Le groupe doit percer dans la technologie UVE pour réaliser ses objectifs ambitieux en termes de bénéfice et de chiffre d’affaires pour 2020. C’est dans cette optique qu’il a fait l’acquisition (coûteuse) de Hermes Microvision Inc.

L’ancienne filiale de Philips _ issue de la scission du géant de l’électronique en 1995 _ ASML est devenue le leader incontesté sur le marché des équipements de production pour le secteur des semi-conducteurs. Les Néerlandais comptent à peu près tous les grands fabricants de semi-conducteurs parmi leurs clients et collaborent étroitement avec certains d’entre eux (dont Intel). L’industrie des semi-conducteurs connaît une période difficile, notamment en raison de la morosité du marché du PC. De plus, l’époque où le segment des appareils mobiles (smartphones) enregistrait des taux de croissance impressionnants est également révolue. Le ralentissement de la croissance doit être compensé par d’autres segments, comme l’Internet des Objets qui relie entre eux les appareils les plus divers. Son essor alimente la demande de semi-conducteurs de plus en plus petits et de moins en moins énergivores. La technologie de production doit également s’y adapter. C’est pourquoi ASML travaille depuis quelques années sur la technologie UVE, basée sur le rayonnement ultraviolet extrême. ASML entend vendre six à sept machines UVE cette année. La véritable percée commerciale est cependant prévue pour 2017, et le groupe veut vendre 40 à 45machines à l’horizon 2020. Pour accélérer le développement de cette technologie, ASML procède également à des acquisitions. Il y a deux ans, les Néerlandais avaient déjà racheté la société américaine Cymer, spécialisée dans la technologie laser. Au début de ce mois, ils ont racheté l’entreprise taïwanaise Hermes Microvision Inc. (HMI), spécialisée dans des technologies de mesure et de réglage qui doivent encore accroître l’efficacité de la production des puces électroniques. ASML a déboursé 2,75milliards EUR pour l’acquérir, ce qui semble beaucoup pour une entreprise qui réalise un chiffre d’affaires (CA) de 182millions EUR et un bénéfice net de 64millions EUR. Mais le montant proposé, supérieur de 31% au cours de Bourse, reste toujours plus de 40% sous la valeur boursière qu’affichait encore HMI l’an dernier. Une percée de la technologie UVE est indispensable pour que la direction puisse honorer ses promesses. ASML table en effet sur un CA de 10milliards EUR d’ici 2020, contre 6,3milliards EUR l’an dernier. De plus, le bénéfice par action doit tripler par rapport à 2014, ce qui correspond à plus de 8EUR par action. Et nous en sommes encore loin, puisque les ventes n’ont pas dépassé 1,33milliard EUR au 1ertrimestre, en baisse de 19% par rapport au même trimestre de l’an dernier. La marge brute est retombée à 42,6%, contre encore 47,2% au cours de la même période l’an dernier. Le carnet de commandes total s’élevait à un peu plus de 3milliards EUR. ASML avait 3,14milliards EUR en caisse à la fin du 1ertrimestre, dont 750millions EUR financeront encore l’acquisition. Le groupe a également contracté un emprunt de 1,5milliard EUR, et le solde proviendra de l’émission de 5,9millions d’actions. Au début de l’année, ASML a annoncé un relèvement du dividende de 0,7EUR à 1,05EUR par action.

Conclusion

2016 sera une année de transition chez ASML, durant laquelle le groupe se concentrera sur la mise au point de la technologie UVE, cruciale pour son avenir. L’acquisition relativement chère doit également être vue dans ce cadre; ASML veut ainsi réaliser ses objectifs ambitieux en termes de bénéfice et de CA pour 2020. À près de 30fois le bénéfice des quatre derniers trimestres, l’action est chère. Nous attendons une fenêtre d’entrée plus favorable.

Conseil : conserver/attendre

Risque : faible

Rating : 2A

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