ThromboGenics et Black Earth Farming

D’un côté, il y a les shorters avec une position non négligeable d’environ 10%. De l’autre, il y a l’étude d’ING qui attribue un objectif de cours de 73 EUR sur ThromboGenics. Qui faut-il croire ? Pensez-vous qu’il est possible que le chiffre d’affaires déçoive ?

Les actionnaires de ThromboGenics (29,90 EUR; NYSE Euronext Bruxelles) éprouvent toujours des difficultés à digérer la transition d’un risque “scientifique” (le Jetrea – médicament contre les maladies oculaires – sera-t-il commercialisé ou non ?) à un risque “commercial” (les ventes de Jetrea atteindront-elles le niveau espéré ?) et la forte activité des shorters américains sur l’action. L’existence d’un risque commercial ne fait aucun doute. L’entreprise biotechnologique louvaniste pourrait très bien ne pas atteindre les résultats prévus. Si ce n’est que les ventes aux Etats-Unis, avec 10,2 millions USD (soit environ 2500 injections), ont satisfait aux attentes au cours des quatre premiers mois de l’année. Et la dynamique est favorable : après un départ plutôt lent, on observe une nette augmentation mois après mois. La publication des résultats semestriels en août donnera davantage de détails. Nous tablons sur le fait qu’ils insinueront au moins le doute dans l’esprit des shorters. Car il est faux de croire que ces shorters sont nécessairement mieux informés que les analystes. La plupart d’entre eux adoptent une position vendeuse sur la base du simple constat que dans quatre cas sur cinq, les prévisions de ventes sont trop élevées pour les médicaments mis sur le marché, ce qui donne lieu à un net recul du cours. Si l’étude ING aboutit à un objectif de cours aussi élevé, c’est parce que l’analyste a intégré des prévisions très ambitieuses concernant les ventes de Jetrea. L’avenir dira qui a raison. Ou si la réalité, comme souvent, se trouve entre les deux extrêmes. Après une ascension de 135% entre l’avis positif pour le Jetrea l’été dernier et le lancement du médicament aux Etats-Unis au début de l’année, l’action a subi une correction de 35 à 40%. Et ce, sans évolution dramatique au niveau opérationnel.

Nous continuons de miser sur un redressement du cours à l’automne après de bons résultats semestriels et la confirmation des prévisions annuelles – ventes de 50 millions USD – pour le Jetrea (1C).

Pouvez-vous dresser un petit état des lieux concernant Black Earth Farming ? L’action n’est pas très performante en Bourse. Vaut-il la peine de la conserver ?

Pour rappel : Black Earth Farming (7,15 couronnes suédoises – SEK; Bourse de Stockholm; ticker : BEF; www.blackearthfarming.com; code ISIN : SE0001882291) est un propriétaire et exploitant de terres agricoles actif en Russie, plus précisément dans la région des terres noires. Il s’agit d’une vaste zone qui s’étend de l’Ukraine à la frontière avec le Kazakhstan. Ce sont des terres agricoles bon marché – Black Earth n’a payé en moyenne que 250 USD l’hectare -, mais de bonne qualité pour de nombreuses cultures dont les céréales (39% de blé; 15% de graines oléagineuses; 14% de maïs ; 12% de tournesol; 8% de soja…), avec un fort potentiel de gains de productivité dans ce domaine. Black Earth a commencé ses activités en 2005 et fait son entrée en Bourse fin 2007 (à un prix d’introduction de 50 SEK). Les Suédois ont acquis le leadership de la région, avec à la fin de l’an dernier 308.000 hectares (ha) sous contrôle. La superficie est plus ou moins stable depuis quelques années, l’accent ayant plutôt été placé sur la conversion de ce contrôle (surtout du leasing) en certificats de propriété. A la fin de l’an dernier, l’entreprise possédait des certificats de propriété pour environ 250.000 ha (soit 81% du total). Désormais, la priorité est de planter les terres acquises. Aujourd’hui, environ 230.000 ha sont cultivés. De plus, de nombreux investissements ont été consentis dans le renouvellement/l’amélioration du parc de machines et de la capacité de stockage, qui atteint désormais 500.000 tonnes. De quoi pouvoir jouer avec les fluctuations de cours, notamment des céréales. En revanche, le groupe n’est toujours pas parvenu à devenir rentable cinq ans après son entrée en Bourse (IPO). Selon les informations données au moment de l’IPO, le seuil de rentabilité aurait dû être atteint depuis deux ans environ, mais à la grande déception des actionnaires, ce n’est toujours pas le cas. L’an dernier, des revenus moyens de 347 USD par ha étaient contrebalancés par un coût opérationnel de 445 USD par ha, pour une perte opérationnelle (ebit négatif) de 123 USD par ha. L’entreprise n’a donc pas enregistré d’amélioration décisive par rapport à l’exercice 2009, lorsqu’elle perdait 174 USD par ha. Black Earth mise pleinement sur deux pistes : la réduction des frais d’exploitation et l’augmentation du rendement par hectare. L’ambition est de terminer l’année dans le vert. Le faible cours boursier indique cependant que le marché n’a guère confiance dans la capacité de l’entreprise à franchir ce cap.

Nous recommanderions de patienter encore cette année. Si l’entreprise ne parvient toujours pas à être rentable, il faudra considérer le problème comme structurel. Mais en attendant, nous laissons à l’action le bénéfice du doute. D’où notre avis ” conserver/attendre ” (3C).

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