Accoutumance, quand tu nous tiens

La réaction de marché au moindre commentaire des présidents ou gouverneurs des banques centrales illustre une nouvelle fois l’accoutumance dont souffrent les marchés par rapport à la politique de ces banques.

La semaine dernière, tout le monde attendait avec grande impatience la réunion annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole, dans l’État américain du Wyoming. Les marchés financiers et les médias étaient suspendus aux lèvres de Janet Yellen. Vu, surtout, l’amélioration des rapports sur l’emploi publiés ces derniers mois (même si, souvent, ils sont revus à la baisse peu de temps après…), plusieurs gouverneurs de la Federal Reserve ont à nouveau laissé entendre aux médias qu’un relèvement de taux était probable.

Et dans la mesure où cette fois, le cas n’est plus isolé, les marchés ont fini par tendre l’oreille. La prévision d’un relèvement de taux dans un monde où les baisses de taux, les taux à zéro et même les taux négatifs sont devenus la norme ces dernières années, a de quoi rendre les investisseurs quelque peu nerveux. Ils n’y sont en effet plus habitués…

Les investisseurs auraient donc espéré de la présidente de la Fed qu’elle valide le scénario d’un prochain relèvement. Yellen n’est jamais très concrète, mais on peut déduire de son discours que la probabilité est grande qu’un deuxième relèvement de taux ait lieu cette année. Probablement pas le 21septembre, cependant. Selon les futures, le marché estime cette probabilité à moins d’une sur deux. Pour un relèvement de taux de 25points de base en décembre, cette probabilité passe à plus de 50%. Ce qui permet à la Fed de confirmer que le cycle haussier des taux est une réalité. Même si Yellen se ménage toujours une porte de sortie. Les indicateurs macroéconomiques américains et internationaux sont toujours suivis de près et ont bel et bien un impact sur le rythme des ajustements de taux.

Stagnation économique

La réaction de marché à chaque commentaire illustre une nouvelle fois l’accoutumance dont souffrent les marchés par rapport à la politique des banques centrales. Il n’est pas certain que leurs mesures aient un grand impact sur l’économie (réelle), mais sur l’économie financière, l’incidence est en revanche manifeste. L’économie (réelle) mondiale continue de rechercher la croissance.

Malgré les injections massives d’argent des banques centrales, la plupart des institutions ont encore (légèrement) abaissé leurs prévisions de croissance pour cette année. Il se pourrait donc que 2016 soit marquée par la croissance la plus faible de l’économie mondiale depuis 2009. La plupart des institutions anticipent une croissance de l’économie mondiale comprise entre 2 et 2,5% pour cette année, contre généralement une prévision comprise entre 2,5 et 3% ces dernières années. Quoi qu’il en soit, nous sommes encore loin (moitié moins!) des chiffres de croissance qui prévalaient avant la crise financière et économique de 2008-2009.

En approfondissant le sujet, on remarque que les prévisions de croissance économique des marchés occidentaux matures sont encore revues à la baisse. Tant pour les États-Unis que pour la zone euro, le Royaume-Uni (évidemment, du fait du Brexit) ou le Japon. En ce qui concerne les marchés émergents, les perspectives restent stables ou sont revues légèrement à la hausse. Au niveau global, un cycle de taux haussier n’est certainement pas encore en vue. Et la Fed sera bien obligée de prendre cela en considération.

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