Alphabet, cette machine à cash

Compte tenu de l’abondance de sa trésorerie, Alphabet a les coudées très franches. Toutes les options sont ouvertes, y compris celle qui consisterait à payer un dividende.

Alphabet, le holding qui chapeaute Google, est avant tout une firme de publicité en ligne. Son chiffre d’affaires (CA) a atteint 46,1 milliards de dollars au 4e trimestre (+17% en un an); de ce montant, 37,9 milliards (+16,7%) sont des revenus publicitaires.

Sous l’effet de la concurrence, la croissance ralentit toutefois pour le sixième trimestre consécutif. Les internautes cherchent de plus en plus leurs produits sur les sites des détaillants directement, plutôt que dans Google; sachant cela, les annonceurs confient une partie de leurs budgets à ces autres plateformes. La majorité des revenus d’Alphabet (31,9 milliards) provient des sites du groupe (Google Search, Google Maps, Google Drive, Gmail, etc.), le reste, de sites partenaires.

En manque de nouveaux produits, la branche Hardware a déçu, tandis que le segment Other Bets (voiture autonome et applications d’intelligence artificielle, notamment) accusait une perte opérationnelle de 2 milliards, sur un CA de 172 millions de dollars. La marge sur le bénéfice opérationnel (Ebitda) du groupe est passée à 45,6% (45,1% en 2018). Le CA de YouTube est pour la première fois présenté séparément, ce qui, selon certains, serait annonciateur d’une scission. Officiellement, il n’en est rien, mais un démembrement d’Alphabet serait sans doute bien accueilli par les régulateurs (rappelons que le groupe a payé ces trois dernières années pour plus de 9 milliards de dollars d’amendes aux Etats-Unis et en Europe pour des infractions au droit de la concurrence). Les revenus publicitaires de YouTube ont augmenté de 36%, à 15,2 milliards de dollars, en 2019. Ce n’est pas mal, mais le marché espérait davantage – Alphabet échoue à rentabiliser sa base de 2 milliards d’utilisateurs. Les revenus du cloud computing ont bondi d’un peu plus de moitié en un an, à 8,92 milliards de dollars. Au vu des chiffres du 4e trimestre (2,6 milliards), le cloud représente désormais quelque 10 milliards de dollars par an (40 milliards, à titre de comparaison, chez Amazon Web Services; Microsoft aussi fait mieux qu’Alphabet sur ce plan).

Alphabet achève le trimestre sur un cash-flow disponible de 8,4 milliards de dollars, à quoi correspondent 25,6 milliards sur l’année. Son CA a augmenté de 18,3%, à 161,9 milliards de dollars, en 2019, pour un bénéfice net de 34,3 milliards (+11,7% en un an). Sa trésorerie s’établit à 119,7 milliards de dollars, son endettement à long terme, à 4,5 milliards. Il a donc les coudées très franches. Il vient d’ailleurs de s’offrir le britannique Looker Data Sciences, pour 2,6 milliards de dollars. Les actionnaires ne sont pas oubliés puisque le budget alloué l’an passé au rachat d’actions a été augmenté de 25 milliards. Le groupe a racheté pour 6,1 milliards de dollars d’actions propres au 4e trimestre, et c’est loin d’être fini. Le budget restant dans le cadre de ce programme est de 21 milliards de dollars, mais rien n’empêcherait de le relever. Nous n’excluons pas non plus qu’Alphabet décide de payer un dividende.

Conclusion

Malgré le ralentissement de la croissance et la baisse de la suprématie du moteur de recherche, Alphabet reste une machine à cash très rentable. La perte de parts de marché doit être relativisée car le segment de la publicité numérique continue de croître. L’abondance de la trésorerie permet de garder toutes les options ouvertes. Grâce à l’importante correction par rapport au sommet atteint en février, l’action n’est plus si chère; mais elle n’est pas encore assez bon marché pour que nous conseillions de l’acheter.

Conseil: conserver/attendre

Risque: faible

Rating: 2A

Cours: 1.084,33 dollars

Marché: Nasdaq

Ticker: GOOG US

Code ISIN: US02079K1079

Capit. boursière: 741,5 milliards USD

C/B 2019: 22

C/B attendu 2020: 20

Perf. cours sur 12 mois: -19%

Perf. cours depuis le 01/01: -8%

Rendement du dividende: –

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