Le charbon n’est pas encore condamné

Voici comment profiter des faibles valorisations dans l’industrie du charbon et miser sur le potentiel de redressement.

Selon les chiffres de BP, le charbon représente environ 30% du mix énergétique global. C’est un peu moins que le pétrole brut (33%) mais plus, par exemple, que le gaz naturel (24%). Pourtant, la matière première a le vent de face dans plusieurs domaines. Un constat qui s’applique d’ailleurs tant au “charbon énergétique” (utilisé pour produire de l’électricité) qu’au charbon métallurgique, qui sert à produire de l’acier.

Le cours du charbon énergétique a déjà reculé de 27% cette année, et n’avait plus été aussi bas depuis 2009. Plusieurs accords climatiques ont été conclus récemment afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre nocives. Bien entendu, le charbon y est l’usual suspect, car cette source d’énergie est beaucoup moins propre que le gaz naturel, et n’a aucune chance face à l’énergie renouvelable. On aurait pourtant tort de le condamner, car le charbon reste une matière première bon marché, fiable et très abondante. C’est pourquoi on trouve aussi des pays qui ne se plient pas aux diktats climatiques surtout imposés par l’Occident. C’est en Inde qu’est attendue la plus forte augmentation de la consommation de charbon : le ministre indien de l’énergie a fait savoir qu’elle augmenterait de 565 millions de tonnes cette année, à 1 milliard de tonnes en 2019 sur le sous-continent.

S’il est retombé à son plus bas niveau en plus de sept ans, le prix du charbon métallurgique est resté assez stable durant la majeure partie de l’année 2014. Cette baisse est imputable au ralentissement de la croissance de l’industrie sidérurgique, qui entraîne surtout un recul des importations chinoises. La Chine prend à son compte 60% de la consommation mondiale de charbon métallurgique. Simultanément, l’offre n’évolue pas suffisamment vite pour rétablir l’équilibre sur le marché. De nombreuses réductions de capacité ont été annoncées et mises en oeuvre en Amérique du Nord, mais l’Australie, premier exportateur mondial, traîne la patte. Seule une reprise économique mondiale pourrait rétablir la demande. Un scénario qui n’est d’ailleurs pas exclu, car le G20 a décidé le week-end dernier de mettre en oeuvre des travaux d’infrastructure supplémentaires pour relancer la croissance. Le fait que le cours du charbon ne baisse plus depuis plusieurs mois peut également être considéré comme un signal positif.

Les investisseurs qui veulent profiter des faibles valorisations dans l’industrie du charbon et miser sur le potentiel de redressement peuvent acheter des actions de producteurs individuels, comme Peabody (note 1B dans notre check-list) ou Consol Energy. Une autre possibilité consiste à investir dans le secteur par le biais d’un ETF ou d’un tracker. Jusqu’à l’an dernier, les investisseurs avaient le choix entre les produits de deux émetteurs. Mais Invesco a décidé de liquider le PowerShares Global Coal Portfolio (PKOL) en mars de l’an dernier, arguant d’un manque d’intérêt des investisseurs. Le Market Vectors Coal ETF émis par Van Eck Global est le seul grand tracker sur le charbon disponible sur le marché.

Market Vectors Coal ETF

Ticker : KOL

Bourse: NYSE Arca

Première cotation: janvier 2008

Rendement depuis la création: -14%

Volume journalier moyen: 155 000

Actif en gestion: 152 millions USD

Frais annuels de gestion: 0,59%

Le tracker de la famille Market Vectors est assez ancien, puisqu’il fêtera bientôt ses sept années de cotation sur le NYSE Arca. Commercialisé sous le ticker KOL, il réplique la prestation du Market Vectors Global Coal Index. Cet indice est composé d’actions de 33 entreprises sélectionnées sur la base de plusieurs critères de taille et de liquidités. Bien entendu, la principale activité doit également être liée au charbon. La composition de l’indice est revue chaque trimestre. La diversification de KOL est relativement équilibrée puisque les cinq plus grandes participations affichent une part totale de 39% dans l’indice. La part du top 15 atteint 78%. Les cinq plus grandes participations sont énumérées ci-dessous. Du point de vue géographique, les Etats-Unis (39%) arrivent en tête, suivis par la Chine (23%), l’Australie (11%) et l’Indonésie (7,5%). La performance de KOL est conforme à celle du cours l’argent et n’est par conséquent pas brillante. Le tracker a déjà perdu 14% cette année et a atteint le mois dernier son plus bas niveau depuis mars 2009. Le rapport cours/valeur comptable moyen des actions de l’indice s’élève à 1,1, pour le rendement de dividende moyen de 2,7%. Les frais de gestion annuels se montent à 0,59%, ce qui se situe dans le prolongement des autres produits du même émetteur.

Cinq premières participations (le 18 novembre):

Aurizon Holdings (8,64%)

China Shenhua Energy(8,05%)

Consol Energy (7,6%)

Joy Global (7,13%)

PT United (5,6%)

Le groupe australien Aurizon Holdings exploite le plus grand réseau de voies ferrées du pays et est spécialisé dans le transport de marchandises en vrac : chaque jour, plus de 700.000 tonnes de charbon, de minerai de fer et de minéraux transitent sur le réseau de Aurizon. China Shenhua Energy fait partie du groupe China Shenhua et est le premier producteur mondial de charbon. Consol Energy est une entreprise énergétique américaine qui, outre le charbon, est également active dans le gaz naturel. Joy Global a également son siège aux Etats-Unis. Il s’agit d’un sous-traitant spécialisé de l’industrie minière et plus spécifiquement du secteur américain de charbon. L’entreprise indonésienne PT United, enfin, est un des plus grands fournisseurs de matériel roulant pour l’industrie minière.

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