Gaz naturel : rebond excessif ?

Les raisons sont nombreuses d’estimer que les marchés se sont quelque peu emballés ces dernières semaines au sujet du gaz naturel. Rappelons qu’à terme, le gaz naturel ne devra plus uniquement se mesurer au charbon bon marché, mais aussi à des sources d’énergies alternatives en plein essor.

Dans le sillage du pétrole brut, le gaz naturel a nettement enchéri ces dernières semaines. Au début de la semaine, le prix du contrat à terme venant à échéance en août a franchi la barre des 2,75USD pour la première fois depuis septembre de l’an dernier sur la Bourse américaine de l’énergie NYMEX. C’est plus de 70% au-dessus du plancher de début mars. À l’époque, le cours du gaz naturel était retombé à son plus-bas depuis 1999, sous l’effet de la surproduction, de réserves élevées et d’un hiver particulièrement doux qui a pesé sur la demande. On s’était même approché des limites de la capacité de stockage disponible. Les réserves atteignaient un niveau record à la fin de l’hiver, et le sentiment du marché vis-à-vis du gaz naturel était largement négatif.

Combinaison de facteurs

Cette forte hausse s’explique par une combinaison de plusieurs facteurs. D’une part, le gaz naturel a pu profiter de la progression encore plus marquée du cours du pétrole, qui a gagné 80%. En outre, le gaz naturel a également gagné des parts de marché comme carburant de centrales électriques aux dépens du pétrole brut. Récemment, la demande de gaz naturel a à nouveau augmenté sous l’effet de la hausse de température, qui entraîne une augmentation de la consommation de l’électricité. Au contraire de l’Europe de l’Ouest, une grande partie de l’Amérique du Nord a en effet pu profiter de températures agréables ces dernières semaines. Une autre raison de la récente hausse des prix est le début de la saison des ouragans dans le golfe du Mexique. C’est là qu’est concentrée une grande partie de la production nord-américaine de gaz naturel, et en cas d’ouragan, les plateformes de forage offshore doivent être arrêtées. Au début du mois, le nombre de plateformes opérationnelles qui produisent du gaz naturel est retombé à son plus bas niveau depuis 1987. Cela doit à terme apporter un meilleur équilibre entre l’offre et la demande. En raison de la forte demande et la stagnation de l’offre, l’augmentation nette des réserves s’établissait la plupart du temps sous la moyenne à long terme ces dernières semaines. Cela ne signifie pas pour autant que l’on risque une pénurie à court terme, au contraire. Selon le dernier Natural Gas Storage Report de l’Energy Information Administration américaine, les réserves de gaz naturel _ 3041milliards de pieds cubes _ sont supérieures de 26,3% à leur niveau d’il y a un an. Par rapport à la moyenne sur cinq ans, l’excédent atteint même 30,1%.

Doutes concernant l’avenir

Il y a cependant encore plus de raisons d’estimer que les marchés se sont quelque peu emballés ces dernières semaines. En témoigne notamment le Medium Term Gas Market Report publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En effet, la situation n’est pas aussi favorable pour ce qui concerne le futur rôle du gaz naturel dans le mix énergétique global. La baisse temporaire de la production de gaz de schiste sera largement compensée par l’augmentation de l’offre de gaz naturel liquide (GNL). L’AIE voit la part de marché du gaz naturel dans la production globale d’électricité se contracter à partir de 2022. En effet, le gaz naturel ne devra plus uniquement se mesurer au charbon bon marché, mais aussi à des sources d’énergie alternatives en plein essor, comme le soleil et le vent. Notamment grâce aux aides publiques généreuses, celles-ci sont de plus en plus compétitives par rapport aux carburants fossiles comme le pétrole et le gaz. On s’attend également à ce que l’énergie nucléaire récupère tôt ou tard la place qui lui revient dans le mix énergétique. L’AIE voit la demande globale de gaz naturel n’augmenter que de 1,5% par an entre 2015 et 2021. L’an dernier, on lui promettait encore une croissance supérieure à 2%.

Offre réduite

L’assortiment de produits à effet de levier sur le gaz naturel est nettement plus réduit que celui des produits sur le pétrole brut. Pourtant, plusieurs fournisseurs proposent également des turbos ou des produits apparentés ayant le gaz naturel comme valeur sous-jacente. ING possède la palette la plus étendue, avec cinq Sprinters Short sur le gaz naturel. Suivent BNP Paribas Fortis et Commerzbank avec respectivement 2 et 1 turbo. Ces deux dernières institutions affichent aussi un spread plus faible, avec à peine 1centime d’euro contre 3centimes pour ING. Les produits à effet de levier ayant le gaz naturel comme valeur sous-jacente ne sont pas soumis à la taxe sur la spéculation.

Natural Gas Future Turbo short (risque réduit)

Code ISIN : NL0011533542

Devise : EUR

Niveau de financement : 4,034

Cours de référence : 2,75

Barrière désactivante : 3,55

Levier : 2,14

Cours : 2,27/2,28

Ce turbo short émis par BNP Paribas Fortis est coté sur Euronext. La barrière désactivante se trouve près de 30% au-dessus du cours actuel du gaz naturel. La valeur sous-jacente est le contrat à terme pour livraison en août.

Natural Gas Future turbo short (risque moyen)

Code ISIN : NL0011532403

Devise : EUR

Niveau de financement : 3,47

Cours de référence : 2,75

Barrière désactivante : 3,05

Levier : 3,82

Cours : 1,27/1,28

Dans le cas de ce turbo short du même émetteur et doté de la même valeur sous-jacente, l’écart entre le prix du gaz naturel et la barrière désactivante retombe à 11%. Le risque plus élevé est compensé par un levier plus important.

Trackers inverses

Signalons encore qu’il existe également deux trackers inverses sur le gaz naturel. Comme tous les produits de ce type, ils cherchent à obtenir le rendement inverse de la valeur sous-jacente sur une base journalière. Lorsqu’une telle stratégie est combinée à un levier, ce qui est le cas ici, l’erreur de déviation peut être importante. Il s’agit du VelocityShares 3x Inverse Natural Gas ETN (ticker : DGAZ) de l’émetteur Crédit Suisse, avec un levier de 3, et de l’UltraShort Bloomberg Natural Gas ETF (ticker : KOLD) de l’émetteur ProShares, avec un levier de 2.

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