Ne déçoit pas

67,56 EUR – 4C ALLéGER

Les choses bougent dans le segment des sous-traitants au secteur des semi-conducteurs. Le mois dernier, les Américains d’Applied Materials et les Japonais de Tokyo Electron, respectivement numéros 1 et 3 du secteur, ont annoncé leur intention de fusionner. Le groupe néerlandais ASML, leader sur le marché européen, se retrouverait dès lors en net déficit face à la combinaison des deux. Pourtant, la fusion n’aura que peu d’impact opérationnel sur ASML. Les Néerlandais se sont spécialisés dans les systèmes lithographiques pour la production des wafers (tranches de silicium) fabriqués dans la première phase du processus de production. Le nouveau groupe fusionné n’est guère actif dans ce segment et ne constitue donc pas une menace. Après un excellent 2e trimestre, les attentes étaient assez élevées pour le 3e trimestre. Les Néerlandais n’ont pas déçu, même si les incertitudes qui entourent la nouvelle technologie EUV (extrême ultraviolet) ne rassurent pas les analystes et autres investisseurs. ASML a vendu 34 nouveaux systèmes, et le chiffre d’affaires (CA) a progressé de 7% sur une base annuelle à 1,318 milliard EUR. La bonne performance du 1er semestre était attribuable à l’augmentation de la demande de machines servant à la production de puces de mémoire et de microprocesseurs pour tablettes et smartphones. Au 3e trimestre, la croissance a davantage été portée par les puces logiques (conversion de signaux analogiques en signaux numériques). Le bénéfice net a reculé de 30% à 193 millions EUR. Attendue, cette baisse est la conséquence d’une intensification des investissements en recherche et développement. Au 3e trimestre, ces dépenses ont augmenté de 50% par rapport à l’année précédente. La plupart de ces efforts sont bien entendu concentrés dans la technologie EUV qui doit permettre à ASML de fabriquer des puces plus petites, mais aussi plus puissantes. On s’attendait à ce que l’acquisition du spécialiste Cymer (Etats-Unis) accélère le développement de cette technologie, mais c’est le contraire qui s’est produit. Cymer développe la source lumineuse qui doit éclairer les tranches. ASML maintient pour l’instant ses prévisions précédentes : il devrait être possible de produire 70 tranches à l’heure au terme du 1er semestre de l’an prochain, un rythme qui sera ensuite porté à 215 tranches à l’heure dans le courant de l’année 2015. L’EUV ne deviendrait un marché de volume qu’en 2015. La marge brute (40,3%) est restée à peu près au même niveau qu’au trimestre précédent. En raison de l’augmentation des dépenses, la marge opérationnelle est cependant retombée à 16,1%. Les Néerlandais ont décroché des commandes pour 51 nouveaux systèmes d’une valeur commerciale totale de 1,415 milliard EUR, ce qui est supérieur aux attentes. Le carnet de commandes total s’élève à présent à 59 systèmes (valeur : 1,838 milliard EUR). On table désormais sur un CA de 1,8 milliard EUR pour le 4e trimestre, ce qui porterait le CA total pour 2013 (y compris l’acquisition de Cymer) à 5,2 milliards EUR. La marge brute devrait augmenter de 43 à 44%. ASML a également fait part de ses prévisions pour 2014 : l’entreprise table sur un 1er semestre aussi bon que le 2e semestre de cette année. Le groupe a placé pour 750 millions EUR d’obligations à 10 ans, et racheté de manière anticipée les obligations venant à échéance en 2016 pour 417 millions EUR.

Après un excellent premier semestre et une révision à la hausse des prévisions annuelles, l’action s’approche d’un nouveau record. Bien que les derniers résultats trimestriels et les perspectives aient satisfait aux attentes, l’action a perdu un peu de terrain. L’incertitude entourant l’évolution de la technologie EUV a servi de prétexte à des prises de bénéfice. Mais le cours d’ASML était tout simplement devenu prohibitif : comme pour de nombreuses autres actions, de tels niveaux de valorisation exigent la perfection. A 23 fois le bénéfice opérationnel attendu, l’action reste d’ailleurs assez chère. Réduire (4C).

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