Anglo American

Après un premier semestre relativement bon, il n’est pas certain que le redressement se poursuivra. Avec une hausse de 150% depuis le début de cette année, l’action a déjà pris une avance sur cette embellie.

Les stratégies de la quasi-totalité des grands groupes de matières premières diversifiés sont identiques: sabrage dans les coûts, réduction voire suppression du dividende, et vente ou suspension des actifs ne contribuant (bientôt) plus aux cash-flows. Ces mesures s’appliquent à Anglo American, le cinquième groupe de matières premières au monde. Il procède à une restructuration très rigoureuse, et ramènera le nombre d’actifs principaux à 16 cette année, contre encore 45 l’an dernier. Anglo American a en effet sous-performé largement la plupart de ses concurrents en 2015. Près de 70% de sa capitalisation boursière est partie en fumée. Le cours d’Anglo American a même reflué à son plus bas niveau depuis l’introduction sur le London Stock Exchange (LSE) en 1999! Le groupe a décidé de se concentrer principalement sur le diamant, le platine et le cuivre. Il est actif dans le diamant par le biais de sa participation de 85% dans De Beers, qui vend près de la moitié de tous les diamants bruts au monde. Les actifs de platine se trouvent en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Pour ce qui concerne le cuivre, l’objectif est de doubler la capacité de production des mines au Chili à terme. Pour cette année, Anglo American mise sur un cash-flow positif sur ces trois activités centrales. Reste à savoir ce qu’il fera alors des autres actifs. Une partie sera vendue et une autre éventuellement scindée dans une société à part. Le groupe souhaite que le délestage des actifs excédentaires rapporte cette année 3 à 4milliards USD. Une partie des mines de platine du complexe Rustenburg a déjà été vendue à Sibanye Gold. Anglo American a vendu les activités de niobium et de phosphate pour 1,5milliard USD à China Molybdenum. Quant aux actifs de charbon en Australie, leur vente est déjà presque finalisée. Le sort de la joint-venture Samancor (manganèse) avec South32 est encore incertain, en revanche. C’est aussi le cas de la plus grande activité principale du groupe, celle autour du minerai de fer. Anglo American détient une participation de 70% dans le groupe coté séparément Kumba Resources, et détient également la mine de fer Minas Rio au Brésil. Un rebond du prix du minerai de fer au premier semestre lui a fourni une bouffée d’oxygène, mais la hausse ne semble pas durable. Actuellement, une spin-off des activités minerai de fer est probablement la meilleure option. La suspension temporaire du dividende a permis une économie de 1milliard USD. Anglo American réduira par ailleurs les investissements de 1milliard USD cette année, à 2,9milliards USD. Ce chiffre doit baisser encore l’an prochain à 2,5milliards USD. La dette nette, qui totalisait encore 12,9milliards USD à la fin de l’an dernier, doit retomber sous 10milliards USD cette année.

Conclusion

La restructuration d’Anglo American semble intéressante sur papier et est déjà bien avancée dans la pratique également. Mais la vente prévue d’actifs doit également être effective, de préférence à de bons prix. En outre, les prix des matières premières doivent être bien orientés. Après un premier semestre relativement bon, il n’est pas certain que le redressement se poursuivra. Avec une hausse de 150% depuis le début de cette année, l’action a déjà pris une avance sur cette embellie.

Conseil : attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

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