AngloGold Ashanti

Digne d’achat

Avec une production de près de 4,4 millions d’onces d’or en 2014, AngloGold Ashanti était le plus grand producteur aurifère d’Afrique du Sud, et numéro trois au niveau mondial, derrière Barrick Gold et Newmont Mining. Le talon d’Achille d’AngloGold est, outre les coûts de production élevés, sa position d’endettement. Ces dernières années, celle-ci s’est alourdie à 3,13 milliards USD ou 1,9 fois le cash-flow opérationnel (EBITDA). L’an dernier, il avait semblé qu’AngloGold, tout comme son pair et compatriote Gold Fields, scinderait ses activités en une partie sud-africaine et l’autre internationale. Les dettes devraient pour cela d’abord être allégées par l’émission de nouvelles actions. Compte tenu de l’ampleur de ces dettes, cela impliquerait une dilution très importante pour les actionnaires existants. Le projet s’est donc opposé à une vive résistance, pour finalement être abandonné. Lors de la publication des résultats trimestriels les plus récents, la direction a annoncé qu’elle souhaitait à moyen terme (1 à 3 ans) réduire son endettement d’un milliard USD. Une nouvelle émission d’actions est envisageable, mais se heurtera probablement à l’opposition des actionnaires. Le refinancement de la dette existante est une possibilité mais n’est pas possible avant l’an prochain. Un emprunt de 1,25 milliard USD assorti d’un coupon de 8,5% qui vient à échéance en 2020 peut être remboursé anticipativement en juillet de l’an prochain. Le problème est que les titres de dette d’AngloGold se voient actuellement attribuer le rating de solvabilité ” investment grade “. Si d’aventure le prix de l’or se traînait encore une année et que le groupe connaissait l’une ou l’autre déconvenue, le rating pourrait être rétrogradé à ” junk ” (pacotille). Le cas échéant, il ne serait plus question d’un intérêt inférieur, au contraire. La recherche de partenaires (joint-ventures) pour certains actifs ou leur vente est en conséquence l’unique option envisageable et réaliste pour alléger rapidement la dette. AngloGold a déjà indiqué qu’il recherchait un partenaire ou un acheteur pour l’une des plus grandes mines du groupe. Pour des raisons politiques, la probabilité est très faible qu’il s’agisse d’actifs sud-africains, ce qui suppose que Cripple Creek&Victor est l’unique mine qui peut être considérée. Celle-ci a produit au 4etrimestre 54.000 onces d’or, soit un peu moins de 5% de la production du groupe. La valeur de la mine est estimée à environ 750 à 800 millions USD. Une vente aiderait donc déjà AngloGold à concrétiser ses objectifs. Les Sud-Africains sont du reste également à la recherche d’un partenaire pour la mine Obuasi au Ghana et les activités d’exploration en Colombie. Au 4etrimestre, AngloGold a plongé dans le rouge à hauteur de 71 millions USD, notamment en raison des frais de restructuration d’Obuasi. Sur l’ensemble de l’exercice 2014, le groupe a atteint le seuil de rentabilité (break-even : ni gain ni perte). Cette année, la production baissera en direction de 4 à 4,3 millions d’onces. Le coût de production total a diminué de 22%, à 1148 USD l’once.

Conclusion

La scission est écartée mais l’allègement de la dette demeure une priorité. Le prix actuel de l’or fluctue autour du niveau de break-even d’AngloGold, ce qui suppose que le levier de bénéfice mais aussi de perte est très élevé. Par rapport aux réserves, l’action est historiquement très bon marché.

Conseil: digne d’achat

Risque: élevé

Rating: 1C

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