Amazon: croissance en berne, rentabilité faible

La rentabilité d’Amazon a déçu, de même que ses projections pour le quatrième trimestre. Sa valorisation actuelle ne se justifie dès lors pas.

Ces dernières années, le Minotaure un peu étrange, mi-distributeur (en ligne et physique), mi-société technologique, qu’est Amazon est parvenu à dégager des flux de trésorerie positifs et un bénéfice net. Sur le plan de la rentabilité, toutefois, il déçoit depuis le trimestre passé. Le chiffre d’affaires (CA), lui, a, à près de 70 milliards de dollars (+23,7% en glissement annuel), dépassé les attentes (68,7 milliards).

Véritable multinationale, Amazon reste cependant très axée sur son marché national, puisque 61% du CA sont réalisés aux Etats-Unis. Les activités internationales pèsent 27% et la division cloud, Amazon Web Services (AWS), les 12% restants. Alors qu’aux Etats-Unis, le CA a augmenté de près de 25%, la croissance dans les autres pays s’est limitée à 18%. AWS affiche toujours la plus forte croissance (35%), même si un ralentissement a été constaté par rapport au deuxième trimestre (41%). A titre de comparaison, la division cloud de Microsoft a vu son CA augmenter de 60% sur la même période.

Ces derniers trimestres, Amazon a beaucoup investi pour améliorer la rapidité de livraison des marchandises commandées. Les clients ayant opté pour un abonnement Amazon Prime reçoivent leur commande sous 24 heures. Amazon essaye aussi de se différencier de la concurrence croissante sur le segment de l’e-commerce. Mais garantir une livraison dans la journée s’est révélé plus compliqué et coûteux que prévu. Les marges souffrent donc. Amazon affirme que ces investissements vont porter leurs fruits sur le long terme grâce à la hausse de sa part de marché. Son bénéfice opérationnel (Ebit) a reculé de 15% en un an, à 3,2 milliards de dollars, faisant plonger la marge de 5,7 à 4,5%. Ces investissements ont aussi comprimé l’Ebit des activités de vente de détail sur le territoire américain, qui s’établit désormais à 1,3 milliard de dollars (37%). En dehors de son marché domestique, la distribution est toujours déficitaire (-386 millions de dollars). Tous pays confondus, la marge sur ce segment est inférieure à 2%. Et la division AWS ne compense qu’une partie de ce recul, car les activités cloud ne représentent qu’une part encore réduite du CA total et les marges y sont aussi sous pression. Le bénéfice net atteint 4,23 dollars par action (4,59 attendus).

Les prévisions de la direction pour le dernier trimestre de l’année ont aussi déçu, même si Amazon fait souvent preuve de prudence dans ses estimations, et que la fourchette attendue pour le CA (80-86,5 milliards de dollars, ou +11-20%) est assez large: le consensus espérait 87,2 milliards. L’Ebit est estimé à 1,2-2,9 milliards de dollars; là aussi, la marge est importante. Dans tous les cas, ce chiffre sera inférieur à celui du quatrième trimestre de l’année dernière (3,8 milliards). Au cours des quatre trimestres écoulés, Amazon a dégagé un cash-flow disponible de 23,5 milliards de dollars. A la fin du troisième trimestre, le groupe détenait 43,4 milliards de dollars en caisse. Sa dette totale s’élève à 74,6 milliards de dollars (futurs engagements de leasing compris).

Conclusion

Amazon poursuit sa croissance et produit toujours une trésorerie abondante, mais la hausse du CA ralentit et les marges s’érodent du fait de la concurrence toujours plus intense et des investissements importants – surtout pour AWS, la division la plus rentable. En outre, les prévisions pour le trimestre actuel sont inférieures aux attentes. La valorisation, très élevée, n’est donc pas justifiée. Nous recommandons dès lors de liquider la position.

Conseil: vendre

Risque: moyen

Rating: 3B

Cours: 1.791,44 dollars

Ticker: AMZN US

Code ISIN: US6516391066

Marché: Nasdaq

Capit. boursière: 888,2 milliards USD

C/B 2019: 79

C/B attendu 2020: 66

Perf. cours sur 12 mois: +7,5%

Perf. cours depuis le 01/01: +19%

Rendement du dividende: –

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