Les investisseurs deviennent traders

Le return de l’année est l’objectif prioritaire.

Ce qui nous a étonnés ces dernières semaines lors de la correction généralisée des Bourses internationales, c’est que nous sommes encore et surtout focalisés sur le court terme. Comment se comporteront les marchés boursiers au cours des prochains jours et semaines ? Vont-ils connaître une baisse ou une hausse ? Nous nous en sommes rendus compte sur la ligne de conseils en placement, mais les salles de marchés des institutions financières nous l’ont confirmé : de nombreux investisseurs particuliers ne parviennent pas à se discipliner et vendent en masse, même en plein repli.

Toutefois, toute formation de base sur les investissements en actions commence par l’affirmation que les épargnants qui veulent être actifs en Bourse doivent avoir un horizon de long terme. Un horizon d’investissement d’au moins cinq à dix ans est conseillé pour les investisseurs en actions. Cette théorie semble pourtant s’écarter de plus en plus de la réalité boursière quotidienne. Cet horizon s’est clairement raccourci et les actions demeurent moins longtemps en portefeuille qu’auparavant. Ce n’est d’ailleurs pas seulement le cas des particuliers. Les gestionnaires de fonds sont eux aussi en quête des ” gagnants de l’année “, beaucoup moins que des ” gagnants des cinq ou dix prochaines années “. C’est essentiellement la conséquence du principe d’exigence d’un ” résultat immédiat “. Le return de cette année est la priorité absolue. Les gestionnaires de fonds, conseillers en placement, lettres d’investissement… sont jugés avant toute chose sur leur rendement annuel. Beaucoup moins sur leur revenu moyen à cinq ou dix ans.

Stratégie mixte

Dans cette transformation des ” investisseurs ” en ” traders “, l’essor d’Internet a naturellement joué un rôle majeur par le raccourcissement de cet horizon d’investissement. Même si l’Internet n’a pas forcément fait de nous de meilleurs investisseurs. En outre, les krachs de 2000-2003 et de 2007-2009 nous ont fait relativiser le concept du long terme. La peur d’une nouvelle déconfiture nous incite à réagir plus rapidement.

Nous trouvons regrettable que soient si manifestement entravés les principes de base de l’investissement en actions, mais ne sommes pas aveugles face à cette nouvelle réalité. C’est la raison pour laquelle, pour notre portefeuille, nous appliquons une stratégie mixte. Ainsi avons-nous pu vendre cette année déjà neuf valeurs de portefeuille avec une plus-value de plus de 20%, et avons acté sur plusieurs autres des pertes parce que la réalité s’écarte beaucoup des arguments que nous avions en faveur de l’action au moment de leur intégration en portefeuille. La Stratégie du prochain numéro commentera le portefeuille en fonction de cette problématique de court terme par rapport au long terme.

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