Un secteur à tenir à l’œil

Un segment particulier est appelé à connaître une demande de plus en plus soutenue à mesure que le vieillissement de la population se confirme : celui des soins ophtalmologiques.

Nous avons abordé plusieurs fois dans cette même rubrique le phénomène du vieillissement de la population occidentale. En 2030, nous recenserons 45 retraités pour 100 personnes actives. D’ici là, l’âge moyen de la population mondiale sera supérieur à 45 ans et à l’horizon 2050, il sera également (largement) supérieur à 50 ans dans des pays tels que la Chine, le Mexique et le Brésil, comme cela sera le cas au Japon et dans de nombreux pays occidentaux depuis 2030 déjà. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, l’espérance de vie moyenne de la population mondiale a augmenté de 20 ans (de 45 à 65 ans). Ce qui représente une augmentation plus marquée encore qu’au cours des 5.000 années qui ont précédé.

Ce constat se traduit par une série de défis majeurs pour les soins de santé. Un segment particulier connaîtra une demande de plus en plus soutenue à mesure que le vieillissement de la population se confirme : celui des soins ophtalmologiques. Ce type de soins ciblent les personnes souffrant d’une limitation visuelle, comme la cécité, mais aussi et plus encore la malvoyance. Les limitations visuelles peuvent notamment prendre la forme d’une myopie (les objets éloignés étant difficiles à voir), d’une hypermétropie (les objets proches étant plus difficiles à percevoir) ou encore d’une cataracte (opacification du cristallin de l’oeil). Citons encore la presbytie (qui rend notamment la lecture plus difficile), la dégénérescence maculaire liée à l’âge (AMD), la rétinopathie diabétique, etc. Ces dernières affections sont celles ciblées par ThromboGenics dans la recherche de médicaments. Plus généralement, les limitations visuelles sont très étroitement liées à l’âge. Une étude conduite en 2010 révèle que 79,4% des Européens occidentaux atteints de cette affection sont âgés d’au moins 65 ans.

Personne ne doute du potentiel de ce marché. Pas seulement en Occident, mais aussi dans les marchés émergents. Ainsi la Chine comptera-t-elle en 2050 pas moins de 99 millions d’habitants âgés de plus de 80 ans, l’Inde 48 millions, contre 30 millions d’Américains et 17 millions de Japonais de plus de 80 ans, le Japon assistant aujourd’hui déjà au vieillissement de sa population. Un autre aspect entre plus spécifiquement en ligne de compte dans les pays émergents que chez nous : la moitié au moins des personnes atteintes de limitations visuelles ne peuvent se permettre de se faire soigner.

A mesure que les revenus moyens augmentent dans les pays émergents et que la classe moyenne se développe, un plus grand nombre de personnes atteintes de troubles ophtalmologiques se fera soigner. Ainsi 950 millions de personnes dans le monde auraient-elles besoin d’un traitement adéquat mais généralement, celles-ci gagnent seulement 1 à 2 USD par jour, ce qui ne leur permet pas de se faire soigner. Elles le pourront à partir d’un revenu d’au moins 8 USD par jour.

Une entreprise française a très bien cerné le problème : Essilor International, que nous présentons dans notre rubrique Flash. En Occident, marché mature, la croissance de ce secteur a reposé dans une large mesure, ces dix dernières années, sur la génération des Baby boomers partis massivement à la retraite et souffrant de problèmes oculaires. Les personnes âgées de plus de 65 ans ont sept fois plus de risques de souffrir d’un trouble oculaire que les enfants ou les jeunes adultes. Dans les pays émergents, le potentiel du secteur repose sur les personnes souffrant déjà de problèmes de vue mais n’ayant pas les moyens financiers de les résoudre. Essilor a lui-même estimé que 62% ou près de deux Chinois sur trois présentant un trouble oculaire ne se font pas (encore) soigner.

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