“Annus horribilis” en Chine

Comme nous l’avons indiqué dans la page Stratégie, Yum! Brands (66,45 USD; Bourse de New York; ticker : YUM; capitalisation boursière : 29,6 milliards USD; code ISIN : US988498101) est sans conteste l’une des success-stories chinoises les plus étonnantes de la décennie écoulée. Le groupe Yum! Brands, une émanation de PepsiCo, comprend trois grandes chaînes de restauration rapide. Le spécialiste des préparations à base de poulet Kentucky Fried Chicken, mieux connu sous l’abréviation KFC, est la chaîne de restauration la plus populaire au monde. Elle compte 18.000 points de vente répartis dans 120 pays, dont un quart en Chine. Les deux autres sont Pizza Hut, mieux connu chez nous (12.700 restaurants dans 98 pays), et Taco Bell, surtout populaire aux Etats-Unis (5200 restaurants, avec l’accent sur les tacos, nachos et burritos). Une enquête de BBC News a révélé cette année que KFC était la marque étrangère la plus puissante en Chine, devant Apple, Coca-Cola, Mc Donald’s ou Pampers… Mais qui dit popularité dit exposition accrue, et Yum! Brands n’échappe pas à la règle. KFC a été confronté à deux gros incidents cette année : une (nouvelle) épidémie de grippe aviaire en Asie, qui a dissuadé de nombreux clients d’encore consommer des plats à base de poulet, mais aussi, peu de temps auparavant, un reportage diffusé sur la chaîne chinoise CCTV News qui affirmait que le poulet servi contenait beaucoup trop d’antibiotiques. Ces deux phénomènes ont engendré un net recul des ventes de KFC en Chine. Au plus fort de la crise (en avril), les ventes ont même baissé de 35% sur une base annuelle. KFC s’est ainsi vu contraint de lancer l’opération “Thunder” pour rétablir la confiance et redresser les chiffres de vente. Mais au terme des neuf mois de l’année, les ventes des restaurants KFC ouverts depuis plus d’un an restent en recul de 14% sur une base annuelle. De plus, le résultat opérationnel récurrent (REBIT) a baissé de 31% à la suite de l’augmentation des dépenses publicitaires. Résultat : le bénéfice au niveau du groupe Yum! Brands ne devrait pas progresser cette année. Ce qui explique également que l’action s’échange à peu près au même niveau qu’il y a un an, soit une sous-performance de 20% par rapport à l’indice S&P500. L’ambition du groupe reste de renouer avec la croissance en Chine l’an prochain, grâce à un redressement des ventes dans les KFC existants et un nouvel accroissement du nombre de restaurants KFC et Pizza Hut. Si la Chine est le moteur de sa croissance, Yum! Brands est également présent dans d’autres pays émergents, où le groupe enregistre une croissance nettement plus soutenue que McDonald’s par exemple. à la fin de l’an dernier, Yum! disposait de 13.225 points de vente dans les pays émergents. Soit non seulement trois fois plus qu’il y a dix ans, mais aussi presque deux fois plus que McDonald’s (6880 points de vente). En 2002, l’écart ne dépassait pas 20%. Yum! réalise 60% de son résultat opérationnel (EBIT) dans les pays émergents, ce qui est mieux que Unilever (55%) et beaucoup mieux que McDonald’s (30%). Après Yum! Brands China, le groupe a décidé l’an dernier de créer Yum! Brands India, une division qui publiera des résultats distincts. Car le groupe considère l’Inde comme un nouveau marché de croissance crucial et cela se ressent déjà dans les chiffres de cette année. Le nombre de restaurants (613) y a augmenté de 24% à la fin du 3e trimestre. Le groupe devrait renouer avec la croissance l’an prochain. A 17,5 fois les bénéfices attendus pour 2014 et un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flows opérationnels (EBITDA) 2014 de 10, Yum! Brands a retrouvé une valorisation raisonnable dans une perspective de long terme. Nous commençons le suivi avec un avis ” digne d’achat ” (1B) et plaçons une limite pour le portefeuille modèle.

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