La grande transformation

La banque d’affaires américaine Goldman Sachs a récemment publié une étude intéressante consacrée aux importants changements structurels de l’économie mondiale. La principale évolution – et de loin, selon les économistes de la banque d’affaires – concerne la place de plus en plus importante des pays émergents sur l’échiquier économique mondial.

Un constat que nous ne pouvons qu’approuver. La plus grande surprise (positive) réside dans la vitesse impressionnante à laquelle ce glissement s’est opéré, que personne n’aurait pu imaginer.

La ” Grande Transformation “, comme la nomme Goldman Sachs, s’est du reste poursuivie de manière spectaculaire. Il y a vingt ans, les pays émergents contribuaient à seulement 35% à la croissance de l’économie mondiale. En l’espace de deux décennies à peine, cette proportion a doublé, à 70%. Cette ” prise de pouvoir ” a donc déjà eu lieu. Même si le chemin à parcourir est encore long. Les auteurs précisent d’ailleurs que la plus grande partie de ce chemin, qui sera accompli au cours de la prochaine décennie, voire des prochaines décennies, sera celle dont l’incidence sera la plus grande, et concernera en l’occurrence les schémas de consommation et d’investissements. Et voilà qui nous ramène précisément au thème de la consommation de la classe moyenne en plein essor. Goldman Sachs indique que cet essor n’en est actuellement qu’à un stade précoce.

Le récit macroéconomique se concentrait sur les matières premières (métaux de base, énergie, etc.). Là, la croissance la plus sensible de la demande est déjà derrière nous (surtout la période 2000-2010).Au niveau microéconomique, c’est l’ère de la consommation et plus spécifiquement des biens de consommation durables qui vient de s’ouvrir. Au cours de la décennie actuelle, il s’agit particulièrement des biens ” bon marché ” et dans le courant de la décennie suivante, un glissement aura lieu vers les biens plus coûteux. Concrètement, voici deux exemples de biens de consommation durables : les machines à laver et les voitures de luxe. Goldman Sachs a étudié notamment la pénétration des machines à lessiver dans 43 pays. Dans le monde industriel, cette pénétration est pour ainsi dire complète : elle se situe entre 85 et 100%. Dans les pays émergents, l’image est plus mitigée : seulement 17% au Vietnam et 67% en Argentine. Les machines à laver atteignent leur croissance maximale avec plus de 10.000 USD de revenus annuels moyens par habitant, ce qui est notamment le cas de nombreux pays sud-américains, dont le Brésil. Pour les voitures familiales (pas de luxe, donc), le pic de la croissance de la demande se situe à un revenu moyen supérieur à 25.000 USD. Dans des pays comme le Qatar et le Koweit, nous en sommes à une pénétration de 900 par million d’habitants, contre seulement un par million en Inde.

Quid du secteur des services, demanderez-vous ? Celui-ci connaît naturellement un essor considérable, mais à plus long terme. Là, la courbe est progressivement haussière, mais l’évolution devrait s’étaler sur plusieurs décennies. A cette catégorie appartiennent notamment les produits financiers comme les cartes de crédit, les emprunts hypothécaires, les assurances et le tourisme.

Cette étude de Goldman Sachsest un argument de plus en faveur du déploiement de la thématique de long terme de la consommation de la classe moyenne en plein essor, celle-ci étant appelée à devenir un thème central de notre portefeuille au cours des mois et années à venir.

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