depuis l’introduction en Bourse, en juin 2017. Le groupe parviendra-t-il à regagner la confiance des investisseurs et analystes? Sous l’impulsion du futur CEO, peut-être, et en cas de reprise conjoncturelle.

Le producteur de revêtements de sol textiles a présenté son rapport relatif au deuxième trimestre. A cette occasion, il a, hélas, indiqué avoir revu à la baisse le bénéfice prévisionnel. Ce nouvel avertissement a entraîné le départ immédiat du CEO, Tom Debusschere – que le président du conseil d’administration, Cyrille Ragoucy, remplace provisoirement. Ces annonces n’ont pas fait l’effet d’une bombe. Il faut dire que depuis son introduction en Bourse d’Euronext Bruxelles, en juin 2017, le groupe a habitué les analystes et investisseurs aux mauvaises nouvelles. Lesquelles ont ramené progressivement l’action à près du tiers de son cours d’introduction (13,25 euros).

Le cours du leader mondial des tapis tissés et numéro 1 européen des moquettes à usages commercial et résidentiel souffre depuis la première séance de cotation. Si la valorisation de Balta semblait attrayante, avant l’IPO, c’est parce que les perspectives avaient été présentées sous un jour bien trop favorable. L’état du marché n’a cessé de se dégrader au deuxième semestre de 2017. Fin novembre, la direction avait, à juste titre, abaissé la marge de Rebitda (cash-flow d’exploitation récurrent/chiffre d’affaires) prévisionnelle à une fourchette de 12,7-12,9%. Elle s’est effectivement établie à 12,8% (contre 14,6% un an plus tôt). Au cours des six premiers mois de l’exercice courant, la marge bénéficiaire s’est contractée à 10,6%. Ce sont, d’une part, les fluctuations des cours de change qui n’ont cessé d’éroder la rentabilité du groupe. On le savait déjà exposé au marché britannique et donc, à la livre sterling, mais l’affaiblissement du dollar a, lui aussi, pesé sur ses marges. D’autre part, la hausse des cours des matières premières a affecté la rentabilité du producteur. Depuis la fin de 2017, Balta voit ses volumes de ventes se contracter. Comme ses concurrents (Carpetright, entre autres), il déplore une baisse du taux de fréquentation.

Durant le premier semestre, le chiffre d’affaires (CA) s’est replié de 3,6%, à 321,9 millions d’euros, la croissance interne ayant, elle, cédé 8,8%. Si les ventes de tapis tissés (CA: -20,3%) et de moquettes à usage résidentiel (-13,4%) se sont fort contractées, celles de moquettes à usage commercial ont bondi (+40,6%) grâce à la contribution de Bentley Mills, acquis au premier trimestre de l’an dernier. Le cash-flow d’exploitation (Ebitda) ajusté a plongé de 26,6% (de 49,5 à 34,2 millions d’euros) au premier semestre, ce qui n’est pas sans rappeler l’évolution du premier trimestre (-23,7%). Par ailleurs, fin juin, la dette nette s’élevait à 272,3 millions d’euros, soit quelque 3,8 fois l’Ebitda. Outre ces résultats, toujours décevants, Balta a annoncé, comme évoqué ci-dessus, un nouvel ajustement des prévisions annuelles en matière de Rebitda, à 82-87 millions d’euros, la plupart de ses marchés se reprenant pas.

Conclusion

L’importance du taux d’endettement nous contraint à relever la note de risque à “élevé”. Compte tenu de la pression que ressent toujours le secteur, nous ne serions pas étonnés si, dans un futur proche, la direction de Balta annonçait une restructuration de grande ampleur. La valorisation demeure très basse, à huit fois le bénéfice escompté pour cet exercice, une valeur d’entreprise (EV) correspondant à moins de six fois l’Ebitda et, surtout, à 0,7 fois la valeur comptable. Elle est justifiée: le groupe a perdu la confiance des analystes et investisseurs. C’est pourquoi il est, selon nous, prématuré de préconiser l’achat du titre.

Conseil : conserver/attendre

Risque : élevé

Rating : 2C

Cours : 5,18 euros

Ticker : BALTA BB

Code ISIN : BE0974314461

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 186 millions EUR

C/B 2017 : 6

C/B attendu 2018 : 8

Perf. cours sur 12 mois : -55 %

Perf. cours depuis le 01/01 : – 40 %

Rendement du dividende : 1,5 %

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