Amazon: seule la division “cloud” déçoit

Dans le contexte de marché actuel, l’on ne peut que saluer la croissance et le bénéfice d’Amazon. Les records atteints par le cours rendent toutefois la valorisation exubérante.

La crise sanitaire a fait apparaître un certain nombre de tendances (renouvellement du matériel informatique, recours au cloud) et en a amplifié d’autres (télétravail, courses en ligne), ce dont a pu profiter Amazon. Pour la période avril-juin, la direction escomptait un chiffre d’affaires (CA) compris entre 75 et 81 milliards de dollars, tandis que le consensus, se basant sur l’évolution positive de ces derniers mois, attendait 81,2 milliards de dollars. Or, Amazon a fait encore mieux: un CA de 88,9 milliards de dollars, en hausse de 40% en un an.

Le CA combiné sur les quatre derniers trimestres s’établit ainsi à 321,8 milliards de dollars, soit une croissance de 28%. Cette progression s’explique en premier lieu par la hausse de l’activité du groupe en Amérique du Nord, qui représente 62% du CA du groupe. Le CA de la division a en effet augmenté de 43% au 2e trimestre, à 55,4 milliards de dollars, 5 milliards de plus que le consensus. Si l’on ne tient compte que de l’e-commerce, la croissance atteignait même 47,8%. Le résultat a toutefois été plombé par les magasins physiques (WholeFoods), dont le CA a reculé de 13% sous l’effet des mesures de lutte contre le coronavirus. Le commerce de détail américain (via les boutiques Amazon et les produits de tiers) se taille la part du lion, même si la marge, à 3,9%, est faible, alors même que le bénéfice opérationnel (Ebit) de la division a progressé de 37%, à 2,14 milliards de dollars.

Le CA à l’international a augmenté de 38%, à 22,7 milliards de dollars, dépassant les attentes de plus de 3 milliards de dollars. Autre bonne nouvelle, la perte d’exploitation de l’année dernière (601 millions de dollars) a laissé la place à un Ebit de 345 millions de dollars, soit une modeste marge de 1,5%. Amazon Web Services (AWS), la division cloud, a été la seule à décevoir, même si l’écart avec le consensus n’était que de 200 millions de dollars. Si avec un CA de 10,81 milliards de dollars (+29%), AWS est la plus petite division d’Amazon, elle contribue toutefois le plus à l’Ebit (58%), avec une marge de 31,1%.

L’Ebit du groupe est ressorti à 5,84 milliards de dollars (+89%), ce qui porte la marge à 6,6%. Au 2e trimestre, les charges liées au coronavirus ont représenté près de 4 milliards pour Amazon. Au 3e trimestre, elles devraient baisser de moitié et le CA devrait atteindre 87 à 93 milliards de dollars, pour un Ebit attendu entre 2 et 5 milliards de dollars.

Les pressions se multiplient pour qu’Amazon améliore les conditions de travail et les salaires. La majorité des quelque 1 million de collaborateurs à travers le monde est sous contrat temporaire. Une hausse des salaires et des embauches supplémentaires pourraient peser sur les marges. Liquidités (71,4 milliards de dollars) et dettes (75,9 milliards) sont globalement équilibrées. Au cours des quatre trimestres écoulés, Amazon a produit un cash-flow disponible de 31,85 milliards de dollars.

Conclusion

Dans le contexte de marché actuel, l’on ne peut que saluer la croissance et le bénéfice d’Amazon. Les records atteints par le cours rendent toutefois la valorisation exubérante, à plus de 100 fois le bénéfice, 50 fois le cash-flow disponible et près de 5 fois le CA. Pour un petit groupe de fleurons (technologiques) dont Amazon fait partie, cette valorisation ne représente pas un obstacle tant que l’argent investi aveuglément par les fonds d’investissement passifs continue à affluer. Mais cette envolée prendra forcément fin. Nous confirmons donc notre conseil de vente.

Conseil: prendre ses bénéfices/vendre

Risque: moyen

Rating: 3B

Cours: 3.164,68 dollars

Ticker: AMZN US

Code ISIN: US6516391066

Marché: Nasdaq

Capit. boursière: 1.585 milliards USD

C/B 2019: 121,7

C/B attendu 2020: 118,9

Perf. cours sur 12 mois: +73,6%

Perf. cours depuis le 01/01: +71,3%

Rendement du dividende: /

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