ArcelorMittal a accru son capital

. © .

Le plus grand aciériste mondial a créé la surprise en levant deux milliards de dollars. Le groupe s’est restructuré, est leader de marché et présente une valorisation très faible. Cette opération offre donc un bon point d’entrée.

Le 11 mai, peu après la publication de chiffres meilleurs que prévu pour le 1er trimestre, le plus grand aciériste mondial a, contre toute attente, levé 2 milliards de dollars – une somme énorme par rapport aux 8,8 milliards de dollars de capitalisation boursière: 750 millions de dollars grâce à l’émission de 80,9 millions de nouvelles actions à 9,27 dollars l’unité et 1,25 milliard par le biais d’obligations convertibles subordonnées d’une durée de trois ans, assorties d’un coupon de 5,5% et d’un prix de conversion entre 9,27 et 10,89 dollars.

Au 31 mars, le groupe détenait 9,8 milliards de dollars de liquidités, soit 4,3 milliards en espèces et une ligne de crédit inutilisée de 5,5 milliards de dollars; une ligne supplémentaire de 3 milliards de dollars sur un an a été ouverte le 5 mai. Depuis plusieurs années, ArcelorMittal s’efforce de réduire sa dette nette (15,7 milliards de dollars fin 2015) à 7 milliards de dollars, ce qui garantirait le maintien du statut investment grade même en récession profonde. Or, vu l’endettement de 9,5 milliards au 31 mars, cet objectif n’était pas tenable d’ici fin 2020. Moody’s a abaissé sa note à Baa3 (obligation spéculative) le 8 mai, quelques semaines après Fitch, ce qui a incité le groupe à renforcer son capital en début de crise pour maintenir la notation BBB- (le dernier cran investment grade) avec une perspective négative, chez S&P. Un covenant prévoit que la dette nette ne peut dépasser 4,25 fois le cash-flow opérationnel (Ebitda) des 12 derniers mois. Ce ratio se situait encore à 2,1 au 31 mars, mais évoluera vers 4 ces prochains trimestres.

L’Ebitda est ressorti à 967 millions de dollars au 1er trimestre, en baisse de 41,5% sur un an, mais en hausse de 4,5% sur un trimestre. Le consensus attendait 867 millions. La quantité d’acier expédiée a chuté de 10,7% en un an, à 19,5 millions de tonnes (-6,5% à périmètre constant, -1,2% sur un trimestre). Le résultat net s’est inscrit dans le rouge à hauteur de 1,1 milliard de dollars (2019: +0,4 milliard de dollars), en partie du fait des 549 millions de dollars de réduction de valeur. ArcelorMittal est intervenu promptement et a réduit ses besoins de trésorerie pour 2020 de 4,5 à 3,5 milliards de dollars, en diminuant les investissements de 0,8 milliard, à 2,4 milliards.

Pour le 2e trimestre, l’objectif est d’expédier 13,5 à 14,5 millions de tonnes (-36 à -41% par rapport au 2e trimestre de 2019), de réduire les coûts fixes de 25 à 30% afin qu’ils restent identiques à ceux du 1er trimestre par tonne expédiée, et de générer un Ebitda de 0,4-0,6 milliard de dollars (consensus: 0,4 milliard de dollars). Le groupe prévoit toujours de réduire son fonds de roulement d’un milliard de dollars cette année et de finaliser la cession des actifs non essentiels d’ici mi-2021, ce qui devrait lui rapporter 2 milliards de dollars (pour 0,5 milliard de dollars d’actifs vendus à ce jour). La décision, logique, de ne pas distribuer le dividende brut prévu de 0,3 dollar par action permet une économie de 300 millions de dollars.

Conclusion

Nous avons récemment relevé le conseil sur ArcelorMittal car nous pensons que le financement inattendu à des cours plancher favorisera, comme en 2016, une reprise du titre. Bien sûr, les incertitudes économiques sont énormes. Mais le groupe s’est restructuré, est leader de marché et présente une valorisation très faible, à 0,3 fois la valeur comptable. Le titre n’a pas vocation à être conservé longtemps, mais la désillusion liée à l’opération de financement offre un bon point d’entrée – d’où l’ordre d’achat.

Conseil: acheter

Risque: élevé

Rating: 1C

Cours: 8,48 euros

Ticker: MT NA

Code ISIN: LU1598757687

Marché: Euronext Amsterdam

Capit. boursière: 8,7 milliards EUR

C/B 2019: –

C/B attendu 2020: –

Perf. cours sur 12 mois: -41%

Perf. cours depuis le 01/01: -46%

Rendement du dividende: –

Partner Content