A chaque semaine sa surprise

Après la Chine la semaine dernière, dont les répercussions de son action monétaire se font toujours sentir, voici que le gouvernement grec surprend.

Le gouvernement grec a présenté sa démission un jour après avoir obtenu son troisième plan de sauvetage. Le simple fait que les membres de la Troïka ne se soient pas offusqués de la manoeuvre en dit long sur leur connivence. Le jeu est toutefois dangereux.

Qu’il fallait écarter les dissidents au sein de Syriza était chose connue. Normalement cela aurait dû se faire au sein même du parti. Mais Syriza n’est pas un parti comme les autres. Le premier Ministre démissionnaire, Tsipras, éliminera tous les dissidents et s’entourera de gens plus accommodables. Il comptera sur sa popularité pour atteindre ce but. Il soutiendra qu’il a été floué jusqu’ici et qu’il abattra d’autres cartes la prochaine fois. Il est peu probable que le peuple grec se laissera berner une seconde fois. L’incertitude régnera jusqu’aux élections prévues le 20 septembre.

Recul des titres grecs

La décision a fortement perturbé les titres grecs sur le marché obligataire. Les emprunts d’Etat et industriels se sont raffermis. Les gains restaient toutefois médiocres. Les investisseurs institutionnels misent actuellement sur l’acceptation de titres souverains grecs de la part de la Banque centrale européenne en guise de gage pour ses facilités de crédit, depuis que toutes les instances impliquées ont donné leur accord au nouveau plan de sauvetage. Comme ces titres rapportent beaucoup, ils ne voudraient pas rater le coche.

Mais la démission a aussi pesé sur les titres bancaires grecs. Ils étaient déjà sous pression avant parce que tout le monde se rend compte que l’étape suivante nécessitera un remaniement de la dette souveraine. Les banques grecques, grandes détentrices de tels titres, en souffriront au premier chef. Leurs titres ont perdu plus de 20% la semaine passée. La débâcle est loin d’être terminée. L’avenir s’annonce pire encore.

Guerre des devises

La guerre des devises s’amplifie et frappe de plus en plus de devises à côté de celles liées aux matières premières. Tout le monde accuse la Chine d’avoir engendré cette déroute. La dévaluation du yuan (CNY) serait la preuve d’un ralentissement prononcé de la croissance chinoise, affirme-t-on. Certains prétextent même une incompétence de la part du gouvernement chinois. Il faut cependant raison garder. La Chine a connu une croissance vertigineuse depuis plusieurs décennies déjà. Aucun pays de cette dimension n’a jamais affiché un tel taux de croissance en aussi peu de temps (il est de 16% en moyenne sur les dix dernières années !). Qu’une économie doive souffler un peu est plus que normal. Et ne perdons pas de vue que ce pays croît toujours. Il est à la recherche d’un tempo qui lui conviendrait mieux.

Depuis que les Etats-Unis ne font plus office de locomotive, tout le monde comptait sur la Chine pour reprendre cette fonction. Mais dès son accession au pouvoir, le nouveau gouvernement chinois a changé de cap. Il favorise la croissance interne plutôt que l’externe. Ce sera moins spectaculaire et, surtout, moins profitable pour l’étranger, mais cela se déroulera d’une façon probablement plus sereine. Les spéculateurs occidentaux ont tôt fait de prétendre que la Chine importerait moins. Ce qui affecterait d’autres pays, dont les exportateurs de matières premières. Ils oublient que la plus grosse partie des importations de matières premières en Chine s’effectue par contrats et est donc insensible aux caprices du marché. Les importations de matériels hautement technologiques faibliront aussi, affirme-t-on. C’est plus que certain, mais pas pour les raisons évoquées : c’est en réalité parce que la Chine est déjà en mesure de les produire elle-même.

Mais avant que les spéculateurs occidentaux retrouvent raison, ils auront perturbé tant de pays en retirant en toute hâte leurs capitaux. Ces pays devront prendre des mesures contraignantes pour sauver leur monnaie. Cela durera encore pas mal de temps avant que le marché trouve son équilibre. Une chose est certaine toutefois : la hausse programmée des taux directeurs par les banques centrales américaine et anglaise sera reportée. Ce qui est une excellente nouvelle pour le court terme pour les porteurs obligataires.

Raffermissement de l’euro

On y assiste déjà. Bien que le marché évolue dans un canal baissier, les échelles des taux d’intérêt ont fléchi partout. Les titres souverains et assimilés ont progressé alors que les pourris et ceux liés au pétrole ont fléchi. Sur le marché des changes, l’euro (EUR) s’est raffermi par rapport à quasiment toutes les autres devises. Pas que les perspectives en Europe se soient améliorées. Loin s’en faut. Mais par simple mécanique, comme pendant des autres devises. Le dollar (USD) a perdu 1%, un peu plus que le CNY, 0,9%.

Les devises liées aux matières premières se sont effondrées. Le rouble (RUB) a cédé 6%, le peso mexicain (MXN) 3,5%, le rand (ZAR) 2,6%, l’australien (AUD) 1,7%, le canadien (CAD) 1,5%, autant que la couronne norvégienne (NOK). Occasion idéale de renforcer les positions dans ces devises, sans se presser bien sûr, le marché est à la recherche d’un nouvel équilibre. Le néo-zélandais (NZD) a gagné 0,6%, le yen (JPY) 0,2%. Même le franc suisse (CHF) s’est redressé de 1%, alors que la livre (GBP) perdait 0,7%. La lire turque (TRY) pâtit sous les tensions politiques du pays où de nouvelles élections ont été annoncées. Elle a abandonné 4,2%.

Coupon variable

Sur le marché primaire, on voit de plus en plus d’émissions à coupon variable lié à un taux de marché. Des emprunts à taux graduels apparaissent aussi, surtout de la part des Landesbank allemandes. Sinon, il n’y a toujours pas grand-chose pour les petits porteurs. Apple (AA+) lance trois émissions en AUD, dont deux à coupon fixe. La firme dispose de plus de 200 milliards USD de cash et n’a nul besoin d’emprunter. Elle le fait cependant pour rehausser les dividendes de ses actionnaires. Le marché a réagi avec scepticisme. Le différentiel entre les cours acheteur et vendeur sur le marché gris fait 1% pour les deux émissions, le double de la normale, surtout pour un émetteur de cette qualité. Les titres se vendent au-dessus du pair (100%) et s’achètent en dessous de leur prix de souscription. Nous les déconseillons. A titre de comparaison, le différentiel de l’émission en EUR à 8 ans de la BEI (AAA, supranationale) est de 8 points de base (0,08%) et celui de la Kommunekredit (AAA, avec garantie danoise) en USD est de 6.

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