ASML et Netflix, champions internationaux

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Après les belges, voici les actions européennes et américaines les plus rémunératrices de ces vingt dernières années. Les champions américains affichent des rendements nettement plus spectaculaires que les vedettes des Bourses européennes.

La semaine dernière, nous vous présentions les actions belges les plus rémunératrices de ces vingt dernières années (lire ici), sur la base de la hausse des cours et des dividendes distribués à cinq, dix, quinze et vingt ans, en appliquant un système de points de pénalité. Ainsi, l’action qui avait procuré le rendement le plus élevé s’est vu attribuer un point, la deuxième, deux points, etc. – les vainqueurs étant les titres ayant obtenu le moins de points. En cas d’ex aequo, le rendement le plus élevé sur vingt ans déterminait le classement.

Logiquement, il nous a été demandé d’établir un classement annuel identique pour les actions européennes et américaines. Nous avons donc procédé à l’analyse de l’Euro Stoxx 50 et du Standard&Poor’s 500. Dans un souci de lisibilité, nous nous contenterons de présenter les cinq valeurs américaines et européennes les plus rémunératrices sur les différentes périodes (cinq, dix, quinze et vingt ans).

ASML devance tout juste Safran

L’Euro Stoxx 50 couvre naturellement un univers assez restreint, mais les cinq actions de tête figurent dans le Top 10 de presque toutes les périodes. Seule Kering n’est pas parvenue à se hisser dans le Top 10 à vingt ans et retombe à la cinquième place au classement général.

ASML obtient aussi peu de points de pénalité que Safran, mais prend la première place en réalisant la meilleure performance du quintet sur trois périodes, mais surtout en obtenant le meilleur rendement sur vingt ans. L’ancienne filiale de Philips, dont la valeur boursière fluctue autour de 60 milliards d’euros, fait figure d’exception dans un secteur technologique où les valeurs américaines dominent largement leurs pendantes européennes dans tous les segments. Mais dans la niche de machines destinées à l’industrie des semi-conducteurs, le producteur néerlandais revendique une part de marché mondial enviable de 85% et fournit des géants comme Samsung, Intel et TMSC. L’objectif d’un chiffre d’affaires (CA) de 11 milliards d’euros d’ici 2020 semble relativement réaliste. ASML dispose de 2,9 milliards d’euros et est prête à poursuivre sa croissance ces prochaines années, capitalisant sur le succès récent des machines utilisant la technologie de lithographie à ultraviolets extrême (EUV), qui se vendent à plus de 100 millions d’euros chacune. ASML aura normalement livré 18 machines EUV en 2018 et vise 30 livraisons en 2019.

Safran est l’entreprise la moins connue du Top 5, malgré sa position de pointe dans l’industrie aéronautique et spatiale et la défense. Le groupe français, qui affiche une capitalisation boursière de 46 milliards d’euros et devrait réaliser un CA de plus de 21 milliards d’euros cette année, est leader mondial des systèmes de câblage pour avions, des systèmes de freinage à l’atterrissage, des moteurs d’hélicoptères, des drones tactiques… autant de produits high-tech qui assurent une rentabilité élevée. En 2018, le groupe a racheté le français Zodiac Aerospace.

Le reste du Top 5 se partage entre des géants du secteur du luxe et des loisirs qui ont surfé sur l’essor des pays émergents, Chine en tête, ces vingt dernières années.

Le fabuleux rendement de Netflix

On notera tout d’abord que les champions américains affichent des rendements nettement plus élevés que les meilleures valeurs européennes. Le Top 5 sur deux décennies montre même des hausses des cours vertigineuses, équivalentes à plusieurs fois la croissance de l’Euro Stoxx 50. Nous avons déjà indiqué que l’écart de rendement moyen entre les Bourses américaines et européennes ces dernières décennies s’explique par l’absence de success-stories spectaculaires sur le Vieux Continent, principalement dans la technologie.

Tant à dix qu’à vingt ans, le service de streaming Netflix arrive largement en tête. L’entreprise est parvenue à conquérir le monde avec un catalogue étendu de films et séries à un prix attrayant qui séduit particulièrement les jeunes. Mais Netflix investit également des budgets énormes dans ses productions, de sorte que la performance boursière est surtout portée par une croissance du CA supérieure à 30% par an. En termes de rentabilité, Netflix brille beaucoup moins.

On peut d’ailleurs faire le même reproche à Amazon, dont le principal atout reste la croissance très soutenue du CA. Apple aussi a conquis le monde entier. Il y a une vingtaine d’années, ni Amazon, ni Apple ne semblaient vouées à l’essor auquel nous avons assisté. L’arrivée de l’iPhone a changé la donne, en permettant à la firme à la pomme d’être la première entreprise de l’histoire à franchir le seuil des 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière _ suivie quelques semaines plus tard par Amazon, qui a fait une brève incursion au-delà de ce seuil.

Moins connue, Abiomed, spécialisée dans les dispositifs destinés à assister, voire à remplacer la fonction de pompage du coeur, caracole cependant dans le peloton de tête du S&P500 depuis cinq ans; d’un plancher de 20 dollars en 2014, son cours a atteint 450 dollars cette année. Si Abiomed a vu sa valeur boursière passer de 0,5 à 13 milliards de dollars en dix ans, c’est parce que la croissance de plus de 30% par an du CA s’est accompagnée de confortables marges bénéficiaires. Enfin, dans le secteur technologique, Nvidia doit sa notoriété au développement de cartes graphiques en 3D et de processeurs graphiques pour la Xbox de Microsoft et la PlayStation de Sony notamment. En nette croissance depuis 2016, le titre fluctue toutefois depuis peu.

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