Le franc suisse, valeur refuge en périodes troubles

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Le différentiel de taux négatif par rapport à l’euro est un handicap de poids pour la monnaie suisse. La planche à billets tourne à plein régime et la banque centrale suisse rachète massivement des valeurs étrangères.

La Banque nationale suisse (BNS) a longtemps essayé d’éviter une appréciation trop marquée de sa devise (CHF) face à la monnaie unique. Un plafond officieux avait même été fixé à 1,20 franc pour un euro; mais l’institution ayant jeté le gant début 2015, la valeur du franc a immédiatement bondi vers la parité (un franc = un euro).

Le sommet a été atteint en janvier 2015, date depuis laquelle le franc ne cesse de se déprécier. Il a même chuté de 4% à la fin du mois d’août 2017. Aucun rebond n’est en vue – l’euro vaut même 1,16 franc aujourd’hui, soit un niveau proche du niveau ” souhaité ” par la BNS. La croissance économique ne dépassera pas 0,90% cette année, alors que les prévisions, au début 2017, misaient sur près du double.

Que peut-on attendre de l’économie suisse en 2018 ?

L’affaiblissement de la monnaie sur fond de reprise de l’économie européenne réjouit le Secrétariat d’Etat à l’Economie, qui table sur une croissance de 2% du PIB pour l’an prochain. Il y a quelques mois à peine, son pronostic ne dépassait pas 1,90%.

Les fondamentaux économiques (dette publique, budget, compte-courant, balance commerciale…) du pays sont sains, et devraient le rester l’an prochain.

Qu’attend-on de la monnaie en 2018 ?

Le différentiel de taux négatif par rapport à l’euro est un handicap de poids pour la monnaie. La planche à billets tourne à plein régime et la banque centrale rachète massivement des valeurs étrangères – des obligations, mais aussi des actions, comme Apple et Facebook, auxquelles elle est considérablement exposée.

L’institution ne voit aucune raison de revenir sur la politique accommodante qu’elle mène depuis si longtemps. L’inflation est toujours extrêmement faible et ne devrait pas dépasser 0,3% en 2018. Si la Suisse décide de conserver le cap alors que la Banque centrale européenne réduit peu à peu la voilure, le franc pourrait s’affaiblir davantage encore face à l’euro.

La devise n’en demeure pas moins une valeur refuge en périodes troubles. Si les incertitudes au niveau mondial continuent à s’accentuer, elle pourrait recommencer à attirer les investisseurs. C’est la raison pour laquelle les prévisions générales pour 2018 évoquent un rapport de 1,15 franc pour un euro, ce qui correspondrait à une légère appréciation au regard du niveau actuel.

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