Vale & Thompson Creek Metals

L’action Vale vient d’opérer un superbe redressement. Faut-il la conserver ?

Avec un gain de 65% depuis le début de l’année, l’action Vale a fait nettement mieux que celles de BHP Billiton et Rio Tinto. Le groupe minier brésilien doit en grande partie cette performance à la hausse du cours du minerai de fer. Après trois années successives de baisse, celui-ci a gagné plus de 40% depuis le début de l’année 2012 pour atteindre 60USD la tonne. Certes, on est loin des 200USD de 2011, mais par rapport au plancher de l’an dernier, la progression est considérable. Vale a vu ses cash-flows opérationnels (EBITDA) progresser de 8% à 2,38milliards USD au deuxième trimestre, malgré une baisse du chiffre d’affaires. Le rebond du cours du minerai de fer, qui prenait à son compte 83% de l’EBITDA de Vale l’an dernier, s’explique par une production d’acier supérieure aux prévisions en Chine qui a entraîné une augmentation de la demande. Entre janvier et août, la Chine a accru ses importations de 8% par rapport à l’an dernier. Les analystes estiment toutefois que le rebond n’est pas durable en raison de la surproduction constante et des stocks élevés. Nous adhérons à ce scénario et n’attendons plus de hausse de son cours. Le talon d’Achille de Vale est sa position d’endettement. La dette nette de 27,5milliards USD est même la plus élevée de tous les groupes miniers en termes nominaux. La direction veut la ramener à 15milliards USD dans les 18mois (fin 2017). C’est un objectif très ambitieux et pour le réaliser, Vale devra vendre plusieurs actifs. Parmi les “actifs non essentiels”, plusieurs navires, une participation dans des mines de bauxite et de cuivre, et la future production d’or de la mine de Salobo ont déjà été vendus. On attend également un accord sur les actifs dans le charbon et la division Engrais (phosphates) avant la fin de l’année. Les dépenses d’investissement diminueront au cours des années à venir à présent que les installations de la mine de minerai de fer S11D au Brésil sont presque terminées – elle sera opérationnelle avant la fin de l’année. La mine présentera également la structure de coûts la plus basse de l’industrie, ce qui doit permettre à Vale d’être plus compétitif vis-à-vis de ses concurrents australiens. Ceux-ci sont géographiquement plus proches des principaux débouchés asiatiques, raison pour laquelle leurs coûts de transport sont plus bas. Vale a également constitué une provision de 1milliard USD pour la catastrophe minière de la joint-venture Samarco, mais le risque est réel que les pertes soient plus élevées. À 0,7fois la valeur comptable et 6fois l’EBITDA, Vale est moins chère que la plupart de ses concurrents, mais ce n’est pas sans raison. L’endettement élevé et l’incertitude qui plane sur le dossier Samarco limitent le potentiel haussier. Conserver/attendre (2C).

Est-ce vrai que Thompson Creek va être racheté ?

Vale & Thompson Creek Metals

Le groupe canadien Thompson Creek Metals était sur le point de céder sous le poids de sa dette quand ses compatriotes et concurrents de Centerra Gold lui ont lancé une bouée de sauvetage au début de l’été. Jusqu’en 2013, Thompson Creek était un producteur de molybdène, un métal utilisé dans des alliages avec l’acier. L’entreprise est propriétaire de la mine éponyme de Thompson Creek dans l’Idaho (États-Unis) et détient une participation de 75% de la mine d’Endako (Canada). Avec l’acquisition de Terrane Metals en 2010, Thompson Creek est devenu propriétaire de la mine de cuivre et d’or de Mount Milligan (Canada). Mais les cours des métaux se sont effondrés juste après que Thompson Creek s’est lourdement endetté. L’an dernier, le molybdène est retombé à son plus bas niveau en plus de dix ans, alors que le cuivre et l’or perdaient également du terrain. L’exploitation de molybdène n’était plus rentable et les deux mines ont été placées en mode maintenance. Les cash-flows de Mount Milligan, confronté à des problèmes de démarrage, n’ont pas permis de compenser les fermetures. Thompson Creek a perdu plus de 95% de sa valeur boursière en cinq ans et sa survie semblait menacée. Début juillet, Centerra Gold a cependant lancé une offre de rachat de 1,1milliard USD en cash et en actions. Ce montant comprend les engagements liés aux dettes (889millions USD) et au leasing en cours (40millions USD). Le principal actif de Centerra est la mine d’or de Kumpor en Kirghizie, une république d’Asie centrale. Centerra est cependant en conflit avec le pouvoir local, qui détient 33% de Centerra via l’entreprise publique Kyrgyzaltyn et revendique une part plus élevée des bénéfices. L’acquisition de Thomspon Creek diluera la participation de l’entreprise d’État, qui retombera à 27%. Avec une réserve de respectivement 5,7 et 5,6millions d’onces pour Mount Milligan et Kumtor, la production cumulée d’or pourrait atteindre 730.000 à 800.000onces par an. Une assemblée générale extraordinaire invitée à statuer sur l’acquisition se tiendra le 10octobre. Une majorité des deux tiers suffit, de sorte que les Kirghizes seuls ne pourront s’opposer à la transaction. Mais il ne faudra pas de votes dissidents. En cas d’approbation, les actions existantes de Thompson Creek seront converties en actions Centerra Gold.

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