Aker BP revoit ses ambitions de croissance à la baisse

Le secteur pétrolier et gazier est dans la tourmente et le norvégien Aker BP n’échappe pas à la tendance. La crise du coronavirus a écorné l’aura de croissance des ambitieux Norvégiens, mais l’entreprise prend les bonnes mesures et conserve la flexibilité nécessaire pour saisir les opportunités d’acquisition ultérieures.

La production d’Aker BP a atteint un record au 1er trimestre, avec une moyenne quotidienne de 208.100 barils d’équivalent pétrole (bep), contre 191.100 bep au 4e trimestre de 2019, le précédent record, grâce au démarrage réussi du champ de Johan Sverdrup en octobre 2019, dont Aker BP détient 11,6%. Ce projet, le plus important dans les eaux maritimes norvégiennes depuis 1980, atteindra en mai le niveau record de 470.000 bep par jour, en avance sur les prévisions; l’objectif maximal pour la deuxième phase de production (dès fin 2022) a été relevé de 660.000 à 690.000 bep par jour.

Les mauvaises nouvelles du 1er trimestre concernent bien sûr les prix du pétrole et du gaz, qui ont beaucoup souffert des tensions entre la Russie et l’Arabie saoudite et de la chute drastique de la demande en raison du Covid-19. Le cours moyen réalisé du pétrole a chuté de 64,2 dollars à 44,7 dollars le baril sur le trimestre. En incluant la couverture contre la baisse des prix du pétrole, le prix moyen s’est élevé à 47,9 dollars par baril pour Aker BP. Les ventes ont baissé de 13,1%, à 875 millions de dollars. La société a donc acté une dépréciation, de 654 millions de dollars, et alors qu’elle avait achevé le 4e trimestre sur un bénéfice net (112 millions), au terme des trois mois suivants, elle annonçait une perte nette de 335 millions de dollars.

Aker BP a pris des mesures d’économies radicales en mai. La société a réduit le budget d’investissement 2020, de 2 milliards à 1,55 milliard (exploration: 0,35 milliard), et le diminuera encore en 2021 et 2022, car tous les développements de projets non encore approuvés seront suspendus. Elle a en outre renoncé à son ambition de tripler la production quotidienne de 2018 à 450.000 bep d’ici à 2026. Sans projet supplémentaire, la production stagnera autour de 200.000 bep jusqu’en 2023.

Compte tenu de la dépréciation de la couronne norvégienne (NOK) et des économies décidées, le coût de production prévu pour 2020 diminuera d’au moins 20%, à 7 à 8 dollars par bep. Le chiffre initial de 10 dollars (effet positif de Sverdrup) représentait déjà une baisse substantielle par rapport à 2019 (12,4 USD). La production quotidienne moyenne prévue pour 2020 est maintenue à 205.000-220.000 bep, soit une hausse de 31 à 41% par rapport à 2019 (155.900 bep).

Aker BP a renforcé sa position de trésorerie de 1,5 milliard de dollars en janvier grâce à l’émission de deux obligations à long terme. Aucun emprunt n’arrive à échéance en 2020 ou 2021 et le financement de tous les projets d’expansion en cours est assuré. En 2019, 750 millions de dollars ont été distribués aux actionnaires, et le groupe entendait verser 100 millions de dollars supplémentaires par an jusqu’en 2023. Mais la distribution totale pour 2020 sera réduite de moitié, à 425 millions de dollars, avec une baisse de deux tiers du dividende trimestriel, à 0,1967 dollar par action, à partir du 2e trimestre, soit un rendement annuel brut de 4,6%.

Conclusion

Nous avons intégré Aker BP en portefeuille modèle à un cours proche du plancher, en mars. Depuis, la crise du coronavirus a écorné l’aura de croissance des ambitieux Norvégiens. Toutefois, l’entreprise prend les bonnes mesures et conserve la flexibilité nécessaire pour saisir les opportunités d’acquisition qui se présenteront. Nous réduisons notre conseil, après le net rebond du titre. Nous étofferons la position en cas de repli à 140 NOK – seuil de relèvement de notre conseil.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 172,1 NOK

Ticker: AKERBP NO

Code ISIN: NO0010345853

Marché: Oslo

Capit. boursière: 62,9 milliards NOK

C/B 2019: 47,2

C/B attendu 2020: –

Perf. cours sur 12 mois: -34%

Perf. cours depuis le 01/01: -40%

Rendement du dividende: 4,6%

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