Des actions en pleine santé

On attend de Donald Trump d’importantes mesures de relance fiscales, notamment dans le secteur pharma. Malgré la surperformance moyenne de 1,8% des actions du secteur santé par rapport au S&P500 durant les premiers jours qui ont suivi les élections, nous anticipons un potentiel de gain supplémentaire pour les mois et années à venir.

L’élection surprise de Donald Trump à la présidence des États-Unis a provoqué un rebond des actions du secteur de la santé. Le secteur était sous pression depuis l’été 2015, où Hillary Clinton a affirmé, par quelques tweets bien sentis, sa volonté d’intervenir dans la tarification parfois excessive des médicaments. Plusieurs cas de tarifications extrêmes en peu de temps l’avaient manifestement révoltée. La candidate démocrate avait en outre préparé un arsenal de mesures peu favorables au secteur. Elle entendait accroître la concurrence entre les médicaments, autoriser la compagnie d’assurance santé publique Medicare à négocier elle-même des remises sur les médicaments (au lieu d’un pourcentage fixe de 23%) et supprimer la déductibilité fiscale des frais publicitaires pour les médicaments.

Sous-performance

Le fait que Clinton ait longtemps dominé les sondages explique en partie la nette sous-performance du secteur de la santé au sein de l’indice Standard& Poor’s500 (S&P500, indice des 500 plus importantes entreprises américaines cotées en Bourse). Jusqu’à la veille des élections, le secteur affichait un rendement négatif de 5,6% depuis le début de l’année, par rapport à un rendement positif de 4,3% pour le S&P500. Trump ne s’est guère immiscé dans le débat sur les prix des médicaments et, bien qu’il soit favorable à une libéralisation de l’accès aux médicaments, on estime de manière générale que son élection va reléguer l’ensemble du débat à la marge. Il s’est en revanche déclaré opposé à l’Affordable Care Act. Mieux connu sous le nom d’Obamacare, ce système d’assurance santé introduit par le président Obama a permis à 20millions d’Américains non assurés de souscrire une couverture maladie. Son abolition totale n’est pas à l’ordre du jour, mais on peut s’attendre à plusieurs amendements qui pourraient être préjudiciables à des assureurs santé comme UnitedHealth Group, Anthem ou Aetna. Les intentions finalement assez vagues de Trump en matière de soins de santé sont en contraste total avec les plans concrets de Clinton. La victoire du premier offre par conséquent des opportunités de redressement au secteur.

Incitants fiscaux

On attend en effet de Trump d’importantes mesures de relance fiscales. Rien que pour les entreprises pharmaceutiques, celles-ci sont estimées à plus de 100milliards de dollars (USD). La mise en oeuvre de ces mesures pourrait donner une nouvelle impulsion aux acquisitions dans le secteur et à la recherche- développement aux États-Unis. Malgré la surperformance moyenne de 1,8% des actions du secteur santé par rapport au S&P500 durant les premiers jours qui ont suivi les élections, nous entrevoyons un potentiel de gain supplémentaire pour les mois et années à venir.

Une manière de miser sur ce potentiel de manière diversifiée consiste à investir dans le Health Care Select Sector SPDR Fund. Ce tracker (ETF) coté depuis 1998 sur le New York Stock Exchange (NYSE, ticker: XLV) investit dans les plus grandes entreprises pharma américaines. Le capital investi s’élève à 13,6milliards USD, les frais annuels se montent à 0,15%. Même après le mouvement de rattrapage de 1,9% consécutif aux résultats des élections, l’ETF affiche toujours une sous-performance de 8% par rapport au S&P500 depuis le début de l’année. Par rapport au sommet atteint le 1eraoût 2015, le différentiel de rendement s’établit à 5,7%. Sur ces cinq dernières années, le tracker affiche un rendement de 118,8%, soit 47,5% de mieux que le S&P500.

Opportunité pour les biotechs

Un segment qui s’est avéré particulièrement sensible aux critiques de Clinton concernant les tarifs trop élevés est celui des biotechnologies. Ce n’est pas un hasard, naturellement, puisque les médicaments innovants du secteur se distinguent souvent par des prix plus élevés. À cela s’ajoute le fait qu’un grand nombre de ces entreprises sont spécialisées dans les maladies rares, dont les traitements sont accordés à des tarifs très élevés. Le secteur s’est ainsi retrouvé sanctionné en Bourse. Le plus grand tracker dans ce segment est émis par Blackrock: l’iShares Nasdaq Biotechnology ETF(Nasdaq, ticker: IBB). Le capital investi s’élève au total à 8,7milliards USD, pour des frais annuels de 0,48%. IBB affiche sur ces cinq dernières années un rendement impressionnant de 203,1%, de 84,3% supérieur à XLV. Mais par rapport au pic de 398USD atteint le 20juillet 2015 et malgré un rebond de 10% depuis les élections présidentielles, IBB accuse une baisse de 27,4% (à 288USD). Une récente étude de Morgan Stanley révèle que cette correction a ramené pour la première fois le secteur des biotechs à un rapport cours/bénéfice attendu (19) comparable à celui des entreprises pharmaceutiques américaines et européennes traditionnelles, et même à un rapport cours/cash-flows opérationnels inférieur.

Opportunités en Europe

De nombreuses entreprises pharma européennes affichent une exposition significative aux États-Unis et sont dès lors sensibles à toute réforme de la législation américaine en matière de santé. L’ambitieuse entreprise irlandaise Shire réalise plus de 70% de son chiffre d’affaires aux États-Unis. Parmi les autres grands groupes européens qui y réalisent plus de 35% de leur chiffre d’affaires et ont vu leurs performances se détériorer récemment, citons le groupe français Sanofi (1B), le groupe britannico-suédois AstraZeneca et le groupe suisse Novartis (2A).

Plus près de chez nous encore, il y a UCB. L’entreprise biopharmaceutique belge a réalisé 44% de son chiffre d’affaires aux États-Unis l’an dernier. L’action a atteint un pic historique de 86,05euros en mars 2015 et a perdu 25% depuis. Nous estimons que la valorisation actuelle, à 17,8fois le bénéfice attendu en 2017, est suffisamment attrayante pour relever le conseil à “digne d’achat” (1B).

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