Alcoa

A deux vitesses

8,07 USD 2C – première position

Ces derniers mois, les métaux de base ont pris une sérieuse raclée. L’aluminium n’a pas pu y échapper : le métal a déjà vu son cours baisser de 14% depuis le début de l’année sur le London Metal Exchange (LME), une conséquence, d’une part, du surplus d’offre consécutif à une production abondante, combiné à une baisse de la demande. Alcoa, le plus grand producteur américain d’aluminium, table pour 2013 sur une augmentation de la demande globale d’aluminium de 7%, mais cette prévision nous semble trop optimiste. Au 2e trimestre, le groupe a dépassé le consensus mais les prévisions ont déjà été sensiblement revues à la baisse ces dernières semaines par les analystes. Compte tenu de la forte baisse du prix de l’aluminium, les prévisions n’étaient pas très ambitieuses. Le chiffre d’affaires (CA) s’est replié de près de 2% sur base annuelle, à 5,85 milliards USD. Par rapport au 1er trimestre, on note une augmentation limitée de 16 millions USD. Entre avril et juin, le groupe a produit 896.000 tonnes d’aluminium, contre 891.000 tonnes un trimestre plus tôt, mais le prix moyen perçu pour une tonne d’aluminium a reculé de 161 USD la tonne. Les Primary Metals (exploration et production), la plus importante division, ont vu leur CA sur base trimestrielle et annuelle baisser de respectivement 8 et 10%. On note du reste une perte opérationnelle de 32 millions USD, contre un bénéfice d’encore 39 millions USD au 1er trimestre. La division Emballages s’est en revanche bien portée, comme prévu. Le 2e trimestre est traditionnellement plus rentable que le premier, ce qui s’est traduit par une hausse du CA de 10% par rapport aux trois premiers mois de 2013. Engineered Products en tant que groupe (traitement et fabrication de produits finis) a même enregistré un trimestre record, avec une marge de cash-flow opérationnel (EBITDA) de 22,2% et un bénéfice opérationnel en hausse de 23%. L’industrie aéronautique surtout a mené la danse. Alcoa tire profit du carnet de commandes bien garni des producteurs d’avions de passagers alors que le secteur automobile est toujours en bonne passe. En revanche, le secteur de la construction résidentielle et la vente aux producteurs de camions lourds ont enregistré de moins bons résultats. Compte tenu de restructurations à concurrence de 244 millions USD, Alcoa a plongé dans le rouge à hauteur de 119 millions USD, contre un bénéfice net de 149 millions USD au 1er trimestre. Sur le plan opérationnel, le repli est moins prononcé : le bénéfice ressort à 76 millions USD contre 121 millions USD au 1er trimestre. Alcoa s’était promis cette année d’enregistrer pour 750 millions USD de gains de productivité. Au terme du 1er semestre, 539 millions USD ont déjà été réalisés. Notons encore que les cash-flows libres sont à nouveau positifs (228 millions USD), après un cash-flow libre négatif de 305 millions USD au 1er trimestre. L’an dernier, Alcoa a réduit sa capacité de production de 531.000 tonnes et au 1er semestre 2013, 149.000 tonnes s’y sont ajoutées. Actuellement, 13% de la capacité de production totale est non-active. Une fermeture temporaire est même envisagée pour 11%. En fin de 2e trimestre, la dette nette du groupe s’était allégée à 7,16 milliards USD, contre 7,37 milliards USD trois mois plus tôt. Le taux d’endettement net a toutefois augmenté légèrement, à 31,1%.

Alcoa tourne actuellement à deux vitesses. Dans les produits finis, tout se déroule pour le mieux grâce à la demande soutenue en provenance du secteur de l’aéronautique. La production et la vente d’aluminium à proprement parler est pour l’heure déficitaire d’un point de vue opérationnel en raison du surcroît d’offre et de la baisse des prix. La probabilité est grande que cette situation se dégrade avant de s’améliorer. L’action enregistre une évolution inférieure à la moyenne et est même la dernière de classe au niveau du Dow 30. A 0,6 fois la valeur comptable, le cours intègre déjà nombre de mauvaises nouvelles mais il n’est pas certain que le cours ne continuera pas de reculer à court terme. Le risque est réel que l’économie chinoise connaisse un atterrissage brusque. Première position (rating 2C).

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